Le mouvement de protestation des enseignants du primaire s'est bel et bien poursuivi hier. La grogne et l'inquiétude des parents montent au fil des jours. Si le conflit opposant le syndicat et le ministère de l'éducation n'est pas réglé définitivement. La confrontation prend des proportions alarmantes et la tension est à son comble au milieu de toute la famille de l'éducation. Le bras de fer entre le syndicat et le ministère de l'Education se poursuit et tout laisse croire que les antagonistes ne sont pas près de céder du terrain. Hier, donc, les élèves qui ont repris la route, en ce début de semaine, vers les bancs des classes pour passer leurs examens du troisième trimestre ont dû rebrousser chemin, dès la première heure de la matinée dans certaines écoles. La grève des instituteurs a été décrétée suite à l'échec des négociations concernant les revendications du secteur contenues dans la motion professionnelle publiée par la commission administrative sectorielle de l'enseignement de base en janvier 2015. Le secrétaire général adjoint du syndicat de l'enseignement de base, Tahar Dhaker, a déclaré dans son intervention sur Jawhara Fm, le 8 juin 2015, que les négociations avec le ministère de l'Education sont au point mort. Un projet a été soumis, selon Tahar Dhaker, au gouvernement le 7 mai 2015 et aucune réponse n'a été donnée depuis. Il s'agit clairement, selon le secrétaire général adjoint du syndicat de l'enseignement de base, d'un manque de volonté de la part du ministère et du gouvernement d'arriver à débloquer la situation. Tahar Dhaker a affirmé que la grève continue et que les examens n'auront pas lieu. Si certains établissements ont passé leurs examens, d'autres ne veulent rien entendre. Nous sommes allés à l'école Habib Thameur à Nabeul. Il était 8h00 du matin, une animation particulière règne à l'entrée de l'école. Cette fois-ci les parents bloquent l'entrée de l'établissement. Ils protestent contre la décision des instituteurs de ne pas passer les examens. La directrice Selma Souissi sollicitée par les parents essaie de les calmer et leur expliquer les raisons de ce report des examens. Elle leur rassure que les examens auront dans quelques jours en attendant la poursuite des négociations » Lassad Ben Othman, un syndicaliste nous a précisé que les enseignants sont prêts à enseigner « Personnellement je suis étonné de l'attitude de certains parents qui n'ont pas laissé les enfants entrer. Nous sommes prêts à enseigner et à poursuivre le dialogue » Les parents ont décidé de ne pas quitter les lieux et les commentaires et autres critiques fusent comme d'habitude. La responsabilité est rejetée, tantôt aux enseignants, tantôt à la tutelle. Certains soutiennent que le ministre aurait pu tenter de trouver un compromis pour préserver l'intérêt des élèves. D'autres accusent le syndicat. Le ras- le- bol des parents et des élèves ! Parents et élèves se disent inquiets devant la poursuite de ce débrayage dont les conséquences risquent d'être lourdes. Nombreux sont les personnes sondées qui ont fait part de leur déception face à ce blocage. Les élèves de leur côté protestent. Ils crient à haute voix « Nous voulons le calendrier des examens » « Nous nous ne voulons pas entrer sans passer nos examens » « nous nous ne voulons pas ajourner nos examens au mois de ramadan » Zouheir, un parent d'élève refuse de voir l'avenir de sa fille sacrifiée sur l'autel de luttes purement administratives et appelle les parties concernées à revenir à de meilleurs sentiments et à penser à l'avenir de toute une génération. Très en colère, Zouheir , père d'un élève, va plus loin en qualifiant cette grève de «n'importe quoi» et «d'exagération mal placée». Ce parent d'élève interpelle le ministère pour intervenir et sauver l'avenir des enfants qui ne savent pas quoi faire ! Rached appelle à un dialogue constructif entre les parties en conflit afin de sauver les enfants et ne pas compromettre leur avenir. L'horizon demeure encore sombre, dans un contexte où les deux parties campent sur leurs positions. « Et qui paie les pots cassés ? S'interroge Mme Sioua .Ce sont, bien évidemment, nos enfants, qui sont perdus et qui ne savent pas quoi faire. On est très inquiet. C'est vrai que les enseignants ont leurs revendications. Mais quel est la responsabilité de ces élèves face à ce conflit dont on ne voit pas le bout ! Risquent t-ils de passer leurs examens la semaine prochaine alors que la date du concours d'entrée aux lycées pilotes est fixée pour le 18 juin. Comment ils vont aborder ce concours ? » Dr Jamel Atta est très furieux « c'est de l'inconscience dit-il J'interpelle les pouvoirs publics. Il faut absolument qu'ils prennent leurs responsabilités. Il n'est plus question que nos enfants deviennent des otages » Bref les enseignants tiennent à leurs revendications. Pendant ce temps, les élèves et leurs parents restent les otages de cette crise sans issue...Peut être la réunion tripartite prévue hier après-midi entre le syndicat de l'enseignement de base et les ministères des affaires sociales et de l'éducation mettra t-elle fin à ce blocage ?