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Aly Ben Salem, le vétéran
Publié dans Le Temps le 25 - 07 - 2015

L'exposition « l'école de Tunis et Aly Ben Salem » qui s'est tenue dernièrement à la Marsa nous semble très intéressante malgré son caractère éclectique.
La comparaison à laquelle nous invite l'intitulé de l'exposition semble privilégier des rapports conflictuels entre l'école et Aly Ben Salem.
Ce conflit est vrai en partie seulement. Ali Ben Salem considérait que certains membres de l'école de Tunis étaient comme des usurpateurs et qu'ils avaient essayé de lui ravir son statut de pionnier. Et qu'en outre ils ne lui ont jamais été reconnaissants pour le bon accueil et les services qu'il leurs à rendus lors de leurs passages à STOCKHOLM.
Indépendamment de ces frictions secondaires et de quelques autres d'ordre matériel, Aly Ben Salem a commencé ses activités plus tôt que celle de l'école de Tunis. Mais malgré cela les deux « phénomènes » sont apparus presque à la même période de la guerre et de l'immédiat après guerre.
Les membres de l'école de Tunis vont se rassembler pendant les années quarante. Aly Ben Salem était alors en Suède.
En fait, et malgré la distance qui les séparait Ali Ben Salem et le groupe partager les même exigences de créer un art national authentique qui s'inspire du patrimoine et surtout de la Medina, de ses trésors de son architecture de ses couleurs de ses saveurs et de ses ... truculences facétieuses.
Aly Ben Salem et les artistes de l'école de Tunis ont fréquenté les mêmes bancs de l'école des beaux arts et les mêmes professeurs et les mêmes enseignements attachés à l'académisme pictural comme ce luit d'Armand Vergeaud (1875-1949).
La seule différence était dans leurs parcours spécifiques .
Aly Ben Salem à puisé dans les mêmes préoccupations orientalistes que ses pairs comme celle de considérer la Medina comme leur centre de référence unique.
Aly Ben Salem continuera dans le même sens que précédemment de 1933 a 1953. Ce n'est qu'après son séjour en Suède que son style connaitra des modifications.
Le premier axe de la comparaison :
Cet axe est commun à tous les peintres tunisiens de la première heure. L'inventaire graphique, architectural artisanal à été réalisé par les futurs peintres tunisiens qui étaient sollicités par La Medina : et par Jack Revault.
La Médina cœur toujours vivant de nos espaces et le notre mémoire, n'est pas seulement un prétexte à un relevé pittoresque, mais une sorte de saisie subjective idéalisée d'un monde apparemment chaotique mais qui possède réellement un ordre et une beauté incommensurables à travers ses impasses ses rues sans fin et sans perspectives, ses mures décrépis...
C'est dans ce cadre commun que les futurs artistes tunisiens vont évoluer c'est le cas du premier d'entre eux Aly Ben Salem qui à partir de 1933 va être suivi par Ali Bellagha et plus tard par Abdelaziz Gorgi à partir de 1949... Aly Ben Salem n'a pas participé à la création de l'école de Tunis. Celle-ci ne fut créé par Ammar Farhat, A.Gorgi , Jalel Ben Abdallah, par Zoubaier Turki, Hedi Turki, Yahya Turki, et plus tard par d'autres nombres comme Brahim Dhahak, le présidant de ce groupe été Pierre Boucherle. Le groupe des quatre, le groupe des dix avec Moses Levy Antonio Corpora , Lellouch étaient parmi les initiateurs.
Aly Ben Salem en Suède
Tout en continuant ses exercices d'aquarelle Aly Ben Salem va acquérir d'autres techniques plus élaborées comme le portrait, le paysage, le verre, la céramique, la tapisserie... Aly Ben Salem ce double alors d'un homme d'affaires a vertu.
Le séjour en Suède luis a permis d'accumulé les expériences humaines mais surtout celles artistiques modernes sans oublier la rentabilité de ses actions.
Il saura se départir de ses premiers élans artistiques pour pénétrer le monde de l'artifice.
Aly Ben Salem va acquérir alors de nouvelles techniques qui vont lui permettre d'adopter une peinture plus élaborer. Il sera plus exigeant, plus dominateur et du dessin qu'il propose mais aussi de l'espace pictural qu'il saura mieux composer. C'est ainsi qu'il pourra alors préparer la rupture aussi bien au niveau de sa vie que des choix esthétiques qui vont guider sa démarche. Aly va alors s'installer à Hammamet.
La rupture
Cette rupture ne sera jamais totale! Aly Ben Salem va garder son bon sens originel et l'équilibre de sa composition ainsi que son sens chromatique homogène, mais en faite peu de choses de sa pratique pictural ont été maintenues, sauf peut-être cette ambiance orientalisante qui continue d'être présente, en filigrane dans toute sa production d'après 1970.
Le retour d'Aly Ben Salem en Tunisie représente un nouveau départ du peintre. Cette nouvelle approche constitue une mutation qui signifie le rejet de la spontanéité des années trente, quarante et cinquante et l'adoption d'une approche plus rigoureuse, plus systématique, plus efficace et plus sérielle. Cette deuxième période a été réellement préparé en Suède. Certaine œuvres exposés à la galerie Roubtzoff illustre la première ET la deuxième période. des œuvres appartenant à cette deuxième période sont sérielle . Elles n'ont presque plus rien à voir avec les représentation de scènes populaire de la vie d'antan de la Médina. Les Bruits, les saveurs, les menus larcins des voyous des quartiers populaires disparaissent.
Le réel, le quotidien sont évacués pour laisser la place à la représentation d'un espace fixe sans mouvement habité de mythes, d'histoires d'amour impossibles
de Chahrased anonyme invariablement belle et toute avec des yeux amande.
Tout est silencieux . Un monde plastique s'installe, il est modulaire et précis, ses formes et ses motifs hiératiques. Les modules sont distribués d'une manière arbitraire sur la surface de la toile. Les modules sont fabriqués, composés et découpés dans des cartons réguliers. l'impression qui émane de cette composition est celle d'une peinture presque iranienne des milles et une nuits, des "chahs en chahs " ou celle des amours célèbres et mystiques. La vie s'est retiré de ces œuvres nouvelle qui vont se perpétuer jusqu'à la mort du peintre.
La production de la première période n'est plus qu'un souvenir, l'art est devenu modulaire. Une rupture iconographique est ainsi opérée. Le peintre engage des collaborateurs qui exécuteront les directives: les chevaux, les cavaliers sont interchangeable. L'ombre et la lumière, le modelé ,la perspective ne sont plus nécessaires pour créer l'illusion de profondeur ou l'illusion du réel. Le monde extérieur n'est plus la référence. La toile de Aly Ben Salem se suffit à elle même. Elle est devenue autonome. Cette deuxième démarche par laquelle est passé l'expérience de Aly Ben Salem semble avoir figé le mouvement.
Les éléments de la représentation gagne le statut de stéréotype synonyme de desséchement de l'être, une sorte d'évacuation de l'art, une mort annoncé de l'œuvre.
Serait-il possible que l'évacuation de tout ce qui faisait l'art ait été voulu par l'artiste . Si cela était le cas, Aly Ben Salem aurait annoncé cet art qu'on appelle aujourd'hui "Art Contemporain". Après tout le recours du peintre à l'approche modulaire en est une preuve.
Aly Ben Salem a été de tout temps sensible à l'utilisation de procédés modernes technologiquement rentables, de modules répétitifs rapidement exécutés. une transgression de l'espace par sa propre saturation .
Cette lecture qui reconnait ainsi la modernité du peintre sous couvert d'un retour au motif du patrimoine est peut-être légitime, mais à défaut d'être légitime, elle reste possible ... reste virtuelle. N'est ce pas là une invite à la contemporanéité. Le recours à cette lecture et au discours que nous avons développé sur l'œuvre d'Aly Ben Salem n'a certainement pas épuisé l'œuvre d'Aly Ben Salem.
Le discours sur l'art quelque soit sa démarche n'arrivera jamais à dire toute l'œuvre. Ce discours pourra tout au plus lever le voile sur quelques aspects de l'œuvre, on indiquait peut-être la force qui la traverse silencieusement, c'est un grand désespoir de constater que l' œuvre et le discours qu'on en fait se cherchent mais se manquent toujours.


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