C'est le musicien et chef d'orchestre Naoufel Ben Aissa qui a repris les rênes du festival international d'Ez-Zahra pour finalement concocter un programme des plus alléchants, un calendrier qui conjugue spectacles culturels de qualité et soirées grand public sans oublier le public des enfants qui pourra pendant toute une semaine retrouver un cirque chinois sur la scène du théâtre de plein air d'Ez-Zahra. L'ouverture de cette session du festival de la banlieue sud aura lieu le 21 juillet avec une grande soirée musicale intitulée "Beni Watani" et dédiée à la mémoire de la diva Oulaya, un quart de siècle après sa mort. Plusieurs chanteurs de diverses générations et profils participeront à cette soirée dont les recettes seront remises aux familles des martyrs de la Tunisie. Avec cette initiative citoyenne et fortement ancrée dans le soutien à l'avant-garde de la révolution tunisienne, le festival d'Ez-zahra signale son engagement et donne l'exemple. En effet, pourquoi nos festivals n'ont-ils pas stratégiquement choisi pour cet été d'apporter un soutien massif aux victimes de la terreur jihadiste? Cela aurait certainement mobilisé le public et donné une saveur plus intense à ces festivals dont la plupart sombrent dans un anonymat relatif. Ez-Zahra donne ainsi l'exemple et en filigrane de cette initiative, nous constatons une défaillance morale de beaucoup d'autres festivals qui se contentent de programmer sans considérer que la culture et la mobilisation populaire autour de la culture sont aussi un levier de la résistance et du combat contre le fanatisme. Un bon point pour Naoufel Ben Aissa et son équipe. A l'autre bout de la chaine, la clôture du festival d'Ez-Zahra sera assurée le 21 août par un récital de l'association musicale "Maqamet". Interprété par Zied Gharsa et aussi Nizar Bouslih et Houda Ben Chaabane, ce récital aura pour titre un sobre "Mouwachah" qui dit tout du projet musical de cette soirée consacrée au tarab et au malouf. Un festival populaire, des options de proximité Cette nouvelle édition du festival d'Ez-Zahra est pour l'essentiel articulée autour d'un projet musical: celui de mettre en valeur la création contemporaine tunisienne et montrer la créativité des nombreuses formations mélomanes dans le domaine classique tunisien. C'est ainsi que le volet strictement culturel du festival, ce qui fonde son lien avec la culture dans ce qu'elle a d'exigeant, est constitué de nombreux spectacles musicaux. Ainsi, le public pourra découvrir des oeuvres trés diverses à l'image de "Asrar" de Raoudha Abdallah, des dernières créations de Anis Klibi ou Abdelkrim Basti ou bien de "Nejma" de Riadh Sghaier et Jamila Hajji. On peut, dans le même esprit compléter cette liste par la soirée Oum Kalthoum qui sera animée par Asma Ben Ahmed et Olfa Ben Romdhane ou la soirée Sofiene Safta qui permettra de retrouver ce talentueux guitariste. La musique est incontestablement le fil rouge du festival avec la présence de rappeurs et de stars de la scène contemporaine. Citons en ce sens Balti, Kafon et le rap de Seif Dice. Il y aura aussi une soirée disco avec le DJ Marco qui, cet été, est de tous les festivals avec ses remix et performances. Dans cet esprit sera également programmé un spectacle de slam avec Hatem Karoui et l'incontournable soirée pop tunisienne avec Nour Chiba. Dans un tout autre registre, la musique se taille la part du lion avec Lotfi Bouchnak qui revient à la scène d'Ez-Zahra et Nabiha Karaouli qui fera renaitre le chant des terroirs. La nouvelle version de la Hadhra par Fadhel Jaziri vient ajouter un zeste de musique sacrée à ce programme qui est un véritable kaleidoscope des tendances actuelles de la musique tunisienne que Naoufel Ben Aissa, le directeur du festival, connait bien pour en être un acteur à part entière. Le choix artistique de toutes les musiques de Tunisie Maintenant et confirmant sa dimension internationale, le festival proposera diverses soirées grand public en faisant appel aux toujours apprécié ballets russes et autres groupes de musique turque. Une journée sera consacrée à la Palestine avec plusieurs artistes sur scène parmi lesquels des poètes et des musiciens. Une dominante musicale, quelques soirées internationales caractérisent cette édition du festival qui fait appel au théâtre pour compléter son programme. Dans le domaine du quatrième art, rien n'a été laissé au hasard pour mettre toutes les chances de succès du côté de la trésorerie de la manifestation. En effet, les grands shows du moment seront tous sur scène, notamment Kamel Touati et Lotfi Abdelli, le duo Aziza Boulabiar et Moez Tounsi pour un lavage de linge sale sur la place publique et aussi Wajiha Jendoubi dans son spectacle-fétiche. Un théâtre plus exigeant sera aussi au programme avec "Plateau" de Ghazi Zoghbani, une production du Théâtre national tunisien et aussi l'oeuvre très bien accueillie "Sniper" de Youssef Sidaoui. Notons que 3 films tunisiens complètent ce programme alors que le cirque chinois fera le bonheur des enfants du 14 au 20 août. Un calendrier équilibré pour le festival d'Ez-Zahra qui joue à fond la carte de la proximité y compris en matière de prix car les billets ne coûteront que 5 à 10 dinars. Aguerri après son année de direction du festival de Bou Kornine, fin connaisseur du domaine musical grâce a ses différentes initiatives de direction d'orchestre, Naoufel Ben Aissa est en passe de démontrer le nécessaire équilibre entre culturel et populaire dans la direction d'un festival. De la sorte, il pourrait contribuer à résoudre la difficile équation dans laquelle sont embourbés les festivals d'été dans leur ensemble. Cet été, la surprise du chef vient d'Ez-Zahra et les faits devraient le démontrer à partir du 21 juillet. Un programme populaire, équilibré et structuré par un choix artistique ancré dans toutes les musiques de Tunisie...