Le mufti de la République, Cheikh Hamda Said, a dénoncé, dimanche 3 mai, à Tunis, tous ceux qui pratiquent le terrorisme et le justifient, au nom de la religion, disant que ces gens ne croient pas à l'Islam mais exploitent l'Islam pour enrober leurs actions des couleurs de la religion et fonder leurs desseins inavoués sur des arguments religieux afin d'induire les autres en erreur et plus particulièrement les jeunes. Intervenant au cours d'un colloque sur l'Islam, l'extrémisme et le terrorisme, organisé, au palais des congrès, à Tunis, à l'initiative de l'Association tunisienne des imams prédicateurs des mosquées, le mufti de la République a ajouté que Dieu a banni ces gens en les qualifiant d'égarés, et mis en garde contre leurs méfaits. Il a évoqué un propos ou Hadith du Prophète Mohamed qui dit que « ceux qui portent les armes contre nous ne font pas partie de nous. » Le mufti de la République a estimé que les organisations terroristes qui ciblent la Tunisie, cherchent à ébranler la cohésion religieuse du peuple tunisien, illustrée par son adhésion et son attachement au malékisme, ainsi qu'à porter atteinte à l'unité nationale. S'agissant des moyens et modalités de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, Cheikh Hamda Said a plaidé pour une approche globaliste, en fédérant dans cette lutte les services de sécurité, les autorités religieuses, les acteurs politiques, les instances scientifiques, outre les institutions éducatives, culturelles, et sociales, et les organes d'information. Le président de l'Association tunisienne des imams prédicateurs des mosquées, Salem Addali, a parlé du rôle échu aux imams prédicateurs dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, soulignant que la mission de l'imam prédicateur est d'éclairer les esprits en disant la vérité du point de vue religieux en ce qui concerne les problèmes qui agitent la société et les défis du moment en rapport avec la montée du terrorisme et de l'extrémisme. Pour le représentant du Conseil islamique supérieur, Jalaleddine Allouche, l'efficacité de la lutte contre le terrorisme est tributaire d'un bon diagnostic des causes à l'origine de ce phénomène. Il a insisté sur la nécessité de se mettre d'accord sur une définition du terrorisme, à l'écart de toute instrumentalisation du concept au service d'intérêts particuliers. Il a indiqué que selon l'académie de jurisprudence islamique, tout ce qui est susceptible de nuire et de faire du mal aux hommes, à l'environnement et à la nature relève du terrorisme, notant qu'à la lumière de cette définition, le terrorisme pratiqué, au nom de l'Islam, qui est condamnable à tous les points de vue, est, cependant, une goutte d'eau dans l'océan, comparé au mal fait par d'autres. Autres justifications négatives Il a ajouté que le terrorisme est nuisible à travers les méfaits commis par les groupes terroristes mais il est nuisible aussi en donnant aux gouvernements et aux Etats des justifications en vue de renforcer les dépenses militaires et sécuritaires au détriment des dépenses sociales et prendre des mesures restrictives à l'exercice des libertés individuelles et collectives. De son côté, l'universitaire Soliman Chaouachi a signalé que le terrorisme et l'extrémisme revêtent plusieurs types et qu'il y a le terrorisme individuel, le terrorisme collectif et le terrorisme d'Etat, à l'instar du terroriste pratiqué par l'Etat d'Israël contre le peuple palestinien frère. A son avis, il faut chercher l'origine du terrorisme et des idées terroristes en Tunisie et dans les autres pays arabes et islamiques dans les effets néfastes des régimes despotiques ayant gouverné ces pays durant des décades, mais aussi et surtout dans le sentiment d'humiliation suscité chez les peuples arabes et islamiques par les velléités de domination qui continuent d'animer les puissances occidentales depuis l'époque coloniale.