Une avant-dernière journée du championnat, à tenir le souffle, avec un derby « CA-EST » qui s'annonce très particulier. En plus de sa ferveur traditionnelle et de la passion qu'il suscite depuis toujours, le match d'aujourd'hui, entre les « frères-ennemis » de Bab Souika et de Bab Jedid comporte un enjeu de taille. Il s'agit d'un duel entre deux parmi les trois prétendants àla plus haute marche du podium, même si le résultat final pourrait entretenir davantage le suspense jusqu'à la dernière journée. En effet, une victoire espérantiste permettrait aux « sang et or » d'être co-leaders, avec l'Etoile, en cas de victoire de celle-ci aujourd'hui, à la Marsa. Une victoire clubiste grillera définitivement les chances de l'Espérance, tout en autorisant l'Etoile à caresser l'espoir jusqu'à l'ultime journée. Un match nul fera, cependant, carrément l'affaire de l'Etoile pour partager le leadership avec le CA, sachant que lors de l'ultime journée, la bande à Benzarti offrira l'hospitalité à un ensemble djerbien relégué déjà en Ligue 2, tandis que les coéquipiers de Saber Khelifa, auront à effectuer un périlleux déplacement à Zarzis pour affronter une équipe zarzissienne, considérée, de surcroît, comme l'heureuse surprise de l'exercice en cours. Autant dire que seuls le CA et l'EST, ont jusque-là, leur destin en main, alors que les chances de l'Etoile demeurent tributaire a priori, du résultat final du derby de Radès, qui, normalement, aurait dû être confié à un trio arbitral étranger. D'ailleurs, nous ne comprenons pas toujours cette étrange obstination de la Ligue nationale (LNFP) de recourir, dans toutes les circonstances et malgré tous les risques aux arbitres locaux, alors que pour cette saison notamment, l'arbitrage est à marquer d'une pierre blanche, pour avoir été souvent le « héros » de tant de mascarades, allant jusqu'à fausser les résultats de quelques rencontres. Les exemples n'échappent à personne mais il serait inutile, aujourd'hui, de les énumérer pour ne pas enfoncer encore plus le clou. Nous tenons justement à faire cette remarque, pour que la fête soit totale, à Radès. Avec un trio arbitral étranger, personne n'aura à dire ou redire quoi que ce soit, car avec cette crise de confiance, justifiée ou injustifiée, peu importe qui s'est installée depuis une bonne période, nous plaignons déjà, le pauvre arbitral, qui sera desservi par le sort pour officier cette rencontre. Ce brin de pessimisme se justifie malheureusement par le comportement des parties composantes (joueurs, entraîneurs, responsables, public), durant des matches même anodins, que dire d'une rencontre, comme celle d'aujourd'hui, dont le vainqueur aura attrapé d'une main, le trophée ! Jadis, c'était la fête, avec des gradins pleins à craquer, teintés aux couleurs des deux clubs où des familles restaient côte à côte, dans le respect total, pour passer de bons moments, sans se soucier trop du résultat. C'était la belle époque où le civisme, l'éthique et le fair-play avaient un sens. Aujourd'hui, ce n'est plus malheureusement, le cas, car le fait d'aller au stade est devenu un risque ! Les raisons sont multiples mais nous devons tous en assumer la responsabilité. Qui pourrait oser permettre de nos jours, à ses enfants d'aller, seuls, au stade où la violence, les agressions et les braquages sont devenus monnaie-courante. Ces actes sont commis entre un public appartenant au même club ! C'est curieux, tout de même. Ce phénomène ne cesse, malheureusement, de se propager à cause de notre passivité, et de notre échec dans l'éducation. C'est pour cela qu'on doit avouer notre échec. C'est un échec collectif, qu'on ne doit avoir honte de reconnaître. Les parents semblent avoir oublié leurs rôles. Idem pour les enseignants et surtout pour les responsables des clubs qui n'ont pas sincèrement le profil de leurs prédécesseurs qui étaient de véritables éducateurs, nous faisons allusion seulement aux présidents des clubs des années « 50-60 et 70 ». Ceux qui ont eu le mérite de contribuer à la réussite de plusieurs générations aussi bien dans le domaine sportif, que de point de vue sociale, malgré des moyens matériels insignifiants et des conditions de vie défavorables. Ces responsables qui appartiennent aujourd'hui à un monde meilleur, étaient des hommes de principes, des hommes de volonté, des hommes de poigne qui ne rechignaient guère devant la discipline. Pour eux, la discipline et la bonne conduite, d'abord, les résultats, après. Aujourd'hui, c'est tout à fait l'inverse, et vous voyez bien la différence. Tout compte fait, nous n'avons qu'à semer ce que nous avons récolté. Pour revenir à ce derby exceptionnel, nous avons sciemment tenu que sa présentation soit aussi exceptionnelle, car la nostalgie nous a fait revenir à l'âge d'or du football tunisien. Combien c'est douloureux d'y penser !