L'amphithéâtre était plein à craquer. L'attente était interminable et excessive. Les spectateurs qui ont envahi les gradins antiques de Carthage commençaient à se demander si la chanteuse américaine tant attendue et vénérée allait finalement monter sur scène ou pas. Prévu à 22h, le concert n'a commencé qu'à presque minuit ! Deux longues et interminables heures d'attente, de colère et de frustration. Dépité, le public a commencé à siffler, huer et réclamer le coup d'envoi du concert. Toujours rien. Madame la Diva se faisait encore désirer. Pis encore, même ses musiciens ne sont montés sur scène qu'à 23h50, non pas pour commencer à jouer mais pour nettoyer leurs instruments. Quoi de plus normal ! Après deux heures, humidité et canicule oblige, les pauvres matériaux de musique étaient dans un sale état. Après l'enthousiasme, place à l'exacerbation Ils étaient venus par des milliers. Le concert se jouait à guichets fermés. L'on attendait impatiemment le spectacle depuis l'annonce de la programmation de la 51ème édition du festival Internation de Carthage. On se réjouissait de voir ENFIN débarquer une star d'une envergure internationale et à la voix sublime telle que celle de Ms. Lauryn Hill. Une vedette de la chanson noire-américaine qui a bercé notre adolescence et notre jeunesse. Celle qui chante divinement les reprises du roi indétrônable du Reggae, Bob Marley. Epouse du fils ce dernier elle a grandi et chanté toute jeune sur scène la légende du reggae encore toute petite. On se frottait les mains. On était surtout enchanté d'avoir une telle chanteuse parmi nous sur la scène de Carthage. Une scène de plus en plus désertée par les grandes stars internationales ces dernières années, faute de budget et de stratégie efficace. L'insécurité régnante n'est pas non plus là ni pour faciliter la tâche aux organisateurs ni pour encourager les grands artistes à «s'aventurer» dans l'amphithéâtre antique de Carthage. Dès qu'on annonça son arrivée, environ cinq milles personnes, fans inconditionnels, jeunes et moins jeunes étaient ravis ! Les billets se sont vendus comme du petit pain. «Save the date !». Ms. Lauryn Hill est en passe de devenir une légende de la chanson black. Elle mélange mixe à merveille les styles : Hip-hop, soul, neo-soul, reggae, rap. Une référence indétrônable qui rafle rien qu'en 1998, 11 oscars aux Grammy Awards grâce à son premier album en solo «The Miseducation of Lauryn Hill.» qui enregistra à l'époque les plus grosses ventes de l'année et de la décennie ! Mais depuis, c'est la traversée du désert. Outre deux ou trois chansons phares qu'elle a chantées pour le besoin de quelques films, sa carrière est mise en veilleuse. Elle n'a sorti aucun album. Pire, elle n'a pas cessé d'annuler ses tournées. Des concerts ont été tout bonnement abandonnés à la dernière minute. Ceux qu'elle a réussis à donner étaient généralement un vrai fiasco. Pour n'en citer que quelques-uns à Brooklyn (New York), Atlanta, Paris, le concert donné à . Ms. Lauryn Hill ne venaient jamais à l'heure. Au grand dam de ses fans et des organisateurs, les concerts commençaient avec deux voire trois heures de retard. Quant à la qualité de la prestation malgré une voix magique et des musiciens performants, la Diva n'arrivait jamais à assurer dignement son spectacle. Avant-hier, les Tunisiens en ont fait l'expérience à Carthage ! Après des heures de retard, Lauryn Hill somme le public de se taire... Arrivée après minuit alors que le concert devait commencer à 22h, la chanteuse ne s'est même pas excusée auprès d'un public monté contre son manque de respect. Alors qu'elle s'est tranquillement installée sur le banc traditionnel typiquement tunisien, la Diva fut accueillie par des cris de colère, des hurlements. Huée par ces milliers de personnes, elle prend sa guitare et pousse la chansonette. Une chanson méconnue par le grand public. Les cris et les sifflements reprirent de plus fort au point que la voix de la chanteuse fut engloutie par tant de vacarme. Au lieu de se reprendre et de s'excuser pour ce retard, telle une star qui se respecte, la chanteuse pousse le bouchon encore loin et somme le public de se taire « SHUT !». Ahuri le public continue de plus belle. Le premier tiers du concert se passa dans une ambiance tendue. Outrés, les spectateurs l'ont accueillie avec des «Dégage». Certains ont quitté les gradins. D'autres continuaient à crier. D'autres encore ont passé le reste de la soirée visages crispés et tendus. Ils ont payé 60dt et plus pour être traités de la sorte par une chanteuse censée être talentueuse. Une chanteuse qu'ils idolâtraient. Une image cruellement partie en morceaux. Quelques rares personnes se sont mis à danser sur les quelques tubes célèbres et connus. Les autres boudaient tout bonnement le spectacle. A vrai dire, quand on assiste attentivement à l'intégralité du concert, l'on est consterné par le comportement de la chanteuse même envers ses musiciens. Elle avait des gestes brusques d'une personne autoritaire, imbibée d'elle-même, tyrannique et narcissique. Cette absence d'osmose entre l'artiste et ses musiciens a tout faussé. Son narcissisme a massacré ses titres. Ses chansons étaient méconnaissables pour un public qui connaissaient par cœur les paroles. Désarçonnés, on la regardait gesticuler nerveusement en direction de sa troupe. A part quelques rares chansons qu'on arrivait à peine à déchiffrer, tout le monde regardait autour de soi en demandant à son voisin : «C'est quel titre déjà ?» Aux termes du concert, elle a bâclé à la va-vite quelques titres-phare de Bob Marley qu'elle a massacrées malgré sa voix toujours forte et sublime. La seule impression qu'elle donnait, c'est qu'elle voulait en finir le plus tôt possible et prendre la poudre d'escampette. Fous furieux, certains criaient à l'arnaque et réclamaient d'être remboursés. Quand Carthage s'excuse à la place de la Diva Suite à la colère générale générée par le retard irrespectueux de la chanteuse américaine Lauryn Hill qui n'a pas respecté ses engagements envers le festival et le public, le comité d'organisation s'explique dans un communiqué de presse : «Cher public de Carthage, suite au retard survenu lors de la soirée de Lauryn Hill, la direction du Festival International de Carthage exprime son profond regret et ses sincères excuses auprès de son cher public. La direction du Festival de Carthage tient à informer le public et les médias que l'artiste et son équipe assument entièrement les conséquences de ce retard et précise que le contrat de l'artiste stipule explicitement que « la soirée doit absolument débuter à 22H ». La Direction du Festival de Carthage tient à rassurer son public et veillera à ce que ce genre d'incident ne se reproduise plus. Toutes nos excuses.»