Elle est bien terrible, cette classe politique, dernière de la classe auprès de l'opinion publique et, première dans l'exercice de la torture chinoise dans ses rapports avec le peuple tunisien qui l'a placeé au pouvoir et/ ou ( au choix!) dans l'opposition. Comment? Le chef de l'Etat à l'étranger et voilà, qu'un des fondateurs de Nidaa Tounès, gratifie ses électeurs d'une démission, la 1ère du gouvernement Essid. Quelle grande opération médiatico-politique personnelle a réalisé ce démissionnaire. Passons aux faits. Aux premiers doutes quant à la survie du gouvernement Essid, cet avocat chevronné quitte le navire parce qu'il avait été, dit-il «empêché de faire son travail». Il a mis du temps pour s'en rendre compte !! Au fait, comme le confirment des sources proches de La Kasbah, ce jeunot de ministre n'a jamais rien demandé, ni formulé aucune nouvelle idée concernant son rayon de responsabilités et l'exercice de ses fonctions. Il a rendu le tablier rien que pour se réserver une 2ème chance. Une mise en scène de mauvais goût. C'est un suicide politique. Un pas que Yacine Brahim, en dépit des véritables divergences apparues, sur des questions fondamentales, ne l'a jamais franchi. Ne rien faire et accuser le gouvernement d'être un gouvernement de gestion des affaires courantes est une honte en soi, car lorsqu'on se tait durant plusieurs mois, il vaut mieux partir sur la pointe des pieds, question de dignité. Une réaction trop rapide La réaction, le lendemain du chef du gouvernement et le communiqué qui s'en est suivi, mettent fin aux spéculations. L'essentiel est le caractère personnel de la remise du tablier, qui n'influera en rien les rapports avec les quatre partis au pouvoir. La messe est dite. Pour un chef de Gouvernement qui est resté longtemps muet un peu trop, la célérité de la réaction et son timing, après une grande conférence de presse au retour de New-York, cette fois-ci, est une nouveauté chez Habib Essid qui par la même occasion a marqué son terrain d'intervention constitutionnellement parlant en rappelant que c'est lui qui décide du remaniement ou non, et que «pour le moment», aucun remaniement n'est à l'ordre du jour. Les choses sont plus compliquées que l'énoncé du texte de la Constitution. Le partant doit être remplacé en tenant compte de beaucoup de paramètres. Puisqu'un membre va-être remplacé, pourquoi pas d'autres une bonne fois pour toutes ? Par ailleurs, il est probable que le démissionnaire soit reçu par Essebsi, car tout bouillonne à l'intérieur de Nidaa Tounès. Mondher Bel Haj Ali, s'excuse auprès des Tunisiens à la télé, Abdelmajid Sahraoui envoie une longue lettre au bureau exécutif de son parti...Une succession sans précédent d'aveux d'échec ! Un vrai massacre en direct sur les écrans de télévision. Si la classe politique est la dernière de la classe en indice de confiance dans l'opinion publique, ce n'est que justice faite. Vers où va évoluer la situation interne du premier parti, bloqué par la guerre des clans, et l'incapacité manifeste de son jeunot et éphémère SG, de maîtriser la situation et imposer le respect des structures ? Rien n'est moins certain. Dans un contexte plein de risques pour le pays, la torture des Tunisiens n'en finit plus. La «Cépérisation» galopante de Nidaa Tounès Ainsi, le pays, dirigé par Rached Ghannouchi, a subi deux trahisons du côté de Nidaa. La première lorsqu'il a vite choisi une alliance avec Ennahdha, alors que toute sa campagne électorale était bâtie dans l'opposition farouche à ce mouvement. Moncef Marzouki, la veille des élections d'octobre 2011, avait fait de même, en affirmant qu'il ne se ralliera pas à Ennahdha... Mais, pour aller à Carthage, il a oublié sa promesse de campagne. Carthage vaut bien toutes les trahisons. La seconde trahison envers les électeurs par le parti de Béji Caïd Essebsi est que ce dernier quoique 1er parti à la sortie des urnes a refusé le pouvoir, l'application de son programme et s'est caché derrière une équipe gouvernementale à majorité technocrate, le chef du Gouvernement en tête. Les stratèges de Nidaa ont oublié que durant les trois premières années de la Troïka, le parti religieux arrivé premier au pouvoir, a le don inné, de déstabiliser tous ceux qui s'approchent de lui. L'émiettement du CPR en est la preuve concrète. La disparition d'Ettakattol, aussi ! Aujourd'hui, la discorde est là. La révolte contre le Père (BCE) est à peine contenue. Les critiques acerbes contre le Gouvernement Essid sont devenues quotidiennes et prononcées par de hauts responsables du parti. La fin est proche Dimanche prochain Essebsi dira son dernier mot. Le pays ne cesse d'attendre l'aboutissement des luttes internes du premier parti qui a tout d'une force en pleine déflagration et divisions en plusieurs partis, en dépit de l'unité de façade...Vont-ils à la dernière minute, trouver une sortie honorable à leur crise, ces Nidaïstes ?...Leurs vieux de la vieille laisseront-ils la place aux jeunes? Rien n'est moins garanti. La dérive se généralise. Comment tenir et gérer un pays où chacun ne chante que sa propre musique ? Tout plaide pour un blocage total, sinon une rapide autodestruction de Nidaa, qui ne compte plus au sein de l'opinion publique. Quant au gouvernement, il survivra avec le même patron, le plus rassurant des autres candidats, car dépourvu d'ambitions personnelles. Serait-il un politicien chevronné (Siassi Mohannek), sa longue expérience en a fait un commis de l'Etat qui en suivant la même ligne, désarçonne ses détracteurs et en premier lieu ceux qui sont supposés le soutenir. Irremplaçable, car les autres, super-compétences et elles existent , ont une posture qui n'arrangent pas le locataire de Carthage. Cet héritier de Bourguiba, veut une fin de vie tranquille et éventuellement une grande sortie qui marquera l'histoire. Pour la sortie, elle ne peut qu'être ordinaire ; pour la tranquillité, Essid l'assure bien. Il faut faire avec le présent qui s'éternise au rythme des deux têtes de l'Exécutif. Dans deux ans, et après les municipales, « demain sera un autre jour ».