Les instituteurs ont observé hier une grève à la suite de l'échec des négociations entre le syndicat de l'enseignement de base et le ministère de l'Education. Le même scénario ' se répète donc et risque de se répéter encore et encore si le conflit opposant les instituteurs au ministère de l'Education n'est pas réglé définitivement. Ce qui n'est pas, selon toute vraisemblance, à l'ordre du jour. Ce qui est sûr pour l'heure, c'est que la confrontation prend des proportions alarmantes et la tension est à son comble au milieu de toute la famille de l'éducation. Cette grève a suscité des appréhensions chez les parents d'élèves. Aussitôt arrivés au seuil de leurs établissements scolaires, les lycéens se retrouvent contraints de rebrousser chemin. Et pour cause, la grève déclenchée par les instituteurs a paralysé plusieurs écoles. Dans certains établissements, les élèves ont rebroussé chemin devant le refus de leurs enseignants à assurer les cours, alors que dans d'autres lycées, des enseignants ont assuré normalement leurs séances contrairement à certains de leurs collègues qui ont débrayé. L'ambiance était tendue dans certains établissements. Les cours et les salles de classes étant déserts. Les directeurs s'occupaient de la tâche «ardue» de prononcer, sans cesse, le mot «non», en guise de réponse aux questions des élèves et des parents qui venaient s'informer s'il y avait une grève. Dans certaines écoles, le mot d'ordre a été partiellement suivi. Une liste des enseignants grévistes a été affichée à l'entrée de l'établissement afin d'éclairer les élèves concernés. Le mécontentement des parents Dans l'école primaire de Habib Thameur, l'événement de la grève n'a laissé personne indifférent. Des jeunes de 6 à 11 ans se rassemblaient à l'extérieur de leurs établissements, pour parler de cette grève et d'autres sujets les concernant, avant de faire demi-tour, la mine défaite et l'esprit agité. Devant les classes, ce sujet est au centre des discussions entre enseignants, qui brandissent des journaux où de larges espaces ont été réservés à cette énième grève dans le secteur de l'Education nationale. Cette grève a suscité des appréhensions chez les parents d'élèves. Certains parents sont agacés de voir leur progéniture victime de ce bras de fer qui oppose le ministère de l'Education nationale au syndicat de l'enseignement. Certains d'entre eux, n'ont pas caché leur mécontentement face à cette grève, souhaitant que les deux parties «engagent un dialogue sérieux pour en finir définitivement avec cette instabilité qui plombe le secteur depuis plusieurs mois « L'intérêt des élèves doit prévaloir sur toutes les autres considérations» insiste Soumaya Bousetta «Nos enfants sont perdus. Ils n'ont pas étudié l'année dernière. Le même scénario se répète à la rentrée. Nous sommes stressés et on ne sait pas ce qu'on doit faire » Samia Kharrez est très furieuse « C'est intolérable, on n'accepte pas que nos enfants soient pris en otage à cause de revendications matérielles des enseignants jugées parfois excessives. La situation est grave et on risque d'avoir une année blanche. Il faut que cessent ces grèves. Nos enfants sont en train de perdre beaucoup de temps » dit-elle . Il est vrai que plusieurs élèves étaient obligés d'attendre le verdict. Certains ont préféré rentrer directement et d'autres se regroupent à l'entrée pour s'échanger les nouvelles de la grève. Zeineb ne cache pas son inquiétude « je veux étudier. J'en ai marre de ces grèves » Nahla est de cet avis « je compte quitter mon école pour le privé car rien n'a été fait pour faire face à ces grèves » Les revendications des enseignants La grève des instituteurs a été décrétée suite à l'échec des négociations concernant les revendications du secteur contenues dans la motion professionnelle publiée par la commission administrative sectorielle de l'enseignement de base. Certains enseignants n'ont pas assuré leurs cours dans les établissements où des taux de suivi mitigé ont été constatés, au moment où plusieurs autres sont entrés en classe et ont dispensé normalement leurs cours. Naoufel Gharsallah, membre du syndicat de l'enseignement de base souligne que « cette grève est légale à la suite du refus du ministère de nos revendications notamment le volet concernant les promotions exceptionnelles. Nous sommes lésés et nous serons dans l'obligation de continuer notre mouvement » Lassaâd Ben Othman ,syndicaliste a joute «le ministre aurait pu trouver un compromis pour préserver l'intérêt des élèves. Mais rien n'a été fait. Nous espérons que les négociations reprendront et il est temps que ce conflit trouve son épilogue » dit-il Pas plus loin, des instituteurs sont en train de discuter de leurs revendications. Loudia, une institutrice de français estime que « la régularisation de la situation des enseignants dont les promotions professionnelles ont été gelées depuis une longue période. On travaille dans des conditions difficiles avec des classes surchargées et des heures supplémentaires. On ne peut pas continuer de cette façon. Les parents doivent comprendre nos doléances » Bref, entre la tutelle et le syndicat, parents et élèves se retrouvent piégés dans un interminable conflit qui devrait prendre fin dans l'immédiat.Pour l'instant, les parents d'élèves prennent leur mal en patience et essaient de faire face à ces vacances inattendues de leurs enfants. Les instituteurs ne font pas grève pour des revendications de luxe, ils défendent leur dignité et veulent de meilleures conditions de travail.