L'affaire Soufiane Chourabi et Nadhir Guetari remet à l'ordre du jour les problèmes multiples que les journalistes affrontent dans l'exercice de leur métier. En effet, la presse demeure une profession à haut risque, elle coûte parfois l'honneur et la dignité des journalistes. Ceux-ci purgent des peines de prison, payent des amendes, subissent des harcèlements de tous genres rien que pour avoir écrit un article, une phrase ou même un mot. Cette semaine fut fatale pour une douzaine de rédacteurs et de caricaturistes français de Charlie Hebdo. Ils sont morts pour la liberté d'expression. Le sort de nos journalistes Chourabi et Guetari, retenus en otage sur le sol libyen est toujours inconnu. Un métier controversé ? Dans les guerres qui se déclenchent partout dans le globe, des centaines de journalistes perdent la vie en couvrant ces conflits. Les prises d'otages visent de plus en plus ces hommes de la plume qui dérangent. Sans compter, que les politiques du monde entier ne rechignent pas à désigner les journalistes comme bouc émissaire pour justifier leurs échecs et leurs mauvais choix. Dans les pays sous-développés comme dans les pays développés, le journaliste est la première cible de toutes les attaques légitimes ou injustifiées. Du régime de Bourguiba à celui de Ben Ali, la presse écrite et tout autre média furent muselés sinon réduits au silence et au chômage. Nombreux sont les exemples de journalistes tunisiens qui ont sacrifié leur liberté et leur vie familiale pour défendre leurs opinions. Sofiene Ben Farhat, menacé de mort à maintes reprises, Riadh Ben Fadhel a été victime d'une tentative de mort sous le régime de Ben Ali, Fahem Boukadous, condamné à 4 ans de prison ferme... tous ces journalistes tunisiens ont beaucoup souffert pour défendre leur rêve de liberté. On croyait que la révolution tunisienne allait libérer le journalisme de tous les jougs qui le paralysent. Il y eut certes, un souffle de relative liberté mais la Troïka n'a pas manqué de mener bataille sur bataille contre la parole libre des journalistes. Heureusement qu'il n'y a pas eu de morts pour ces derniers. Cependant, Chourabi et Guetari, sont peut-être de victimes du régime « troïkiste ». Cela fait des mois qu'ils sont capturés en Lybie sans que les responsables politiques ne prennent au sérieux leur cas. Et des milliers de victimes En Algérie, les journalistes algériens ou occidentaux courent souvent le risque de la mort. Ces chasseurs d'information sont visés par les groupes extrémistes et ont payé très cher leur professionnalisme et leur courage. Plus de cent journalistes algériens ont été assassinés depuis le 23 Mai 1993 en Algérie. Tahar Djaout, Rabeh Zenati, Youssef Sebti, Abdelkader Hirech et tant d'autres ont été victimes de la barbarie sanguinaire et de la violence aveugle des groupes islamistes. Toujours en Algérie, les journalistes occidentaux n'échappent nullement à ces attaques terroristes qui souillent l'image de l'Islam et des Musulmans. Bien au contraire, les assassinats des journalistes perpétrés par les groupes islamistes se multiplient. L'otage Hervé Gourdel a été sauvagement décapité par le groupe islamiste Jund-al Khilafa le 24 Septembre 2014. La vidéo de sa décapitation a circulé sur les réseaux sociaux et a fait scandale dans le monde entier. Ces groupes fondamentalistes, à travers cette vidéo, cherchent coûte que coûte à faire taire toutes les voix libres à travers le monde. Samir Kassir, journaliste et historien franco-libanais, est un exemple vivant de cette guerre menée par les extrémistes religieux contre les journalistes. Le 2 Juin 2005, le journaliste est au mort au volant de sa voiture suite à l'explosion d'une charge explosive installée sous son siège. Ce ne sont là que quelques exemples des drames et des sévices subis par les hommes de la plume. La liste est encore longue et comporte d'autres noms de martyrs disparus en exerçant leur métier et en défendant la liberté de la presse. Certes, les métiers de l'information sont les plus durs et les plus controversés. Ils sont parfois même fatals. Toutefois, ces attaques meurtrières, bien que tragiques et douloureuses, ne font que renforcer les passionnés de l'écriture et unissent davantage tous les journalistes dans le monde entier. C'est la raison pour laquelle, «je suis Charlie».