Le bateau ivre de Nida Tounès tangue et l'opération de dégraissage commence. Après la tentative de recoller les morceaux, faisant suite à l'annonce de la démission de 32 députés du groupe Nida au sein de l'ARP, la prochaine étape connaîtrait la décrépitude du 1er parti du pays, si l'unité n'est pas sauvée. Chaque tendance va travailler pour son propre compte, à l'intérieur comme à l'extérieur du Nida. Abada Kéfi, un des animateurs du groupe des 32, affirme que le gel de l'appartenance de ce groupe au parti pourrait se muer en démission. Ainsi, un 3ème groupe parlementaire verrait le jour au sein du Parlement. Une groupe d'une vingtaine de députés, fidèles au vice-président Faouzi Elloumi,a été constitué. C'est ce qui a été annoncé, avant-hier, sur un plateau de télévision. Ce groupe soutient les 32, mais préfère, pour le moment, sauver l'unité du parti, misant sur la réussite de la rencontre d'hier à Carthage, croyant que Beji Caid Essebsi finira par convaincre les réfractaires et freiner l'élan de son fils. Ce dernier avait empêché par la force la tenue de la réunion de Hammamet du Bureau exécutif du parti. A la conférence de presse des six membres reçus par BCE, on a parlé de généralités. Tout de même, une information est annoncée : le Président a promis que ni Hafedh Caïd Essebsi, ni Mohsen Marzouk n'auront de hautes responsabilités au sein du parti. La légalité n'avait pas de sens chez la ligne de Djerba représentée par Ridha Belhaj, directeur du cabinet présidentiel et Caïd Essebsi Jr, l'homme par qui sont arrivées les trois grandes crises de Nida. Un gel des activités des deux frondeurs (Essebsi Jr. Et Mohsen Marzouk) n'a pas été décrété par BCE ! Pour les crises, la premièrea en lieu, avant les élections lorsqu'il voulait monopoliser les structures régionales par un hold-up dénoncé à l'époque publiquement par Ridha Belhaj et discrètement par Taïeb Baccouche. La seconde, en mars dernier, quand toute une campagne a été menée contre Taïeb Baccouche pour qu'il quitte le secrétariat général du parti. Cette fois-ci les alliés de Caïd Essebsi Jr, étaient Raouf Khammassi, Nabil Karoui... et Mohsen Marzouk qui a succédé à son ex-patron à l'Institut arabe des Droits de l'Homme. C'était un recrutement à caractère social, d'un jeune militant au chômage. La roue des événements et l'opportunisme ont renversé la vapeur au détriment d'un homme... disposant d'un riche passé de grand syndicaliste... La Troisième est celle que l'opinion publique suit incrédule et dépitée. Le parti qui avait renversé la vapeur contre Ennahdha, avant même de tenir son premier congrès, connaît une « cépérisation » malheureuse. L'appétit de l'argent et du pouvoir en est pour beaucoup. Tout le paysage politique va être chamboulé... Tout d'abord, qu'il se diviserait en 3 partis (groupe de Djerba, celui d'Elloumi et celui des 32 démissionnaires) et le dégraissage commence, à plus ou moins long terme. De toute façon, BCE a repris la main dans le jeu des groupes. Pour Ennahdha, elle deviendra le 1er groupe... Nida d'Essebsi, s'il garde les 20 députés de la tendance Elloumi, sera second avec 37 députés, sinon, il sera relégué encore plus loin avec seulement 17 députés. Mais, si l'accord d'hier se concrétise, il restera premier. Contrairement aux apparences, Ennahdha n'a pas intérêt à ce que son grand allié s'effrite... Certes, à plus ou moins court terme, les rapports au sein de l'ARP et dans les rapports avec le Gouvernement ne changeront pas. Mais, au sein du quatuor au pouvoir, les rapports de force entre les composantes de la coalition changeraient, si on continue à se diviser. Certes, un régime de partis n'est pas en conformité avec l'esprit et la lettre d'une Constitution à régime parlementaire amélioré. Habib Essid aurait plus de pouvoir sur les partis. Dans tous les cas de figure, Carthage, renforcera son pouvoir et son autorité sur La Kasbah. BCE sera de plus en plus le maître... devant des partis affaiblis. Contrairement à Ennahdha, la Jabha, montrerait ses dents... et grandirait en dégraissant... des centaines de milliers de voies partis à Nida Tounès. Le paysage politique, de toute façon, est ouvert à toutes les hypothèses. Par ailleurs, les hors-système comme Mondher Zenaïdi ou Mehdi Jomaâ... ont beaucoup de calculs à faire. Certains parlent d'un ticket Jomaâ/Znaïdi (un à la Kasbah, l'autre à Carthage)... Il se précisera dans un sens ou un autre en 2018... Entre-temps, Habib Essid continuera avec plus d'autorité... l'essentiel est que le bateau Tunisie ne tangue pas. Les partis peuvent se permettre des tiraillements internes... Pas ceux qui ont la charge de l'Etat...