« La politique est le premier des arts et le dernier des métiers » (Voltaire) Il est vrai qu'en politique, amitié, alliance, entente, rupture, reprise, « trahison », nouveau départ avec les ennemis d'hier... n'ont pas de fin, entre leaders, partis politiques, associations et organisations nationales. Ne comptent que les intérêts en jeu. Et dans le domaine des jeux, parfois celui qui ne dispose pas d'atouts, au départ, peut rafler la mise à la fin. C'est la règle ! Or, dans notre pays en période de transition, la succession des événements a de quoi déboussoler les observateurs non avertis. Le contrat liant les Tunisiens à leurs dirigeants est devenu d'une légèreté et insignifiance telles qu'on se demanderait, pourquoi, faire un contrat entre gouvernants et gouvernés via les urnes ? Terrible, la rapidité avec laquelle le contrat entre électeurs et élus s'est rompu. Primo : La Constitution, nouvelle version, nous indique un régime parlementaire amélioré. Quelques mois après, on se retrouve avec un régime, partiellement, de partis puisque le Chef du Gouvernement a besoin de consulter un comité formé par les premiers partis au pouvoir avant de prendre les grandes décisions. Le malheureux parcours de la note préparatoire du plan en est un exemple édifiant. Son va-et-vient entre ministère de l'Investissement - Gouvernement – Comité des 4 partis de la coalition au pouvoir – ministère - Conseil ministériel... est un exemple de lenteur et de procédures non inscrit dans la Constitution. Et bonjour les dégâts en temps précieux totalement perdu. Est-ce normal de traiter de façon « ordinaire » et d'appliquer une méthodologie héritée de la dictature, pour concevoir et rédiger une note d'orientation un peu trop controversée, par-dessus tout ? Non seulement l'esprit et la lettre de la Constitution sont bafoués, le régime étant devenu de fait, un régime de partis, mais la perte de temps est tellement grande, que le FMI, nous a rappelé la date du 31 juillet pour adopter les lois du partenariat public-privé, le Code des investissements conformément à l'accord signé... par l'Etat tunisien et non encore mis en application. Une Constitution non respectée C'est là une trahison flagrante de la Constitution votée dans la douleur dans le cadre du Dialogue national et obtenue aux forceps. La Constitution consacrant un Etat civil, respectueux des Droits de l'Homme et des libertés individuelles et collectives... a été oubliée. On ne se limitera pas à la seule trahison des électeurs. La plus grande est celle des stratèges de Nida, (devenant si proche l'un de l'autre), qu'on finirait par les confondre dans l'esprit des Tunisiens. Ennahdha et Nidaa Tounès... Une deuxième trahison des électeurs : l'alliance stratégique des deux premiers partis. Certes, la Tunisie n'a pas été trahie, puisqu'elle a gagné une paix sociale fort bénéfique. Mais, ces deux partis, avaient tout à gagner, en annonçant lors de leurs campagnes électorales respectives que la patrie est avant les partis... Pourquoi faire de la surenchère dans un discours anti-Nahdha lors de la campagne électorale et se rallier à elle tout de suite après les élections ? On pourra prétexter du refus de la Jabha d'entrer au gouvernement... Cela ne diminue en rien la responsabilité politique de Béji Caïd Essebsi... au sujet de l'attitude du Front populaire. A peine arrivée au pouvoir, les élus oublient souvent leurs électeurs et leurs promesses...comme partout dans le monde, sauf que dans les pays civilisés, le quatrième pouvoir (La presse), joue son rôle à fond. Comme le peuple a parfois la mémoire courte, il ne fallait jamais s'emporter pour une futile revendication : « Winou El pétrole ! » et il valait mieux remplacer cette campagne populiste par celle-ci : « Winou ili ktal Belaïd ». Certes, Si El Béji a reçu plusieurs fois au Palais de Carthage, la veuve de Chokri Belaïd, est-ce suffisant pour calmer les esprits. Béji Caïd Essebsi, avait promis de dévoiler les assassins de Chokri Belaïd. Rien de concret à mettre sous la dent. Ce n'est qu'une promesse électorale. Encore une autre trahison : Le pouvoir réel dans la Constitution doit être à la Kasbah, il n'est qu'à Carthage. Nous avançons vers un véritable régime « présidentialiste ». Pourquoi avons-nous perdu 3 ans, à cause des slogans fumeux et idéalistes de la Kasbah 1 et Kasbah 2, appelant à l'élection d'une A.N.C ? Nous nous retrouvons, aujourd'hui, avec un régime exécutif à deux têtes, une à Carthage dominante et une à la Kasbah, exécutante... Un déplacement du Centre du pouvoir de la Kasbah à Carthage... « La politique c'est l'art de mentir », disait Voltaire.