Meriam Bousselmi est une artiste à la verve fertile. Esthète, elle tâtonne dans les étendues de l'art, des possibilités artistiques, des incarnations esthétiques, en retenant l'apnée à la quête d'une expressivité profonde, des sensations vives, d'une métaphore capable de transcender les confins du réel et de franchir les limites du monde intelligible. Cette artiste, malgré sa jeune expérience, elle aspire à réinterroger le noumène et les phénomènes des choses, de l'art et de la beauté, tout en accédant à l'empire des sens ; tout en provoquant les réminiscences de la mémoire affective ; tout en fouillant dans les arcanes de l'inconscience, à l'instar de l'auteur de la Madeleine, Proust, dans ses fugues « à la recherche du temps perdu » ; et ce à travers l'ensemble de ses créations, ses appréciations et ses appréhensions, son questionnement esthétique et ses approches intellectuelles. Son regard bon enfant cache tant de profondeur et révèle un tempérament de beauté et d'art, et ce malgré sa carrière juridique, car Meriam Bousselmi est avocate de profession, cependant son exercice respectant les lois et les règlements ne l'a pas empêchée d'être dans les dérèglements, les démesures et les incessantes revendications de liberté et d'anarchie artistiques, condition sine qua none qu'exigent les rames dans les dérives théâtrales. En effet, elle a prouvé sa prouesse! Car, en elle, couve cette « ambition de changer le monde avec des coups de crayon » comme elle l'a bien formulé dans ses confessions d'enfant de Truth Box. Mémoire en retraite, Sabra, Le péché du succès, Ce que le dictateur n'a pas dit, et autres, sont des créations qui parlent d'elle sans prétention. Les prix qu'elle a reçus témoignent de son savoir-faire et de sa sensibilité, sa sollicitation pour réaliser des œuvres théâtrales en Allemagne et en France ne sont qu'une fierté pour nous avant elle ! Ses participations dans des festivals de renommée, tel que le fameux festival d'Avignon, justifient, sa reconnaissance en tant qu'auteure et metteure en scène confirmée ! Parcours d'une artiste D'emblée, elle a été produite par le Théâtre National de Tunisie sous la direction de Mohamed Driss. Auteure et metteure en scène de l'œuvre Mémoire en retraite, elle a abordé le sujet d'Alzheimer, en discernant la question de l'amnésie quand elle s'installe dans les creux de la mémoire, et que tout devient néant et anéantissement intégral de l'individu. En effet, comme le déclare Meriam Bousselmi dans l'incipit de son texte : « Une personne sans mémoire est une inconnue incapable de reconnaitre son visage dans un miroir. La mémoire est pour un peuple ce que c'est l'histoire pour un livre ». Cette création a eu le prix de la meilleure pièce de théâtre dans le monde arabe en 2011 par l'Instance arabe de théâtre. Ensuite, Meriam Bousselmi a bénéficié d'une résidence d'écriture à l'académie des arts de Berlin. Là-bas, elle a réalisé plusieurs projets. Elle a coproduit avec Klanglandschaften Afrika/Orient du Theater An der Ruhr, de la Radio WDR 3 et du NRW Kultursekretariat, un Spectacle de Musique Danse-Théâtre, intitulé SABRA (Ou quoi de neuf après la Révolution ?). Sa pièce, le péché du succès, est aussi une coproduction de : Akademie der Kunst der Welt Köln, Festival Globalize Cologne 2013, Theater and Der ruhr & Le festival culturel international de théâtre de Bejaia. Avec la participation de Amal Omran ( Syrie), Amal Aouch (Maroc), Mouni Bouallem (Algérie), Ayet Madgy ( Egypte), Fatiha Ouaarad (Algérie), Djouhera Dreghla (Algérie), et un percussionniste kabyle Younes Kati (Algérie). Cependant, la création qui a eu beaucoup de succès en France, mais malheureusement des problèmes aussi, est Ce que le dictateur n'a pas dit, une production de (les Grands théâtres de Luxembourg). Cette création est un monodrame interprété par Steve Karier. Elle a eu le plus grand prix de théâtre au Luxembourg. Cependant, un désaccord avec le coproducteur et acteur Steve Karier, qui veut dépouiller l'auteure et la metteure en scène Meriam Bousselmi de tous ses droits, a été à l''origine de l'interruption de la pièce, malgré les efforts fournis par l'artiste Bousselmi au prés de la ministre de la culture du Luxembourg, qui a fait néanmoins la sourde oreille. La pièce Ce que le dictateur n'a pas dit, comme la présente Meriam Bousselmi, est « un monologue d'un ex-dictateur qui, dans sa solitude désespérée s'invente des conversations. Cette parole-là est proléférante, comme une sorte de compensation compulsive et névrotique au silence qui lui est imposé par la Révolution. Cependant, il n'est pas question de susciter de l'empathie pour ce vieillard solitaire, rongé d'incertitude et finalement peu maitre de son destin, mais plutôt de dévoiler l'entreprise de mystification à laquelle se livrent les dictateurs et de dénoncer les manipulations politiques, les sales jeux de pouvoir et d'autorité dont les peuples sont coresponsables et victimes à la fois. ». Nous espérons ainsi que l'artiste réglera cette affaire, pour qu'elle puisse donner des représentations en Tunisie et permettre au public tunisien de savourer son art et découvrir ses perceptions esthétiques.