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«Aucun gouvernement n'est capable de tenir cinq ans dans un régime parlementaire»
Publié dans Le Temps le 10 - 02 - 2015

Abdelaziz Mezoughi, dirigeant au sein du mouvement Nidaa Tounes nous a reçus afin de répondre à nos questions quant à l'ambiance générale qui règne au sein du mouvement surtout après que des décisions de sanction ont été émises à l'encontre des membres du Nidaa qui n'ont pas respecté la décision du bloc parlementaire. Maître Mezoughi s'est aussi exprimé sur le congrès national du mouvement, prévu pour le mois de juin, et sur l'avenir de Nidaa Tounes.
Le Temps : Le gouvernement e Habib Essid a finalement réussi à obtenir la confiance des députés de l'Assemblée des Représentants du Peuple et va donc entamer sa mission, pensez-vous que cette équipe va pouvoir tenir pour les cinq années à venir ?
Abdelaziz Mezoughi : Je pense qu'aucun gouvernement n'est capable de tenir cinq ans dans un régime parlementaire. La moyenne générale est de trois ans. La question qui se pose est celle de savoir si la majorité arithmétique confortable va être politiquement tenable pour permettre au gouvernement de réussir à réformer le pays et gérer les affaires courantes et à se pencher sur les dossiers les plus urgents. Les émeutes de Dhibet ont déjà commencé à lézarder l'édifice qui vient juste de se construire puisque Ennahdha vient de prendre fait et cause pour les insurgés contre le gouvernement auquel elle vient juste d'accorder l'investiture. Ce double jeu risque d'être le pain quotidien de la vie publique et paralysera ce gouvernement. C'est précisément cela le danger des alliances contre nature.
Ce gouvernement va t-il se lancer dans des réformes afin de répondre aux attentes des personnes qui ont voté pour Nidaa Tounes qui réclament, entre autres, des enquêtes sérieuses sur l'assassinat de Belaïd et de Brahmi, une solution rapide aux problèmes des mosquées, milices violentes et illégales...etc. Cela sans parler des réformes de structures : est-ce que cette majorité va pouvoir assumer les réformes impopulaires et pourtant nécessaires ? J'en doute fort. Au niveau politique, il y a un pari, et un pari fort risqué puisque Nidaa Tounes a choisi de ne pas tenir compte de l'avis de plusieurs de ses dirigeants qui refusaient la participation d'Ennahdha au pouvoir. Donc ce gouvernement n'a d'autre choix que de réussir, sinon, ce pari sera perdant. Il est utile de rappeler, aussi, que la majorité arithmétique ne signifie rien puisqu'il y a la rue, la société civile. On peut difficilement gouverner contre la volonté de la population.
-Vous convenez donc que la volonté des dirigeants de Nidaa Tounes n'a pas été respectée. De ce fait, pensez-vous que ce pari, comme vous le qualifiez, va contribuer à augmenter les tensions au sein du mouvement ?
Je pense que la réaction du bureau exécutif de Nidaa Tounes était très tardive. La réunion dudit bureau a eu lieu à un jour avant l'annonce de la seconde mouture du gouvernement Essid. En réalité, la vraie réunion et la réunion de la dernière chance qui a été ratée par les Nidaïstes était la dernière réunion présidée par Béji Caïd Essebsi. Ce jour-là, les présents ont accepté à ce que le comité exécutif ait un simple rôle consultatif. D'un autre côté, les personnes qui étaient contre la tenue du congrès avant les élections doivent assumer les conséquences de leur acte. On sait que c'était le président qui dirigeait le parti pendant toute cette période avec l'assentiment de tout le monde. BCE a réussi à rassembler des personnes que rien ne pouvait rassembler, il a permis de sauver des personnes qui étaient à la dérive (comme les Destouriens et les RCDistes), il a aussi sauvé la Gauche qui n'a pas réussi ailleurs (à l'exception du Front Populaire). De plus, il a réussi à gagner deux élections majeures, du coup, Caïd Essebsi avait une légitimité avec toutes ces réalisations qui lui permettaient de gérer le parti. Il a choisi, contre l'avis tardif du bureau exécutif, de faire participer Ennahdha au gouvernement. C'est une démarche manœuvrière qui n'est pas du tout claire. On a constitué un gouvernement bancal pour faire passer cette idée d'un gouvernement comprenant Ennahdha, il n'y a pas de position claire et étayée ; on aurait pu débattre de cela. Vous savez, dans les prises positions politiques, personne ne peut être sûr de sa vision à cent pour cent, moi je suis contre la participation par fidélité à nos électeurs, mais j'aurais pu accéder à une autre logique si celle-ci avait été débattue ce qui n'est pas le cas. BCE a fait le choix de faire participer Ennahdha au gouvernement contre l'avis du bureau exécutif et de la majorité des militants et c'est lui qui va en assumer les responsabilités politique et historique.
-Ce n'est pas Habib Essid qui est supposé avoir fait ce choix ?
Les instances du parti qui ont désigné le chef-du-gouvernement ont obéi à BCE, tout le monde le sait. Donc c'est lui qui a pris le risque de créer des problèmes au sein de son propre parti pour faire passer une stratégie qu'il estime nécessaire et maintenant on est dans une phase d'attente. Je pense qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous sommes appelés à une double vigilance : celle relative à la préparation du congrès et celle qui concerne l'action du gouvernement. Il faut faire en sorte que le parti sorte indemne et, si possible, plus renforcé de cette épreuve car c'est le seul moyen d'endiguer le danger islamiste qui n'a pas disparu. Il n'a d'autre issue que la constitution d'un parti démocratique et populaire regroupant toutes les forces vives du pays
-Vous pensez que c'est encore envisageable ?
Il y a deux possibilités. Soit le parti éclate et les gens le quittent, soit, le parti sort plus fort de cette épreuve.
-Pensez-vous que Nidaa Tounes survivra jusqu'à son congrès national ?
Oui, parce que, paradoxalement, ce qui s'est passé va obliger le parti, maintenant que la tutelle directe de son ex-président est terminée, à fonctionner d'une manière plus transparente et plus démocratique. Je crois qu'on s'achemine vers un renforcement du parti, à condition que tous ceux qui se sont opposés à la participation d'Ennahdha au pouvoir ne le quittent pas. Et jusqu'à présent, je n'ai entendu personne dire qu'il a l'intention de quitter Nidaa Tounes. La Tunisie a besoin d'un parti comme le nôtre dans le paysage. Si Ennahdha reste dans un créneau qui n'est pas hostile à la paix et la civilité de l'Etat, cela serait bien, mais, il faut rester vigilant et cette vigilance doit être organisée. C'est pour cela que le pays a besoin, plus que jamais, d'un Nidaa qui soit fidèle à sa vocation première, qui est la diversité et la cohérence. Il y a une dialectique qui veut suggérer que le temps des luttes idéologiques et forclos est fini, que la Constitution protège tous les acquis de la République, mais tout le monde sait que c'est une question de rapport de force. On sait qu'Ennahdha au pouvoir agit différemment selon qu'elle soit majoritaire ou minoritaire. Ennahdha est maintenant sous surveillance, elle doit faire ses preuves.
-2015 va connaître deux événements majeurs qui sont le congrès d'Ennahdha et celui du Nidaa, on dit qu'Ennahdha va l'emporter sur Nidaa et sortir de son congrès plus unie que Nidaa Tounes, y adhérez-vous ?
Tout d'abord, il faut dire qu'Ennahdha et Nidaa Tounes ne sont pas incomparables. Ennahdha fonctionne depuis sa création comme une société secrète, les prisons et les répressions n'ont fait que renforcer cette pratique alors que Nidaa est un parti ouvert. Cependant, je ne pense pas que l'avenir soit écrit d'avance. Nidaa Tounes peut s'en sortir. Jusqu'à présent, nous avons travaillé sur un mode personnel qui a donné les résultats remarquables et inespérés et qui laisse supposer que la victoire aurait pu être plus large avec un minimum d'organisation. La seule chance de Nidaa de changer la mise c'est de mettre en place un parti démocratique et populaire qui peut gérer le mécontentement de ses électeurs. Je suis optimiste, et j'espère que Nidaa Tounes va pouvoir s'en sortir plus fort.
-Il n'y a pas que les électeurs de Nidaa Tounes qui sont insatisfaits, ceux d'Ennahdha le sont aussi, quelle composante de l'échiquier politique est la plus gagnante de cette situation selon vous ?
Je pense qu'il y a une part de responsabilité dans la situation actuelle chez les dirigeants du Front Populaire qui ont refusé d'adhérer à la démarche qui consiste à créer une majorité forte qui puisse tenir tête à Ennahdha et préféré les raccourcis faciles du ni ni. Ils ont refusé de soutenir Caïd Essebsi ouvertement au second tour de la Présidentielle. Je crois qu'il y a dans cette démarche un pari risqué celui de devenir la seule vraie opposition. Ils estiment que Nidaa Tounes ne tiendra pas le coup et qu'il y aura une recomposition qui sera en leur faveur mais ce pari est à mon sens voué à l'échec et je suis convaincu que Nidaa peut reprendre la main. D'ailleurs, je suis contre toute sanction des membres qui n'ont pas respecté les décisions du bloc parlementaire parce que c'est cette diversité qui va nous sauver. La partie de Nidaa Tounes qui est fidèle à ses électeurs peut être le noyau qui va sauver le mouvement.
-Vos points-de-vue ont changé, est-ce que vous avez révisé vos positions ? Il y a à peine quelques semaines, vos déclarations étaient différentes, est-ce que vous penchez plus vers la modération ?
Si vous êtes contre l'entrée d'Ennahdha au gouvernement, il y a deux choses à faire ; soit vous quittez le parti, soit vous continuez à batailler de l'intérieur. Je considère que la participation d'Ennahdha au pouvoir est devenue un fait avéré. J'ai déicidé de rester au sein du parti et de continuer le chemin parce que je sais que tout danger de despotisme religieux n'est pas écarté et que seul un parti comme Nidaa peut constituer un rempart à ce danger. En 2011, il n'y avait pas Nidaa Tounes et Ennahdha avait imposé sa volonté et ses pratiques à un pays et une population désemparés. Aujourd'hui, pour lutter contre le projet islamiste et les pratiques d'exclusion, il faut un parti fort. Il faut que Nidaa Tounes tienne jusqu'à son congrès pour trouver des solutions. On est dans une configuration expérimentale. C'est normal qu'on ait des tensions dans nos rangs, on est un parti jeune qui a besoin de temps et de réflexion pour être mis sur de bons rails. La politique est rarement contraire aux vœux individuels mais il faut continuer le chemin et mener notre combat jusqu'à son terme.


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