Dans son ouvrage "les dits d'Ali" Youssef Seddik, penseur tunisien a parlé de cette déchirure que fut la grande discorde dont les musulmans traînent les conséquences jusqu'à nos jours. Il a écrit notamment: "Cousin et gendre du prophète Muhammad, l'Imam Ali est un personnage clé de l'islam, à la fois impliqué dans l'histoire et enveloppé d'un épais halo mythique. Après avoir adhéré dès l'enfance à la nouvelle religion, il a été le compagnon de toutes les batailles contre les polythéistes et un tribun hors pair. Mais il ne cessera de voir lui échapper la succession du Prophète (le califat), et ne l'obtiendra que pour une très courte durée, dans des circonstances dramatiques. Son martyre, en 661, au milieu de ce qu'on a appelé la " Grande discorde ", sera l'annonce d'une profonde déchirure qui marquera le vécu de l'islam jusqu'à nos jours. Au IVe/Xe siècle, le poète Charîf al-Radî, l'un des descendants de l'Imam Alî, réunira les sermons, discours, lettres, aphorismes et maximes de son glorieux ancêtre dans un ouvrage, Nahj al-balagha (" la Voie du mieux-dire "), considéré depuis lors comme l'un des plus purs chefs-d'oeuvre de la prose arabe classique. En effet, c'est suite à la grande discorde, que les musulmans se divisèrent en clans ennemis, ce qui aboutit au développement de l'extrémisme religieux et à l'existence de sectes, aussi bien chez les sunnites que chez les chiîtes. Dès lors se développèrent les fausses croyances et les idées reçues qui sont souvent contraires à la réalité, sur Ali et ses adeptes. Ceux qui pratiquent la violence ou le châtiment corporel, pour célébrer l'assassinat de Hussein à Karbala, représentent une secte extrémiste qui ne peut en aucun cas être conforme aux principes de paix et de fraternité prônés par Ali. Ses paroles sont conformes aux préceptes de l'Islam édictés par la Coran, révélé à Mohamed. Méditez sur ces paroles d'Ali sur la connaissance, la vérité et la justice. Les trois sont liées, car il n'y a point de vérité sans connaissance et sans la vérité la Justice est un leurre. « La conviction a aussi quatre aspects : garder l'individu contre l'amour du péché, chercher l'explication de la vérité à travers la connaissance, obtenir des leçons de choses instructives et suivre le précédent des gens passées, car quiconque souhaite se garder des vices et des péchés devra chercher les vraies causes de l'infatuation et les vraies voies pour les combattre. Et pour trouver ces vraies voies, quelqu'un doit les chercher avec l'aide de la connaissance. Quiconque acquiert complètement plusieurs branches de la connaissance prendra des leçons de la vie et quiconque essaye de prendre des leçons de la vie est en réalité engagé dans l'étude des causes de l'élévation et de la tombée des civilisations précédentes ». La justice a aussi quatre aspects : la profondeur de la compréhension, la profondeur de la connaissance, la justice du jugement et l'efficacité de l'esprit ; car quiconque essaye de son mieux de comprendre un problème devra l'étudier. Quiconque exerce l'étude du sujet qu'il traite développera un esprit clair et arrivera toujours à des décisions correctes. Quiconque essaye de parvenir à tout cela devra développer une grande patience et retenue et quiconque fait ceci a effectué la justice pour la cause de la religion et a mené une vie de bonne réputation et de renommée. La patience et surtout la retenue, sont deux grandes qualités qui manquent de plus en plus de nos jours chez la plupart d'entre nous. La colère , la violence, la haine et tous ces sentiments d'inimitiés mènent à la catastrophe et au désastre. Aimons nous et cherchons ce qui peut nous rapprocher et non ce qui nous divise. Cela fait partie de l'essence même de l'Islam, dont le substantif vient de Salam qui signifie paix, car c'est une religion de miséricorde. « Dis à qui appartient ce qui est dans les cieux et la terre ? Dis à Allah ; il s'est à Lui-même prescrit la miséricorde » (Al Anâm, V.12)