A l'instar des autres membres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Tunisie s'apprête à célébrer du 24 au 30 avril la Semaine mondiale de la vaccination, placée cette année sous le thème « Combler les lacunes et parvenir à l'équité en matière de vaccination », comme indiqué dans le Plan d'action mondial pour les vaccins approuvé en mai 2012 par les Etats membres de l'Assemblée Mondiale de la Santé. Chaque année et à l'initiative de l'OMS, la Semaine mondiale de la vaccination est célébrée durant la dernière semaine d'avril. Ce rendez-vous annuel a pour objectif de promouvoir l'utilisation des vaccins pour protéger les personnes de tous les âges et pas seulement ceux en bas âge contre différentes maladies. A cette occasion, les laboratoires Pfizer ont convié les journalistes à une conférence de presse intitulée « Vaccination en Tunisie: Etat des lieux et améliorations à apporter , marquée par la présence des professeurs Souad Bousnina, Présidente du Comité National de Vaccination (CNV) et Tahar Sfar, Vice-Président du CNV. Ce point de presse a permis aux deux spécialistes en pédiatrie de rappeler l'importance vitale de la vaccination pour protéger les populations notamment les plus vulnérables d'entre elles tels que les enfants en bas âge et de faire le point sur l'actuel calendrier vaccinal en Tunisie avec ses points forts et ses manquements. Tout en estimant qu'il était tout à fait satisfaisant et assez complet, les deux experts ont déploré l'absence de quelques vaccins recommandés par l'OMS. La vaccination dans le monde Près de 200 ans après la mise au point du premier vaccin, l'OMS estime que la vaccination est l'une des interventions les plus efficaces et les plus rentables en matière de santé. Les vaccins disponibles actuellement permettent chaque année d'épargner de 2 à 3 millions de décès dans le monde. Selon l'UNICEF, chaque dollar dépensé en vaccination permet d'en économiser 7 sur les coûts médicaux et 25 sur les coûts généraux liés aux maladies évitables par la vaccination. Concernant les enfants, outre les maladies pour lesquelles des vaccins existent depuis de nombreuses années, comme la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la rougeole, il est désormais possible de les protéger d'autres pathologies telles que la pneumonie et la diarrhée à rotavirus, deux des principales causes de mortalité chez les moins de cinq ans. Malheureusement, de récentes statistiques ont montré qu'un enfant sur cinq dans le monde ne bénéficiait pas de vaccination. Ainsi, en 2013, près de 21,8 millions de nourrissons n'ont pas reçu de vaccins salvateurs. Précarité, ignorance, manque d'informations, services de santé quasi-inexistants à proximité dans les régions les plus reculées.... Autant de raisons qui peuvent expliquer ces chiffres jugés alarmants par les professionnels de la santé. En pleine expansion, grâce notamment aux efforts déployés par les laboratoires en matière de recherche et développement, l'industrie pharmaceutique ne cesse de proposer de nouveaux vaccins encore plus performants et sophistiqués. Il est désormais possible, par exemple, de protéger efficacement les jeunes et les adultes de maladies potentiellement mortelles comme la grippe, la méningite et certains types de cancers. Qu'en est-il de la Tunisie ? La vaccination a été introduite en Tunisie dès le début du siècle à travers des campagnes de masse mais ce n'est qu'en 1979 qu'un Programme National de Vaccination (PNV) a été officiellement mis en place. Outre les vaccins administrés aux nourrissons, les enfants scolarisés sont également pris en charge par l'Etat pour la poursuite de leur vaccination par la médecine scolaire. Le présent calendrier vaccinal tunisien protège contre neuf antigènes, dont la tuberculose, la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, l'hépatite virale B. Un travail de longue haleine qui a donné ses fruits puisque certaines maladies ont été complètement éradiquées en Tunisie, à l'instar de la Polio dont plus aucun cas n'a été signalé depuis 15 ans. Mais malgré tous les efforts déployés tout au long de ces dernières années pour l'étoffer, le calendrier de vaccination tunisien n'inclut pas encore tous les vaccins recommandés par l'OMS, à l'instar de celui contre le pneumocoque ou encore celui contre le papillomavirus humain, indispensable dans la lutte contre le cancer du col de l'utérus. S'ils sont disponibles sur le marché privé, ils ne figurent en revanche pas dans le calendrier de vaccination scolaire et ne sont donc pas pris en charge par l'Etat. Les parents désireux de faire vacciner leurs enfants peuvent le faire mais à leurs propres frais. Seul hic, ces vaccins coûtent généralement cher et ne sont pas accessibles à tous d'autant plus que moins de 20% des enfants tunisiens sont vaccinés en privé. Pour le vaccin contre le pneumocoque par exemple, quatre doses, à 157 DT chacune, sont nécessaires pour chaque enfant. Bien que le pneumocoque soit la première bactérie responsable d'infections en pédiatrie et que la vaccination permet de prévenir les pneumococcies aussi bien communautaires comme l'otite et la pneumonie ou plus graves comme la méningite à pneumocoque qui peut occasionner de lourdes séquelles neurologiques, des handicaps ou pire des décès, le coût élevé de ce traitement préventif peut en dissuader bien des parents. Pour Pr. Bousnina et Pr. Sfar, inclure l'ensemble des vaccins recommandés par l'OMS dans le plan national de vaccination est un vrai challenge. Bien que conscientes de leur importance, les autorités sanitaires redoutent leur coût excessif d'autant plus qu'il n'est plus possible de faire marche arrière une fois le vaccin inclus dans le calendrier. Mais les spécialistes indiquent que comparés aux coûts de la maladie, de l'hospitalisation et du traitement curatif, ceux des vaccins sembleront d'ici quelques années bien raisonnables d'autant plus qu'ils permettent de faire une économie sur la consommation d'antibiotiques. Et au Pr Bousnina de conclure : « Nous nous battons depuis longtemps pour l'égalité d'accès aux soins de santé à tous les petits Tunisiens. Nous espérons donc que de nouveaux vaccins, notamment les plus prioritaires d'entre eux, soient inclus d'ici 2016 au calendrier de vaccination scolaire. »