Le concert du mardi 27 Octobre avait un goût particulier puisqu'il était celui de la fin de la 21ème édition de L'Octobre Musical. Cette soirée automnale était tchèque. A cet effet, l'Acropolium de Carthage, avec le concours de l'Ambassade de la République Tchèque à Tunis, ont invité deux artistes à la renommée internationale : le violoncelliste Michal Kanka et le pianiste Jaromir Klepac. Deux complices sur scène qui ont offert une prestation des plus mémorables dans cette session de l'Octobre Musical. Entre doigté et virtuosité, le public a pu savourer une interprétation enivrante où les frontières entre le réel et le rêvé s'évanouissent pour transporter l'oreille vers un ailleurs dont les contours se dessinent en notes et en phrasés... Sur une scène où trônent un piano et une chaise, le cercle de lumière qui s'est formé grâce aux projecteurs éclairait, par-dessus, ces deux acolytes silencieux sous le regard quelque peu distrait des premiers arrivants. Peu à peu, la salle s'est remplie et l'attente ne fut pas longue puisque les deux artistes ont rejoint la scène sous les applaudissements d'un parterre silencieux et attentif. Cette attention s'est doublée d'un intérêt grandissant au fur à mesure du concert. En effet, dès les premières notes, Michal Kanka et Jaromir Klepac ont placé leur auditoire dans une rêverie qui a pris les airs d'un triptyque musical ressuscitant l'œuvre de Beethoven, Brahms et Dvorak. Les variations tonale ainsi que le génie des trois compositeurs ont été transcendés à travers une exécution rigoureuse, teinté d'une once de sensibilité qui octroyait aux morceaux cette fragilité puissante qui mettait en évidence la magnificence de la partition. Dans leur jeu, Michal Kanka et Jaromir Klepac ont laissé transparaître leur virtuosité où comment un artiste habite l'œuvre. Qu'ils soient en solo ou ensemble, ils ont parcouru la partition pour en extraire l'essence afin de le délivrer dans sa magnificence. De la frénésie à la douceur, les deux artistes ont fait vibrer leurs instruments partageant de la sorte les sensations à fleur de peau. Pendant plus d'une heure, Michal Kanka et Jaromir Klepac ont séduit le public par leur brio et leur acuité. Les notes émanant de leurs instruments respectifs se sont entremêlées pour délivrer aux mélomanes une musique qui passionne et qui émeut. A travers touches et archets, les deux interprètes ont su conjuguer leur incommensurable talent d'interprète au génie créateur des compositeurs pour le bonheur des curieux et des avertis. Ce plaisir musical s'est poursuivi après la fin du programme annoncé où Michal Kanka et Jaromir Klepac ont joué, en guise de rappel, le Cygne extrait du Carnaval des Animaux signé Camille Saint-Saëns. Une partition exécutée à la perfection où la touche personnelle avait teinté le jeu d'une puissance interprétative sans conteste époustouflante. C'est par le violoncelle et le piano qu'avait débuté la 21ème édition de l'Octobre Musical et c'est par ces deux instruments qu'il se clôt. De même, le Cygne, interprété au premier concert en guise de rappel, a clôturé le dernier de cette édition. Si le Cygne a visité l'Acropolium par deux fois puis s'est envolé, il reviendra sûrement l'an prochain pour la 22ème édition. En attendant, le piano fut rangé et le projecteur éteint, et l'on gardera en mémoire, ces soirées automnales qui ont rythmé notre quotidien, y faisant entrer par truchements, la noblesse d'un art et scellant des rencontres inoubliables avec des artistes au talent incontestable. Vivement l'an prochain pour de nouvelles rencontres et des retrouvailles avec un lieu désormais mythique dans le cadre de la 22ème édition de l'Octobre Musical...