Trois jours durant, du 20 au 22 février, une musique légère se posera sur la Fondation de la maison de Tunisie à Paris, le temps d'un festival résolument dédié à la musique jazz : les Maghreb Jazz Days . Coloré, gai, convivial, cet évènement sera celui de toutes les promesses. Une affiche de rêve pour les mélomanes, une invitation à la découverte pour les moins avertis, trois jours de fête et des heures de musique tous les soirs... D'abord, le guitariste algérien Anis Benhallak et son énergique jazz traditionnel, puis le groupe tunisien Mohamed Ali Kammoun. La dernière journée, celle de dimanche, sera placée sous le signe de l'ancienneté et de la modernité : avec une masterclass, une session d'apprentissage, d'un expert en la matière, Faouzi Chekili et son Malouf Funk. Puis, ce sera autour du groupe marocco-parisien, Bab El West, de clôturer ce week-end placé sous le signe de la découverte et du partage. Le pianiste, compositeur et arrangeur tunisien de musique arabe d'influences Jazz, Mohamed Ali Kammoun, donnera deux concerts, les 20 et 21 février. Il sera accompagné par Hichem Badrani au Nay et une invitée cubaine, Ana Carla Maza, (chant et violoncelle). Mohamed Ali Kammoun ne cesse de creuser les racines à la fois africaines et orientales de la culture musicale tunisienne, avec un œil nouveau, mâtiné de la culture d'improvisation et d'harmonisation du jazz occidental. Ana Carla Maza dont le père n'est autre que Carlos Maza est une violoncelliste, chanteuse et compositrice. Entretien avec le pianiste Mohamed-Ali Kammoun « Le jazz apporte une autre dimension culturelle à la musique arabe » Le Temps : On parle toujours d'un style spécifique pour votre musique, d'une nouvelle musique arabe improvisée, d'une relecture du patrimoine musical... Quels seraient vos mots pour qualifier votre travail ? M.A.K. : je partage votre idée. J'essaie de réconcilier la musique tunisienne avec les musiques classiques du Maghreb au répertoire sûfî, en passant par les musiques du folklore rural tout en assumant une importante richesse provenant d'influences étrangères aussi bien d'Orient que d'Occident : la culture du tarab du Mashreq, le jazz, la musique turque, etc. *Vous avez collaboré avec de nombreux artistes dont plusieurs maîtres tunisiens et jazzmen étrangers de renom. Pourquoi cet engouement pour le jazz et la tradition tunisienne ? -J'ai un grand penchant pour les univers de musiques improvisées et beaucoup moins pour les musiques classiques proprement écrites. De même que l'art de l'improvisation apporte un nouveau souffle pour le jazz ; le jazz lui même apporte une autre dimension culturelle à la musique arabe : une approche profonde de l'harmonie liée à la musique classique européenne, de l'intelligence rythmique héritée de l'Afrique noire... Toutefois, actuellement, où je m'interroge de plus en plus sur le « son », je m'intéresse de plus en plus à la musique électro-acoustique. C'est là une autre piste esthétique pour se développer davantage. Et il reste pour le bonheur de tout compositeur et interprète de nos jours tant de musiques dans le globe pour se nourrir davantage l'imagination. *Qu'est- ce que vous écoutez en ce moment ? -Du jazz contemporain new-yorkais, du vieux chant bédouin tunisien (sans artifices de studio), et un peu de tout : de l'électro, de la musique contemporaine occidentale... *Parlez -nous un peu des programmes de vos prochains concerts à Paris. Qu'ont-ils de particulier ? - J'y fête cette année, une décennie de carrière comme leader de projets, aux côtés de mes premiers compagnons de scène : le contrebassiste Karim Gharbi et son frère le batteur Abdes Gharbi. Un talentueux jeune oudiste tunisien sera dans l'ensemble : Seif Bennia. La salle affiche complet et je saluerai à cette occasion notamment les efforts d'Akram Belaid, l'instigateur du Festival Maghreb Jazz, un jeune artiste tunisien qui ne cesse d'œuvrer pour le bien être culturel de la fondation. Concernant le concert de la veille à l'auditorium de la Cité Internationale des Arts, il s'agit d'un événement organisé par l'ATUGE – Club Culture et Média. Je serai au piano, accompagné de Hichem Badrani, le grand maître du nay (flûte arabe). Comme invitée , nous accueillerons une prodigieuse violoncelliste et chanteuse cubaine : Ana Carla Maza. Le programme que nous allons jouer, comporte des compositions d'Ana et moi, des standards du Moyen-Orient, dont la chanson de Fairouz « A'tini al nay ». Nous l'avons traduite en espagnol et arrangée à l'occasion dans un style lyrique et cubain pour piano et violoncelle. Propos recueillis par :