Si les plus grands festivals internationaux se portent bien, il en est autrement pour les plus petits et qui sont d'ailleurs les plus nombreux et les plus proches du public. Maintenant que tous les festivals ont baissé le rideau, l'heure est au bilan. En effet, il s'avère qu'un bon nombre de petits festivals souffrent de certains problèmes qui entravent souvent leurs activités. Certains sont victimes du retard des subventions des autorités locales, régionales ou nationales ou du manque du sponsoring, ce qui provoque parfois l'annulation d'un certain nombre de spectacles, voire la suppression pure et simple de tout le Festival, comme le cas récemment de la 25è édition du Festival régional de Ben Arous. Des problèmes tous azimuts D'abord, le changement annuel du comité d'organisation peut être le problème majeur qui est à l'origine des difficultés rencontrées par ces petits festivals, d'autant plus que la liste des nouveaux membres du nouveau comité n'est approuvée qu'en dernière minute par les autorités régionales, étant passée au peigne fin. Le fait de désigner un nouveau comité quelques semaines avant le démarrage des festivités engage forcément les nouveaux membres dans une course contre la montre pour élaborer la programmation, fixer les lieux, établir les contrats avec les artistes, contacter les sponsors qui sont souvent réticents envers les petits festivals, surmonter les tracasseries administratives auprès des agents de sécurité qui veillent sur la bonne marche des spectacles... Tout cela, peut empêcher tel ou tel festival à fournir à son public un programme bien structuré, digne de leurs attentes. Parmi les autres problèmes qui pourraient corrompre la programmation dans ces petits festivals, c'est le fait que le Ministère de tutelle leur fournit un ou deux spectacles gratuitement, mais le malheur est que ces spectacles subventionnés par l'Etat sont accordés un peu en retard avec en sus la date où ils doivent se produire ! Imaginez donc la situation dans laquelle se retrouve le comité d'organisation qui aurait déjà fixé le calendrier de tous les spectacles et signé les différents contrats avec les troupes et les artistes. Là, c'est le grand chambardement ! Car il faudrait reporter ou avancer certains spectacles pour pouvoir programmer les spectacles subventionnés. Et ce n'est pas toujours facile à faire ! Et dire que certains spectacles subventionnés par l'Etat sont annulés à la dernière minute à cause du non-versement à temps de la subvention envisagée, comme le cas du concert de Lotfi Bouchnak, à Sidi Makhlouf, en 2014, pour ne citer qu'un seul cas. L'autre chose qui pourrait être un handicap pour ces petits festivals d'été, c'est l'absence, souvent imprévue, ou le cas de désistement de dernière minute de la part de certains artistes, pour des raisons parfois non précisées ou suite à un simple malentendu qui n'a pas été dissipé jusqu'à la date prévue. Cela arrive souvent, malheureusement, Pour ne citer que deux exemples, au Festival de Radès, deux spectacles n'ont pas eu lieu, « Lila Ala Dalila » de Lamine Nahdi et « Plateau » du Théâtre National. A Ezzahra, le spectacle de « El Hadhra » a été également annulé pour la même raison. Dans ce cas de figure, a-t-on pensé aux dépenses déjà effectuées par ces petits festivals concernant l'impression des affiches publicitaires et des billets relatifs aux spectacles annulés, et surtout a-t-on imaginé la déception du public qui aurait programmé ses sorties auparavant pour voir ces spectacles qui, à son insu, n'auront jamais lieu ? Ajoutons à cela, les charges (15% d'impôts) que le comité doit verser à l'Etat en fin de chaque spectacle non conventionné et les redevances (6%) qu'on doit payer comme droits d'auteur pour chaque artiste programmé, exigées par l'Organisme tunisien de protection des droits d'auteurs et des droits voisins ! On imagine mal qu'un comité directeur, déjà à court d'argent, puisse s'acquitter de tous ces frais, quand bien même il devrait trouver d'abord, et non sans peine, les honoraires des spectacles. Que faire ? C'est surtout le manque de continuité du comité directeur, à renouveler chaque année, qui est à l'origine de l'échec de pas mal de petits festivals qui, bousculé par le temps et privé d'un budget adéquat, se trouve obligé d'expédier son travail à la hâte. C'est pourquoi, il faut penser à créer des associations relatives aux festivals, surtout ceux en butte à des problèmes divers (financement, organisation, programmation...), dont les membres seront élus pour une période assez longue (3 à 5 ans) et pourront ainsi se procurer les moyens nécessaires pour préparer leurs projets plusieurs mois à l'avance, ce qui éviterait les mauvaises surprises et les contretemps de toutes sortes. Ainsi, on prend son temps pour contacter les artistes et solliciter l'aide des sponsors ou le soutien des autres associations publiques, en ayant toute la latitude de tout préparer avant le démarrage du festival. Il est donc impératif de revoir les modalités qui entravent le fonctionnement des comités de direction des petits festivals qui, d'ailleurs jouent un grand rôle dans la vie culturelle de la région concernée du fait de leur proximité des gens ; de plus, c'est dans le cadre de ces festivals régionaux et locaux qu'on encourage les nouveaux talents parmi les jeunes dont les réalisations sont prometteuses dans différents registres musicaux. Idem pour le théâtre, la danse et le cinéma où l'on voit de nouveaux talents qui doivent se produire à travers ces festivals pour se faire mieux connaitre du public et se faire propulser au-devant de la scène artistique du pays. Pour sauver donc ces festivals de leur crise, il serait judicieux d'opter pour l'organisation d'associations ayant pour tâche la gestion des festivals afin de garantir la continuité et l'efficacité dans le domaine culturel.