Depuis Histoire du cinéma en Tunisie, premier livre tunisien sur le cinéma, écrit en 1971 par Omar Khlifi (éd. STD), plusieurs écrivains et critiques ont consacré des ouvrages à l'étude du septième art sous nos cieux. Parmi eux, nous trouvons l'auteur dramatique et réalisatrice, Sonia Chamkhi. Après Cinéma tunisien nouveau, Parcours autres qui a obtenu le prix Zoubeida-B'Chir de la recherche scientifique, au titre de l'année 2003, elle vient de «récidiver» en signant Le cinéma tunisien à la lumière de la Modernité (édité par le Centre de publication universitaire). Dans cet essai d'une grande rigueur scientifique qui se veut une réflexion sur le jeune cinéma tunisien et qui couvre la décennie 1996-2006, Sonia Chamkhi se lance, à travers 185 pages, dans le décryptage de films qu'elle considère comme représentatifs de leur époque. Il s'agit de Demain, je brûle de Mohamed Ben Ismaïl, Satin rouge de Raja Amari, Khorma de Jilani Saâdi, Essaïda de Mohamed Zran et VHS Kahloucha de Néjib Belkadhi. Le choix de ce corpus, même s'il n'est pas dénué d'une certaine subjectivité, est motivé, selon l'auteure, par le fait que ces longs métrages semblent porteurs, dans la manière de traiter la problématique de la modernité, de nouvelles démarches esthétiques et d'un renouvellement discursif. Ils véhiculent également une sensibilité qui vient rompre avec celle que nous pouvons trouver dans les œuvres de la génération précédente de cinéastes tunisiens. L'analyse narratologique, thématique et esthétique de ces cinq productions conforte, à bien des égards, ce choix. Dans Cinéma tunisien nouveau, Parcours autres, Sonia Chamkhi interroge avec pertinence la forme et le contenu des longs métrages sélectionnés. Elle s'attaque d'abord à la structure et à l'écriture filmique pour se focaliser ensuite sur les ressorts et les enjeux des thématiques qui y sont traitées, toujours sous le prisme de la même problématique, celle de la modernité. La lecture intertextuelle avec laquelle l'auteure termine son livre révèle une «double transgression des valeurs traditionnelles du bien et du beau» dans le jeune cinéma tunisien. En guise de conclusion, l'écrivaine discute les limites de ces expériences, fruits de la troisième génération de cinéastes tunisiens au regard de l'état général du septième art dans notre pays. Cet ouvrage, qui servira aux étudiants de cinéma, aux cinéastes, aux chercheurs, mais aussi aux cinéphiles qui découvriront d'un autre œil des films qu'ils ont vus sur grand écran, est d'autant plus intéressant qu'il résulte du regard conjugué du chercheur, de la réalisatrice, de la journaliste et de l'auteure dramatique et littéraire. Sans parler de la belle couverture qui reflète, par ailleurs, les qualités de designer graphiste de l'écrivaine. Une autre corde à l'arc de Sonia Chamkhi.