Il faut reconnaitre que la victime et le meurtrier ne sont pas des saints chacune des deux parties a des choses à se reprocher. Leurs casiers judiciaires témoignent sur le nombre d'incarcérations qu'ils ont purgées. Toutefois ils étaient liés par le même raisonnement à savoir le banditisme et le chemin sinueux de la délinquance. Mais entre les deux il n'y avait aucun abus de confiance ou arnaque. La victime voulait vendre un téléphone portable de moyenne qualité à un prix raisonnable soit 100 Dinars. Pour l'inculpé cette vente est venue à point car il avait un grand besoin d'un téléphone portable de bonne qualité. Il a payé à son ami la somme et a pris possession du portable. Deux jours plus tard et après avoir inséré une nouvelle il a remarqué que l'appareil était hors d'usage. Il a essayé de le mettre en marche sans résultat. Il s'est dirigé vers un réparateur, ce dernier lui a indiqué qu'il s'agit d'un problème épineux et que sa réparation nécessite beaucoup d'argent. L'inculpé est retourné voir son ami pour lui expliquer le cas et lui a demandé de le rembourser, mais le vendeur a refusé net et lui a fait savoir qu'il n'est pas prêt à lui rendre son argent. Une grande altercation a eu lieu et les deux amis en sont venus aux mains. Une grande bagarre maîtrisée après de gros efforts par des habitants du quartier. Toutefois l'inculpé a été fortement tabassé par son qui avait bénéficié de l'aide de deux de ses connaissances issues du même milieu. Cette humiliation subie devant les gens a créé dans son esprit l'idée de vengeance. Il a attendu deux jours puis s'est armé d'un couteau grand calibre et s'est dirigé vers le domicile de son ami. Il avait la ferme décision de reprendre son argent. Arrivé chez la victime, il lui a demandé de raisonner et de lui rendre son argent car le téléphone portable était abîmé depuis la vente et qu'il n'était jamais parvenu à l'utiliser. Une nouvelle bagarre a éclaté. L'inculpé a profité d'un moment d'inattention de son interlocuteur pour lui asséner un coup de couteau au niveau de la poitrine. Le jeune homme a chuté à terre couvert de sang. La forte hémorragie laissait envisager une mort certaine. Toutefois les habitants plein d'espoir ont vite fait d'acheminer le blessé à l'hôpital. Ce dernier a été reçu au pavillon des soins intensifs. Une opération chirurgicale était nécessaire pour le sauver, mais malgré tous les efforts du staff médical le blessé a fini par succomber à sa forte blessure. La pointe du couteau a perforé les poumons pour atteindre le cœur. Les autorités judiciaires ont été informées par la Direction de l'hôpital. Une équipe judiciaire ayant à sa tête le juge d'instruction s'est déplacée à l'hôpital. Après le constat d'usage sur le cadavre, le juge d'instruction a autorisé le transfert du cadavre à la morgue pour l'autopsie puis a chargé les inspecteurs de la direction régionale des affaires criminelles de mener l'enquête et d'arrêter le tueur. Plusieurs témoins présents ont donné leur version des faits et ont donné le nom de l'agresseur qui était connu de tous les habitants du quartier. Très vite il a été arrêté et mis à la disposition des enquêteurs. Il a commencé par nier les faits puis, confronté avec les déclarations des témoins, il est revenu à de meilleurs sentiments et a avoué avoir agressé son ami puis a déclaré qu'il n'avait jamais eu l'intention de tuer mais de se venger de celui qui l'a dupé. Il a donné les raisons qui l'ont poussé à agir de la sorte. En assénant le coup il était sous l'emprise de la colère et n'avait pas choisi l'endroit de la blessure. Le coup est parti tout seul. Il a été traduit devant une chambre criminelle du tribunal de première instance de Nabeul. Devant le juge il a réitéré ses déclarations données lors de l'instruction et a demandé au juge de lui infliger le minimum de peine. Son avocat a épousé cette thèse et a expliqué que son client n'avait jamais eu l'intention de Tuer même quand il avait senti qu'il a été dupé par le défunt qui lui a vendu un téléphone hors d'usage. Il a tenté à plusieurs reprises de régler ce problème à l'amiable et de se faire rembourser. Le résultat est qu'il ait été battu par un trio sans pitié qui l'ont humilié devant tous les habitants du quartier. Le jour des faits il a essayé une dernière fois de se faire rembourser à l'amiable, mais l'entêtement de la victime a fait en sorte d'envenimer la situation. L'avocat a expliqué que sous l'effet de la colère son client a tiré son couteau et a frappé n'importe où. Il n'avait pas visé le cœur mais le coup est parti. C'est la force du destin. L'avocat a prié le juge de modifier l'acte d'accusation de meurtre prémédité en agression grave ayant causé la mort sans vouloir la donner. Cela n'était pas l'avis des juges qui, après les délibérations, ont reconnu l'accusé coupable de meurtre avec préméditation. Ils l'ont condamné à une peine de prison à perpétuité. L'accusé a fait opposition. Il sera traduit au début du mois de Mai devant une chambre criminelle de la cour d'appel de Nabeul. Il essayera avec l'aide de son avocat d'alléger la peine.