Aujourd'hui, dans ce monde chambardé, le citoyen a peur de demain. Il se demande de quoi sera fait demain. Certains disent que rien n'y va plus qu'on est foutu qu'il est fort possible que nous ne percevrons pas nos salaires le mois prochain. Alors que le ministre des Finances nous rassure en disant, sur une chaîne télévisée, que nous aurons nos salaires jusqu'à fin juin au moins. Le Tunisien est égoïste, il ne pense qu'à lui, à sa femme et à ses enfants, l'autre, les autres, ses concitoyens ils s'en fout. Il achet six paquets de lait même douze alors qu'un seul paquet lui suffit largement. « Des citoyens calculateurs et soupçonneux ont retiré leur argent de la banque et l'ont gardé chez eux : Ils n'ont plus confiance ni en leur banque ni à l'Etat » m'a dit Tarak le boucher de notre quartier. Les gens sont devenus méfiants. Si tu marches derrière quelqu'un, il s'arrête, tu le dépasses il te dévisage en se disant : « qu'est-ce qu'il le me veut celui-là. Pire « les citoyens s'évitent pour ne pas se dire bonjour » m'a dit Amor le tailleur. Un sentiment d'insécurité règne sur la ville. Allons bon, ne dramatisons pas car il existe des gens optimistes, pas méfiants et qui ne cachent pas leur argent chez eux. A Bhar Lazrag, un citoyen est entrain de construire une grande mosquée à étages à ses frais. Un autre a fait construire une petite mosquée à côté de sa villa, son voisin a fait construire le minaret. Voilà qui donne de l'espoir, du tonus au cœur. Des associations tunisiennes ont fait des collectes : vêtements et nourritures. Ils sont allés les distribuer aux nécessiteux dans les régions marginalisées et oubliées. A la télé, suite à un appel lancé par une animatrice pour venir en aide à une mère handicapée pauvre, les gens se sont mobilisés pour la secourir. La pauvre dame a reçu une chaise roulante, des vêtements, des couvertures. On lui a même loué un appartement. C'est la générosité, l'amour de l'autre. C'est formidable. Dans ce monde, il existe des hommes et des femmes qui ont voué leur vie pour aider les autres. Leur motivation : Probablement leur foi profonde en Dieu miséricordieux. Mère Térésa, l'albanaise a consacré toute sa vie aux lépreux de Calcutta en Inde. Les lépreux sont des malades qui perdent leurs doigts, leurs orteils, le nez, les oreilles, leurs yeux se crèvent. La lèpre est une maladie terrible et incurable mais pas contagieuse. Leurs familles, ne pouvant plus supporter de voir leur visage, ils les abandonnent dans la rue. Alors mère Térésa et ses infirmières arrivent et transportent ces malades au mouroir (genre d'hôpital pour mourants). Là, la religieuse les soigne, les nourrit jusqu'à ce qu'ils meurent dans la dignité. Elle reçut le prix Nobel de la paix pour le bien qu'elle a fait à l'humanité. L'abbé Pierre, ce religieux français lança un appel radiophonique dans les années quarante, par une nuit glaciale d'un rude hiver, pour demander à ses concitoyens de venir en aide aux sans abris de Paris. Il voua toute sa vie pour loger nourrir et créer du travail pour ses clochards ces S.D.F. Ainsi, il a sauvé des milliers de miséreux da la précarité, la mendicité et l'errance. Sœur Emmanuelle, cette jeune institutrice française qui enseigna même à Tunis dans les années cinquante, a donné sa vie, sa jeunesse, tout son amour aux chiffonniers cairotes de « Izbette Ennakl » Elle y resta une cinquantaine d'années. Et grâce aux dons qu'elle a collectés des bienfaiteurs dans le monde, elle a fait construire des maisons, des écoles et des ateliers de couture. Grâce à sa dévotion, sœur Emmanuelle à pu sauver de la misère et de la délinquance des milliers de jeunes ramasseuses de chiffons dans les dépotoirs nauséabonds du Caire. Le bénévolat, voilà le mot magique. Quand l'instit donne des cours particuliers, gratuitement aux élèves défavorisés, en difficulté d'apprentissage de son quartier, quand la couturière confectionne un tablier gratis pour le fils de sa voisine pauvre, quand le médecin soigne, sans contre partie, un vieux malade sans retraite et lui donne même quelques médicaments là nous pouvons espérer, dire que nous sommes des citoyens, croyants, bons et civiques. Comment peut-on être heureux quand son voisin a faim, a froid. Bien sûr qu'on ne peut pas supprimer totalement la pauvreté sur terre mais on peut contribuer à sauver quelques uns de la misère c'est toujours ça de gagné. Aimer, aider, donner, partager sont les plus beaux verbes de la langue française. Ce sont les plus belles actions qu'un être humain puisse faire à autrui. Oui – mais que faire quand on n'a rien à donner, rien à partager eh bien on peut aider son prochain en lui disant un mot gentil, une phrase pour lui donner de l'espoir.