Utap : Moez Ben Zaghden réaffirme sa légitimité    Kaïs Saïed, Boubaker Bethabet, Egypte …Les 5 infos du week-end    Rentrée scolaire et perturbation du trafic routier: série de mesures du ministère de l'Intérieur    Dar El Kamila à La Marsa ouverte au public pour les Journées européennes du patrimoine 2025    Un faux fusil d'assaut braqué sur la police, mandat de dépôt contre le suspect    Résultats et classement de la Ligue 1-5e journée)    Gaza: départ du premier navire tunisien de la flotille de la Résilience    Le Président Abdelmadjid Tebboune nomme Sifi Ghrib Premier ministre    Hergla : un incendie s'est déclaré dans l'entrepôt d'un complexe de loisirs privé    Tennis – Challenger de Saint-Tropez : Moez Chargui entre en lice mardi    À partir du 17 septembre : TikTok pourrait être interdit aux Etats-Unis    Grève des taxis individuels : report en raison de la rentrée scolaire    Le convoi de la Résistance prend le large vers Gaza avec des Tunisiens et des étrangers    Rentrée scolaire : conseils essentiels pour les élèves et les parents lors des premiers jours    La flottille Al Soumoud entre la clarté de l'adhésion populaire et le tangage des autorités    Visas tunisiens simplifiés pour les Egyptiens : qui peut en profiter ?    La Tunisie à l'honneur à Bucarest le 22 septembre prochain    La Tunisie simplifie les procédures de visa pour les Egyptiens    Elections du barreau : Amin Mahfoudh salue le scrutin pour sa transparence    Cisjordanie : Incursion militaire dans deux écoles de l'UNRWA à Jalazoun, Ramallah    Des lois qui construisent au lieu de rafistoler    Production d'électricité: une hausse de 4% enregistrée    Balance énergétique : Tunisie réduit son déficit de 5 %    ligue 1 ­- 5e journée – ST-EST (1-0) : Les Stadistes en bons maîtres des lieux    Météo – Tunisie : vents faibles et légère hausse des températures    Gaza: quatre morts dans une frappe israélienne sur des tentes de déplacés    Abdelaziz Kacem: Le poignard d'Esmeralda    La victoire de Boubaker Bethabet saluée par les avocats    Elections du bâtonnier : Ajbouni appelle à rompre avec deux mandats jugés honteux    Nouveau pont de Bizerte : avancement des travaux et ouverture prévue en 2027    Crise à l'Utap : le président démissionne et le vice-président prend le relais    ARP : Tarak Mahdi évoque la nécessité de réguler l'usage des réseaux sociaux par les mineurs    Kaïs Saïed dénonce de « faux adversaires » manipulés par un metteur en scène    Annulation du ferry Tunis – Marseille du 13 septembre    Hommage posthume à Fadhel Jaziri : deux jours de commémoration pour son quarantième jour de décès    72ème anniversaire de l'assassinat de Hédi Chaker: Photos et documents révélés par les Archives nationales    Hannibal Mejbri offre un immeuble estimé à un million de dinars à SOS villages d'enfants    L'artiste Wadi Mhiri décédé à l'âge de 60 ans    JCC 2025 : ouverture des inscriptions pour la section "Cinéma du Monde" jusqu'au 10 octobre    Exposition l'objet de Majed Zalila : Bizarre, Bizarre    Les trois savants auxquels Abdelmajid Charfi témoigne de sa profonde reconnaissance    Sidi Bou Saïd : la Tunisie accélère le dossier d'inscription à l'Unesco    Le futur champion tunisien Rami Rahmouni sur le point d'être naturalisé en Arabie Saoudite    Partenariat tuniso-égyptien pour élargir les opportunités dans l'agriculture, le tourisme et la technologie    Une source précieuse : Encyclopédie de Science politique    La FIFA donne raison à la Fédération tunisienne : les joueurs avertis !    La Tunisie décroche son billet pour le Mondial 2026    Toutes les chaînes pour suivre le match des Aigles de Carthage    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« J'ai délibérément opté pour un cinéma populaire de qualité »
Publié dans Le Temps le 06 - 10 - 2015

Esthète, elle a conjugué sa sensibilité à travers des modes d'expressivité artistique et littéraire. En effet, elle est cinéaste et a réalisé six films qui ont été sélectionnés dans les festivals nationaux et internationaux, à l'instar des JCC, Dubaï, San Francisco, FESPACO, Lumières d'Afrique, Festival Méditerranéen de Bruxelles, Films de Femmes Méditerranéens à Marseille, Festival International CinéAlma, Festival Maghreb des Films à Paris ; Festival méditerranéen de Montpellier, Biennale des Cinémas Arabes de lIMA etc., diffusés par TV5 Monde, France 3, la BBC, 2M Maroc, El Watania 2 (Tunisie). Elle est aussi femme de lettres et chercheuse. Ses quatre ouvrages ont obtenu le prix de la recherche scientifique, à savoir, le Comar du premier roman, le prix de l'édition africaine, le prix Zoubeida B'chir de la création féminine. Sonia Chamkhi est bel et bien une femme qui a su siller son chemin sur la voie de l'art et de l'esthétique. Dans cette interview, elle nous présentera son nouveau film Aziz Rouhou (Narcisse) et nous explicitera sa vision du monde concernant la création et l'art du cinéma.
Le Temps : Vous êtes pluridisciplinaire : femme de lettres, enseignante d'art plastique, cinéaste, ces différentes sensibilités artistiques vous permettraient- elles de créer un cinéma esthétiquement différent?
Sonia Chamkhi : D'abord permettez-moi de rectifier un détail : je ne suis pas enseignante d'art plastique mais de design Image et de publicité et ce jusqu'à l'année dernière où j'ai obtenu ma mutation à l'Ecole du Cinéma et de l'Audiovisuel de Gammarth (ESAC) où j'enseigne l'écriture du scénario, la narratologie et l'esthétique du film. D'ailleurs parallèlement à l'enseignement du Design Image et de la publicité, j'ai donné des cours de cinéma dans une école privée ( EDAC). Du coup, ma spécialisation a plus attrait à l'écriture (récit littéraire ou filmique) et à la réalisation cinématographique. J'ai délibérément opté pour un cinéma populaire de qualité.
J'avais souci de m'adresser à un large public sans faire de concession sur la qualité artistique de mon travail. Et je pense même que des producteurs m'ont fait confiance entre autres parce que j'avais ce souci de la réceptivité. Cela est-il une différence esthétique en soi ? Si l'esthétique est une force d'expressivité, de sensation et d'affects, je dirai humblement oui : j'ai une sensibilité singulière et mon travail est extrêmement personnel. Mais si vous entendez par là des films arts et essais, des expériences filmiques à proprement parler artistiques : jusque-là ce n'était pas ma visée. Mais cela n'est pas exclu : j'y pense même de plus en plus : se libérer des contraintes de la production et du marché est un luxe. Et je veux bien me l'accorder d'autant plus que le cinéma en Tunisie agonise et qu'il n'est plus tenable de faire tant d'efforts pour un marché moribond.
Votre profil d'universitaire, académique, marqué par les règles et les canons artistiques, n'influence-t-il pas le profil artiste qui cultive la marginalité, l'exubérance, la démesure ?
D'abord, j'ai eu un parcours académique assez mouvementé : il est fait de bifurcations, de ruptures, de changements. Je n'ai eu de cesse que de poursuivre les savoirs et les savoirs- faire qui me passionnent et répondent à des interrogations existentielles. Et si je suis une bonne académicienne c'est parce que j'aime lire et que je crois que sans la connaissance la vie est une crevasse. Par contre, ces savoirs ne relèvent pas forcément comme vous dites des règles et des canons (abandonnés d'ailleurs depuis l'avènement de l'art moderne et de l'esthétique – qui n'est pas la « traditionnelle » science du beau- . La réponse un peu plate -vous me le pardonnez- serait qu'une large partie de mon savoir académique (d'abord esthétique) est celui de la perception, de la sensation, du SENSIBLE qui a partie prenante à la marginalité, à l'exubérance et à la démesure mais pas uniquement d'ailleurs.. Par contre si vous sous-entendez « la figure de l'artiste maudit » : il se trouve que de Rimbaud à Toulouse Lautrec c'est plutôt du côté des poètes et des peintres qu'il faudrait les chercher car très peu de cinéastes l'ont été. Quand à la part maudite de chaque artiste, je peux vous l'assurer : nul ni échappe. La mienne est anonyme et partagée : c'est celle de la majorité des artistes tunisiens (tout domaines confondus) qui peinent dans un contexte de décadence à apporter néanmoins un brin d'intelligence...De-là à s'afficher « en tant qu'artiste maudit et marginal » c'est un pas que je ne franchirai pas : mes déboires sont mes affaires personnelles et la création est une bonne catharsis que je recommande d'ailleurs à tout un chacun : écrivez, peignez, pratiquez une musique, du chant, cela prémunit de la violence et de la bêtise.
Vous avez abordé dans vos films le patrimoine immatériel tunisien. Comment pourrait-on proposer un traitement du patrimoine qui ne tombe dans le folklorisme ?
Je n'ai pas de recettes. Je fais à ma façon et je me prémunis de tout traitement folklorique.
Vous avez réalisé plus de films documentaires que de fiction. Pourquoi ?
Pour des raisons purement financières. Les films de fiction sont nettement plus onéreux. Entre une fiction et une autre, j'écris un essai ou un roman et/ ou réalise un documentaire : mais je le fais toujours avec la même passion et la même rigueur.
Présentez-nous votre nouveau film.
C'est un long métrage de fiction intitulé Aziz Rouhou (Narcisse pour le titre français) avec pour les rôles principaux Fatma Zaidane, Jamel Madani, Aicha Ben Ahmed, Ghanem Zrelli et une pléiade d'acteurs talentueux dont Sondess Belhassen, Wassila Dari, Najoua Miled, Monem Chouaeit, Basma El Euchi, Slah M'ssadek et de nouvelles découvertes dont Walid Khadhraoui et Farès Landolssi et Zeineb Bouzid. L'équipe de films est totalement tunisienne qu'il s'agisse de l'image (Directeur photographie : Mohamed Maghraoui) du montage (Karim Hamouda), du son ( Moez Cheikh), de la musique ( Oussama M'hidi) et du Mixage ( Hachemi Joulak)...Je suis dans la même veine et j'espère que comme pour mes films précédents, le public ( d'abord tunisien et ensuite d'ailleurs) adhèrera et se sentira concerné. Et si ce film obtiendra autant de sélections à des festivals internationaux et autant de diffusions télévisuelles que mes anciennes productions, je dirais que le pari de faire un long métrage de fiction dans le marasme économique actuel du cinéma tunisien est tenu. Et permettez-moi de remercier mon producteur exécutif Lotfi Layouni qui m'a soutenue dans des moments très durs et toute l'équipe du film qui a donné le meilleur d'elle-même...
Seriez-vous présente dans les JCC ?
Je ne sais pas encore.
Comment évaluez-vous l'initiative de programmer les JCC annuellement ?
Très bonne initiative : il faut plus de visibilité pour le film tunisien mais encore faut-il aussi démarrer l'application des réformes. Cette année, nous avons plusieurs films (dont quelques-uns ont entamé leur production depuis plusieurs années) mais que ferions-nous pour les prochaines sessions : un festival tunisien sans films tunisiens ?
Votre dernier mot
Je suis peu optimiste pour l'avenir de notre cinéma : un cadre juridique et économique obsolète, des passe-droits, du clanisme et un statuquo qui semble arranger les « affairistes ». Sur le moyen terme (si ce n'est le court terme) c'est la déchéance du secteur. A moins que les consciences s'éveillent...et je félicite tous les acteurs du domaine qui s'acharnent et arrachent des réussites en dépit et malgré tout : le cinéma est mort, vive le cinéma.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.