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Tel le Phénix, Sousse tente de renaître de ses cendres
Publié dans Le Temps le 07 - 07 - 2015

Il y a plus d'une semaine, Sousse, ville touristique par excellence, a été touchée en plein cœur par le terrorisme. Une lâche attaque terroriste qui a coûté la vie à 38 touristes. Depuis, tel un Phénix, la ville balnéaire tente de renaître de ses cendres et de tourner la page. Forte de ses femmes et de ses hommes, la perle du Sahel relève courageusement le défi et va de l'avant, même si la majorité des touristes ont déserté la ville et même le pays. L'Histoire retiendra que le jeudi 26 juin, il y a eu un massacre à Sousse mais aussi que des Tunisiens ont fait acte de bravoure et ont sauvé des vies ou encore redonné espoir à ceux qui n'y croyaient plus. Des héros du quotidien, sans cape ni épée, qui se sont retrouvés mêlés de gré ou de force à ce douloureux épisode et qui ont gardé les pieds sur terre, malgré la panique générale.
Le courage des blouses blanches
Dr Majdi Omri et Dr Hajer Kraïem Omri sont maris et femmes. Le jour du drame, apprenant la nouvelle du carnage, ce couple de médecins urgentistes à Sousse n'a pas hésité à se rendre sur les lieux de l'attentat pour tenter de sauver un maximum de vies. Avec leur équipe, ils sont arrivés sur la plage alors que le terroriste, encore vivant, était dans les parages et son kalachnikov chargé. Sur la plage, ils ont trouvé une douzaine de corps étendus sur le sable, criblés de balles. Ignorant la peur qui aurait pu freiner leur élan, entraver leur mission ou perturber leur concentration, ils se sont aussitôt mis au travail, ne cherchant pas à savoir si le terroriste avait quitté les lieux et s'il avait été mis hors d'état de nuire ou pas.
Aujourd'hui, Dr Omri avoue avoir craint pour la vie de ses collègues mais la gravité de la situation nécessitait beaucoup de sang-froid et de cran. Sous le feu de l'action, sa première décision a été d'identifier les victimes qui pourraient être secourues et celles pour qui tout effort serait vain. Parmi les touristes visés par le terroriste, Gina Van Dort et son mari Chris Dyer. Si l'homme, touché à plusieurs reprises, a aussitôt succombé à ses blessures, l'épouse a, elle, reçu 5 balles mais est restée en vie. Malgré la douleur, Gina est restée scotchée à son époux décédé et n'a pas voulu s'éloigner de lui. Elle a été secourue par Dr Hajer Omri qui l'a arrachée de force au cadavre de son mari pour l'emmener de force à l'ambulance qui l'a aussitôt transférée à l'hôpital pour y recevoir des soins d'urgence. Sans cela, elle serait morte aujourd'hui. « Malgré sa peine et sa douleur d'avoir perdu son époux, je suis heureuse qu'elle ait survécu. », a déclaré Dr Kraïem, encore toute émue, à Vincent Geraint, journaliste d'ITV qui l'interviewait.
La sagesse du jeune coach
Wael Sioud n'a pas sauvé des vies mais a redonné espoir à des dizaines de personnes, anéanties après l'attentat et ayant perdu la force de continuer à croire en un lendemain meilleur. A 27 ans, ce jeune enseigne la nation aux petits à l'hôtel Impérial, à Sousse, depuis 5 ans. Dans sa folie meurtrière, le terroriste avait accédé, le jour de l'attentat, à la piscine d'intérieur et y avait tué des touristes. Des images de corps ensanglantés recouverts de draps blancs, contrastant avec la couleur bleu cyan du bassin, avaient été diffusées et ont choqué plus d'un, à commencer par les parents des petits nageurs. Wael déclare avoir reçu, dès le lendemain, de nombreux messages de leur part lui demandant de changer le lieu de l'entraînement et de choisir la piscine d'un autre hôtel. « Je comprends leur réaction. Tout le monde était sous le choc mais vu la situation, deux choix se sont présentés à moi : soit répondre positivement à la requête des parents, céder à la panique et laisser la mort nous terroriser, soit tenir tête à tout le monde et leur imposer de reprendre les cours dans le même hôtel. », ajoute-t-il. Wael a rapidement tranché. Il a choisi la voie de la continuité. Sur sa page Facebook, il a écrit un message plein d'espoir et de sagesse : « Quel est le risque réel de mourir dans un attentat terroriste ? Les chiffres avancés par les USA indiquent qu'il est plus faible que celui de se noyer accidentellement ou de décéder dans un accident d'avion. Tout au long de la vie, certaines activités peuvent affecter notre santé ou notre bien-être. Chaque jour, nous faisons face à des dangers, que ce soit en traversant la rue, en mangeant ou en conduisant. Nos activités quotidiennes ne doivent pas en être affectées pour autant. L'action terroriste vise à terroriser, son but ultime est psychologique : la panique ou la paralysie. La seule réponse courageuse aux attentats du 26 juin 2015 serait de poursuivre notre détermination, à la fois dédaigneuse et sereine, à continuer comme avant, sans peur. On devrait refuser de céder à la panique, parce que ce qui est menacé, c'est le vivre ensemble. Je ne laisserai pas les terroristes gagner. Pour ceci, je résisterai et j'irai à l'Imperial Marhaba comme je l'ai toujours fait depuis 5 ans. J'apprendrai aux enfants à nager et on passera un moment agréable, comme lors de chaque séance, plein de joie et des rires des petits anges. On continuera notre vie. Pour que la vie triomphe de la mort ! » Le jour de la reprise des cours de natation, Wael a apporté avec lui de petits drapeaux tunisiens pour donner plus de solennité à cet évènement. Alors qu'il n'était pas certain d'avoir réussi à convaincre les parents de ses petits élèves par son choix, le jeune homme a eu l'agréable surprise de voir qu'ils étaient tous là pour la séance du mercredi. Grands et petits ont alors entonné l'hymne national. Un grand moment d'émotion qui a marqué l'esprit de tous et qui a été fortement apprécié notamment par les parents. Une des mamans, Ahlem a ainsi déclaré : « J'ai aidé le moniteur à redonner confiance aux parents pour revenir à la piscine. J'ai tout fait pour les faire convaincre de reprendre les cours malgré les circonstances. Leur terrorisme ne nous terrorisera pas ! »
Quel avenir pour le tourisme et ses salariés ?
Face à la menace et à l'abattement général, Wael a fait preuve de beaucoup de lucidité et de courage mais aujourd'hui, il redoute les jours à venir. Diplômé d'éducation physique, le jeune homme n'a, jusqu'ici, pas réussi à décrocher de travail avec son diplôme. Donner ponctuellement des cours de natation dans un hôtel ne lui apporte pas de stabilité professionnelle et financière et son avenir dépend essentiellement de celui du tourisme, un secteur frappé de plein fouet depuis la révolution et fragilisé encore plus par les deux derniers attentats ayant visé des touristes. Selon Selma Elloumi, Ministre du Tourisme, l'impact économique de celui de Sousse pourrait même atteindre plus de 450 millions d'euros en 2015. Wael se demande aujourd'hui ce que lui réserve l'avenir, à lui mais aussi à tous les employés de ce secteur qui emploie actuellement 473.000 individus et représente 7,4% du PIB tunisien. Des mesures d'urgence ont, certes, été annoncées la semaine dernière par la Ministre du Tourisme, portant notamment sur le report du remboursement des prêts pour les années 2015 et 2016, l'octroi de prêts exceptionnels pour financer l'activité des établissements touristiques pour les saisons 2015 et 2016, sur la réduction du taux de TVA de 12% à 8% ou encore le rééchelonnement des créances fiscales ainsi que celles contractées auprès de la STEG et de la SONEDE. Des décisions saluées par les professionnels du secteur mais pourront-elles pour autant sauver le tourisme et éviter le pire à ses salariés ?


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