Nous avons vu récemment dans le même journal en comparant , toute proportion gardée , la butte de Montmartre à celle de Sidi Bou Saïd , quels profits pourrait tirer Sidi Bou Saïd de tout ce qui se fait à Montmartre comme animation et comme exploitation de l'art populaire qui se fait et immédiatement l'avantage que tirent des millions de visiteurs de leur fréquentation des lieux aussi mythiques . Nous avons également incité les autorités municipales, culturelles et la société civile à développer un projet culturel alternatif et une vision nouvelle pouvant faire de Sidi Bou Saïd un centre d'art contemporain significatif ; ce centre deviendrait méditerranéen ou mondial s'il associât Carthage, la Marsa et toute la côte de Carthage à ce projet. Nous avons également attiré l'attention sur les grandes possibilités que recèle le site de Sidi Bou Saïd , au niveau culturel , urbain , économique et financier et ceci , bien sûr , en maintenant la sauvegarde du village comme axe principal du projet .le patrimoine architectural matériel et immatériel de Sidi Bou Saïd et sa préservation deviendront un élément moteur du projet dont l'aménagement ne touchera en rien à la structure déjà existante .le parking gardera ses activités actuelles avec quelques modifications et l'introduction de quelques ateliers d'art et l'assainissement des baraquements voués aujourd'hui à l'artisanat. Le projet réel auquel nous pensons se situe au niveau d'un aménagement sur le terrain voisin du parc du palais du baron d'Erlanger. ( le terrain du parking actuel appartenant également au baron d'Erlanger) d'une cité de l'art avec cinquante ateliers (peinture, céramique, mosaïque, photo...) au profit d'artistes tunisiens professionnels avec l'installation de quelques autres équipements de loisirs .Les ateliers seront aménagés par la mairie de Sidi Bou Saïd et la mutuelle des artistes tunisiens en cours de création. En diversifiant ainsi les activités culturelles de Sidi Bou Saïd le village gagnera en efficience sans toucher à l'authenticité à l'unité du site et à son patrimoine. Les autres propositions concernant la création d'un musée d'art centré sur la présence de Sidi Bou Saïd dans l'art contemporain et chez les artistes qui ont aimé depuis la fin du 19ème siècle Sidi Bou Saïd .Ce musée pourrait être logé dans l'ancien palais de Sidi Bou Saïd à Sidi Dhrif et aussi dans les palais de la famille déchue de Ben Ali. Cette réflexion nous a été inspirée de l'exposition des deux peintres tunisiens tenue à Sidi Bou Saïd, à la galerie saladin et parce que nous constatons que nous n'avons pas parlé encore de l'événement en lui-même .mais il n'est pas trop tard pour bien faire. En effet l'exposition en question continue encore aujourd'hui de se tenir autour de deux peintres tous aussi intéressants l'un que l'autre. La première partie de la salle d'exposition de la galerie saladin a été vouée aux travaux de Madani et la deuxième à Fathi Rebai. Ces deux peintres tunisiens nous viennent de la butte de Montmartre d'où notre intérêt pour celle-ci. Madani et Mbarki nous proposent des tableaux de dimension réduite, modeste ramassée , mais également savamment élaborés au niveau de la composition presque minimaliste les éléments de la composition sont réellement dynamiques à sens quelquefois ascendant et d'autre fois descendant au niveau de leur itinérance comme au niveau de leur couleur .La surface picturale rouille d'éléments multiples vivants continus et discontinus. Madani malgré tout arrive à loger ses figures toutes hiératiques au niveau d'un monde pictural dynamique Madani sauve la figure dans ce monde chaotique qui l'entoure et qui nous entoure. Avec les tableaux de Fethi Rebai et ses dimensions importantes quelquefois , nous entrons dans un monde très polychrome et lié très fortement à la manière de voir et de faire du grand Matisse et à son approche particulière de la peinture l'exercice très élaboré de Rebai établit devant la présence incantatoire des éléments picturaux empruntés à l'orient extrême , ou au moyen orient servie par Rebai d'une manière heureuse et gaie , Rebai se réfère à Henri Matisse .il ne s'en cache pas il ne le copie pas il lui rend hommage en suscitant ici et là une ressemblance , une similarité autour d'un motif , d'une peinture ou d'une ambiance que seul Matisse pouvait réaliser les aplats célèbres du peintre sont repris , quelquefois ramassés rassemblés les couleurs, les formes déployées , ailées du « testament du pharaon » de Matisse sont reprises dans une composition dynamique .....autre que celle développée chez Matisse apparait, les fleurs, les éléments végétaux propres à la représentation Matissienne reprise autrement. La présence picturale de Matisse est encore presque constatée mais elle n'est pas lourde. Rebai réussit à s'y glisser, à s'y faufiler en s'amusant presque en s'inspirant du grand maitre cela n'est pas dramatique et surtout que cela se fait dans le cadre d'un hommage ...un hommage appuyé à un grand peintre contemporain de l'Orient / l'Occident Rebai rend hommage à Matisse mais semble ne pas perdre son âme il l'interprète se concentre sur un élément plastique ou figuratif pour le révéler et le mettre en valeur et les éléments plastiques ou figuratifs deviennent récurrents .Rebai s'amuse.....montre sa dextérité sans jamais défigurer la source, sans toucher à l'esprit décoratif. Les figures de Matisse sont reprises et défilent, les couleurs bleues outre mer et toujours Rebai à sa manière nous les restituent il nous rapproche de Matisse et de notre propre Orient. Il tisse un lien, un lien tenu avec lui mais un lien expressif.