Réunis hier au siège du ministère des Affaires sociales, des dirigeants de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et une délégation de représentants de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) n'ont pas pu parvenir à un accord relatif aux augmentations salariales dans le secteur privé. Les positions des deux organisations membres du Quartet récompensé début octobre par le prix Nobel de la Paix pour son rôle crucial dans la transition démocratique du pays étaient très éloignées. L'UGTT a réclamé des majorations salariales de 15% au profit de près de 2 millions d'employés dans le secteur privé tandis que l'UTICA a proposé 17 dinars, une somme que Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, a qualifié de «ridicule » et de «miettes» qui ne répondent en aucun cas aux attentes des salariés. Face à ce blocage, les représentants de l'UGTT se sont retirés de la réunion et décidé de tenir une réunion du groupement du secteur privé et de la commission administrative nationale de la centrale syndicale. En réaction à cette déclaration, Habib Tastouri, membre du Bureau exécutif de l'organisation patronale, a estimé que les revendications de l'UGTT sont «irrationnelles», indiquant qu'«il est aberrant de demander une augmentation de 15% du Smig vu la situation économique du pays». Selon des sources syndicales, la réunion de la commission administrative de l'UGTT pourrait décider de lancer des mouvements protestataires de grande ampleur dans toutes les régions. Ces mouvements de protestation pourraient inclure des rassemblements dans les régions, des grèves sectorielles et probablement une grève générale touchant l'ensemble des entreprises privées sur tout le territoire. Le dialogue entre sociales entamé en septembre dernier entre l'UGTT et l'UTICA pour parvenir un accord sur la majoration des salaires des employés du secteur privé devient ainsi de plus en plus houleux. A noter que le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Yombaiî, a déclaré hier que son département va désormais tenter de rapprocher les points de vue entre les deux parties afin d'éviter le recours à des débrayages et des tensions sociales qui seraient très préjudiciables à l'économie nationale, promettant la tenue d'une nouvelle séance de négociations dans les 72 heures qui viennent.