Des mots et des sonorités, des images et des métaphores, des assonances et des réitérations, des rythmes saccadés, parfois lents, parfois accélérés... c'est sous le joug de la poésie que Le Palais Ennejma Ezzahra a choisi sa veillée du samedi 28 mars. Des poètes de contrées et de langues différentes, Maroc, Belgique, Tunisie, Malte, se sont unis à travers la langue des vers et des sonorités. Cette action culturelle grandiose était célébrée dans un cadre onirique Sidi Bou Saïd, un lieu réceptacle de l'art et de la poésie, un lieu, lui-même est poème. L'idée est au poète tunisien Moez Majed, et de l'association Tounes wel Kiteb, qui a sollicité la sensibilité artistique de l'homme de théâtre Hacen Moadhen pour réaliser la scénographie du récital poétique, à la quête d'une nouvelle approche de déclamation poétique. La musique aussi était présente à travers un duo de musiciens suisses Soraya et Fabio. La comédienne Hélène Catzaras avec sa sœur Mariane Catzaras ont interprété avec une grande délicatesse des extraits d'un texte de Marguerite Duras. Les poètes qui ont participé sont, Serge Noèl de Belgique, Salah Bousserif du Maroc, Norbert Bougeja de Malte, Moncef Ghachem, Houcine Kahwagi, Tayeb Chalbi, Amel Cherif, Faïza Messaoudi et Abdelfateh Ben Hamouda de Tunisie. Afin de nous situer dans le cadre général de cette manifestation poétique, nous avons rencontrés le poète Moez Majed qui nous a accordé cet entretien : *Présentez votre association Tounes wel kiteb -C'est une association qui a été fondée en 2012 par un ensemble d'écrivains, de journalistes et d'éditeurs tunisiens. Les principaux membres fondateurs sont Moez Majed, Azza Filali, Hichem Ben Ammar, Raouf Seddik, Elisabeth Daldoul, Kamel Ben Ouanes, moi-même et d'autres. Le but de cette association est de promouvoir le livre tunisien, de donner à l'écriture, à la littérature tunisiennes une voie d'accès au public outre que les voies classiques de la publication, du récital poétique habituel. On essaie de trouver un cadre et des moyens originaux pour faire parvenir la magie de la littérature en utilisant la musique, les arts scéniques, le théâtre. Cette manifestation a été initiée en 2013. On est à notre troisième édition. L'idée se base sur la sélection de textes à partir d'une thématique donnée et d'un cadre musical défini, et la présentation d'un spectacle intégrant théâtre, musique et poésie. *Vous en êtes à votre troisième édition. Quelle est la particularité de celle 2015 ? - Chaque édition est unique. La première était consacrée à la poésie et le jazz : un trio de jazz, des textes poétiques divers et une sorte d'improvisation générale. L'année dernière, on a choisi la thématique du désert, du word music avec un peu de bruitage qui reproduisent un peu les ambiances du désert, et des textes de poètes qui sont influencés par cet environnement, des poètes du Sénégal, des poètes du sud tunisien. le thème de cette année est la passion. *Sur quels critères sélectionnez-vous vos poètes? -En réalité, on ne sélectionne pas des poètes mais des poèmes, on ne choisit pas des personnes, mais des textes bien déterminés. Il ne s'agit pas de choisir un poète plus méritant qu'un autre, mais on choisit des textes dans un souci de cohérence générale. *Avez-vous l'intention de créer une expansion vers les régions? - Justement, c'est l'idée qu'on a aujourd'hui. Nous sommes une petite association, nous n'avons pas beaucoup de moyens, d'ailleurs nous n'avons aucune subvention du ministère de la Culture. On fonctionne sur la participation financière des membres de l'association et du soutien des ambassades étrangères et d'institutions amies, par exemple la municipalité de Sidi Bou Saïd nous aide beaucoup, le Palais d'Ennejma Ezzahra aussi en mettant à notre disposition les locaux, le matériel technique... Notre principal bailleur de fonds est l'Institut de coopération français, ensuite cette année, il y a l'ambassade suisse qui nous a offert la participation des musiciens et la délégation de Bruxelles qui a financé le poète belge. Notre ambition aujourd'hui, est d'étendre cette manifestation pour qu'elle devienne un festival de poésie annuel à Sidi Bousaïd. Pour cela, il faut vraiment trouver des fonds et des soutiens institutionnels plus réguliers et plus importants. *L'institut de coopération français situe cette manifestation dans le cadre du mois de la francophonie - Exactement. Même si la poésie est de différentes langues mais c'est autour du bassin méditerranéen. le concept de la francophonie admettrait très bien les langues partenaires, du coup il y a des poètes francophones, des poètes arabophones, des poètes maltais... ce n'est pas exclusivement francophone dans le sens linguistique, mais plutôt dans l'esprit de l'échange.