Au terme de quelques semaines d'une guerre livrée entre les deux clans du mouvement Nidaa Tounes, une réunion du comité constitutif qui s'est tenue dans la soirée du lundi 16 mars 2015, au bout de laquelle pourfendeurs et partisans ont abouti à une sortie de crise. Présidée par Mohamed Ennaceur, président par intérim du mouvement, la réunion du comité constitutif du Nidaa a traité du problème opposant le clan réformiste au clan ‘conservateur' du mouvement. Rappelons que le clan réformiste a manifesté une forte opposition à la composition actuelle du comité constitutif en estimant que toute décision qui émane de la part de ce dernier ne pouvait être que caduque. Les réformistes appelaient ledit comité à s'auto-dissoudre et avaient la ferme intention de procéder à de nouvelles élections internes et ce après avoir organisé une réunion du Conseil national du mouvement, une réunion jugée d'illégitime par le comité constitutif. La crise avait atteint son sommet quand le nom de l'homme d'affaires Chafik Jarraya, y a fait son apparition. Les accusations avaient alors surgit de toute part impliquant, entre autres et surtout, le fils de Béji Caïd Essebsi que quelques dirigeants, comme Lazhar Akremi, accusaient de vouloir faire main basse sur le mouvement et hériter son père à la tête du Nidaa. Cette crise a amené le chef de l'Etat à convoquer le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Boujemaâ Rmili, afin de discuter des solutions envisageables pour mettre fin aux divergences internes. Cette rencontre avait provoqué la colère de certains qui avaient estimé qu'elle était carrément anticonstitutionnelle. Hafedh Caïd Essebsi a créé la surprise en se présentant à la réunion du lundi d'autant qu'il avait boycotté, vendredi dernier, la conférence de presse tenue par le même comité. A l'issue de la rencontre, il a déclaré qu'un consensus a été trouvé et que la page des divergences au sein du Nidaa a été définitivement tournée. De son côté, le dirigeant du Nidaa et conseiller politique auprès du président de la République, Mohsen Marzouk, a déclaré qu'un accord a été trouvé mettant ainsi fin aux conflits des dirigeants du mouvement. Certaines mesures ont été prises afin de répondre aux demandes des différents courants de Nidaa Tounes. Ainsi, la formation du bureau politique a été élargie : au lieu de trente membres, ledit bureau sera composé de trente-quatre membres dont dix du bureau exécutif, dix du bloc parlementaire et la totalité des membres du comité constitutif. L'élection du bureau politique a été maintenue et avancée pour le 22 mars 2015. Cette nouvelle formation aura pour mission de préparer le congrès national du mouvement, d'en tracer la ligne politique générale et de superviser les travaux de ses structures locales et régionales. Les membres du mouvement désirant présenter leurs candidatures pourront le faire du mardi 17 au jeudi 19 mars au bureau d'ordre du mouvement. Cependant, cette réunion ne s'est pas déroulée sans incident puisque un cameraman et un journaliste ont été agressés physiquement et verbalement par les agents de sécurité de Nidaa Tounes qui ont tenté d'empêcher le cameraman de filmer une dispute entre les partisans des deux courants du mouvement. Une scène qui a tout-de-même été filmée et diffusée sur la toile. Un incident qui a été dénoncé par les deux organes médiatiques auxquels sont affilées les deux victimes et par quelques journalistes. L'une des raisons ayant amené Nidaa Tounes à sa situation actuelle est le report du congrès national pour l'après élections législatives et présidentielle. Béji Caïd Essebsi était la seule figure Nidaïste à pouvoir maintenir l'union du mouvement en n'importe quelle circonstance. Aujourd'hui, et malgré cette mission de sauvetage, l'ambiance interne du Nidaa demeure très fragile et le risque d'implosion est permanent. Si le mouvement réussi à survivre jusqu'à la date de son congrès national, il pourra alors estimer qu'il a réussi sa mission et entamer, de ce fait, la préparation des élections municipales qui sont d'une importance majeure pour l'avenir du pays.