Le représentant de la Voix des docteurs chercheurs, Hamda Kouka, a appelé, lundi 11 août 2025, le président de la République à publier un décret présidentiel pour mettre fin à la crise de l'emploi des titulaires de doctorat en Tunisie. Selon lui, un recrutement exceptionnel et direct de 7000 docteurs permettrait de résoudre le problème structurel qui dure depuis des années. « Nous ne sommes que 6000 ou 7000 docteurs au chômage, un chiffre inférieur au nombre réel de postes vacants dans les universités tunisiennes. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur cache ces données, car elles révèlent que le concours national est inutilement bloqué. Ce problème est artificiel et entretenu par une administration profonde et des lobbies universitaires qui profitent des financements et du système actuel de recrutement par piston ou corruption », a affirmé Hamda Kouka sur Mosaïque FM. Il rappelle que le président avait déjà proposé en février de recruter 5000 docteurs en 2025 et 2000 en 2026, afin d'absorber le « stock » accumulé à cause de la suspension du concours pendant cinq ans. « Ensuite, à partir de 2030, on pourrait rétablir un concours régulier adapté aux besoins », explique-t-il. Le chercheur déplore l'exode massif des compétences : « Les deux tiers des docteurs tunisiens sont partis à l'étranger depuis la révolution. Nous formons des médecins, ingénieurs et chercheurs avec l'argent public, puis ils contribuent au développement de la France, du Canada, de l'Allemagne ou du Golfe. Ceux qui restent vivent dans la précarité, avec des contrats temporaires ou horaires, parfois payés seulement 2000 dinars par an, versés avec des retards inacceptables ». Il fustige également certaines décisions administratives, comme le rapatriement d'universitaires travaillant à l'étranger alors que des docteurs compétents sont sans emploi en Tunisie, ou encore l'attribution de cours à des non-docteurs alors que des postes restent vacants. « Nous ne demandons pas un recrutement massif immédiat. Nous sommes prêts à être intégrés en deux ou trois vagues. Une partie de l'argent existe déjà : il suffit de rediriger les budgets des contrats précaires et des vacations vers des postes permanents pour les docteurs. Nous ne sommes liés à aucun parti ou syndicat, nous voulons simplement notre droit au travail et à contribuer au développement de la Tunisie », insiste Hamda Kouka. Il conclut : « Les docteurs sont pour la plupart issus de familles modestes, sans piston ni moyens pour acheter un poste. Ceux qui sont encore ici ont des contraintes qui les ont empêchés d'émigrer. Il est temps de mettre fin à cette injustice et de permettre à la Tunisie de profiter de ses compétences ».