Le nombre de Tunisiens ayant rejoint des groupes terroristes en Syrie et en Irak, connus sous l'appellation organisation de l'Etat islamique «Daech» se situe entre 2800 et 3000, a indiqué le Secrétaire d'Etat aux Affaires sécuritaires, Rafik Chelli. «Quelque centaines de Tunisiens se trouvent actuellement en Libye soit pour s'entraîner soit pour rejoindre des groupes terroristes dans l'Est et l'ouest du pays », a-t-il ajouté au cours d'un workshop sur le programme «Frontières pour tous», organisé hier par le ministère de l'Intérieur avec le concours de la Fondation Foreign and commonwealth. Rafik Chelli a indiqué que son département est parvenu à empêcher 12 mille Tunisiens de rallier la Syrie via la Turquie, ajoutant que les Tunisiens de retour de Syrie (au nombre de 500) représentent « un grand problème » ; en ce sens que le traitement sécuritaire de cette question ne peut pas à lui seul résoudre ce problème. «Pour traiter avec cette frange de la société, il faut l'intervention de plusieurs parties », a-t-il relevé, citant en exemple les ministères des Affaires sociales, des Affaires religieuses et de la Santé. Rafik Chelli a fait savoir que plusieurs Tunisiens de retour de Syrie ont été traduits devant la justice pour des crimes avérés, alors que les autres ont été placés sous surveillance sécuritaire. En ce qui concerne les préparatifs engagés pour garantir le bon déroulement des festivités marquant le pèlerinage de la Ghriba, Rafik Chelli a souligné la mise en place d'un plan sécuritaire global pour la protection de la ville de Djerba. Un plan similaire a, également, été mis en place pour assurer la réussite de la saison touristique et la protection des sites touristiques en Tunisie, a-t-il précisé. D'autre part, Rafik Chelli, a qualifié de « criminelle et irréfléchie » la décision relative à la dissolution de l'appareil de sûreté de l'Etat, prise au lendemain de la révolution. La direction de la sûreté de l'Etat, a-t-il ajouté, détenait un véritable rôle de prévention dans la protection des frontières. Elle incitait les habitants des zones frontalières et les gardes-forestiers, en particulier, à fournir des informations sur d'éventuels mouvements suspects. Le secrétaire d'Etat a indiqué que le ministère de l'Intérieur est en train de rétablir ces systèmes qui ont « un rôle capital et palpable » en matière de sûreté nationale afin de combler ce vide. Assurer la sécurité des frontières tunisiennes avec la Libye d'une part, et l'Algérie d'autre part, représente aujourd'hui, a-t-il dit, une priorité absolue, au regard de la situation de certains pays voisins et ses répercussions sur la sécurité et la stabilité de la Tunisie. Il a salué la prise de conscience et l'esprit coopératif des Tunisiens qui, a-t-il dit, contribuent aujourd'hui à protéger leur pays en coopérant avec les services sécuritaires. Le Secrétaire d'Etat a, dans ce contexte, relevé que le ministère de l'Intérieur a adopté une nouvelle approche basée essentiellement sur l'enracinement d'une « culture participative de la sécurité ». Il s'agit d'associer la société dans la lutte contre le terrorisme et la contrebande et de l'inciter à signaler tout comportement ou mouvement suspects, a-t-il dit. Les citoyens qui contribueront à la réussite des plans sécuritaires et à la protection du pays contre les dangers du terrorisme et de la contrebande seront récompensés moralement et matériellement, a relevé Rafik Chelli. Par ailleurs, le Secrétaire d'Etat a indiqué que le ministère est en train d'étudier un projet pour la protection de la bande frontalière avec la Libye. Il s'agit d'installer un « grillage électrique intelligent » pour lutter contre les groupes terroristes.