L'Association des étudiants et stagiaires camerounais en Tunisie (AESCT) a diffusé dimanche dernier un appel à la vigilance adressé aux ressortissants camerounais vivant sur le territoire tunisien et plus particulièrement ceux résidant à l'Aouina. L'Association conseille aux principaux intéressés de ne pas marcher seuls dans des endroits peu fréquentés surtout la nuit et d'éviter au maximum les attroupements. A l'origine de cette mise en garde l'agression physique, vraisemblablement à caractère raciste, d'un étudiant de nationalité camerounaise en pleine rue. L'AESCT a diffusé des photos de la victime montrant son visage tuméfié et ensanglanté. Sur ces clichés, on voit les yeux du jeune homme tellement gonflés qu'il peine à les ouvrir. Ses lèvres sont également enflées. Les traces de coups et les cicatrices sont bien visibles sur les photos. C'est dire la violence et la brutalité de cette agression. D'après ses dires, le jeune homme a été attaqué et frappé par pas moins de quatre individus. On n'en saura pas plus sur les raisons qui ont mené à cet acte barbare. Diffusées sur la toile, ces photographies ont ému et choqué bon nombre d'internautes dont beaucoup se sont confondus en excuses au nom du peuple tunisien. Tous ont fait part de leur colère, de leur amertume et de leur solidarité avec le jeune homme, ne trouvant aucune excuse aux bourreaux qui ont malmené leur victime, profitant de leur supériorité numérique. Tous, ou presque, ont fermement condamné cet acte ignoble et exprimé leur honte vis-à-vis de la conduite de leurs concitoyens. La société civile a également bougé de son côté. Ainsi, le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie, la Ligue Tunisienne pour les Droits de L'homme, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens, l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates, le collectif Vigilance pour la Démocratie et l'Etat Civique et l'association 23-10 ont co-signé hier un document dénonçant avec force l'agression raciste de l'étudiant camerounais, ajoutant que ce n'est pas une première dans notre pays. Elles rappellent par ailleurs que les comportements racistes touchent également les Tunisiens à la peau noire qui subissent au quotidien discriminations, commentaires humiliants et harcèlements, aussi bien dans la rue comme sur leurs lieux de travail. Pour toutes ces raisons évoquées, ce collectif appelle à condamner fermement tout acte raciste et à poursuivre en justice toute personne coupable d'agression physique ou morale à caractère xénophobe. De même, ces organismes et associations réclament l'adoption d'une nouvelle loi pénalisant clairement le racisme et garantissant la protection des victimes de discriminations raciales, conformément à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et à toutes les conventions internationales bannissant le racisme. Humiliations en tous genres La Tunisie, terre de tolérance et de paix. Oui, sauf apparemment quand il s'agit de religion, d'orientation sexuelle ou de couleur de peau. Le cas du jeune étudiant camerounais agressé est loin d'être isolé. En effet, pas plus tard que la semaine dernière et toujours selon l'AESCT, un autre individu de nationalité congolaise a été tabassé et roué de coups. Pareils incidents graves ne sont malheureusement pas rares. Insultes, humiliations, gros mots, coups, brimades, arnaques... D'après les étudiants et stagiaires d'origine subsaharienne vivant en Tunisie et dont le nombre avoisine les sept mille personnes, rien ou presque ne leur est épargné. Ainsi, plusieurs d'entre eux rapportent avoir été traités, au moins une fois pendant leur séjour en Tunisie, de « nègres », de « kahlouch » ou encore de « sales africains ». C'est à en croire que pour ces individus racistes et intolérants la Tunisie n'appartient pas au continent africain !