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Le Bilan
Publié dans Le Temps le 17 - 11 - 2015

Une pluralité de festivals constitue –t- elle un signe d'épanouissement du paysage culturel ? Les enjeux et les attentes d'une manifestation artistique sont-ils atteints ? Ou, cette « festivalomanie » (terme d'Inez Boogaarts) n'est autre qu'une superflue redondance, dépourvue de tout intérêt et de tout sens ? Des questions qui s'imposent à l'esprit après chaque fin de festival. Il est ainsi judicieux de porter un regard critique sérieux et profond, afin de déterminer les défaillances, les lacunes et les limites d'une action culturelle, mais aussi, de mettre en relief les aboutissements et les succès d'une édition . C'est ainsi que nous nous sommes adressés aux critiques et aux professionnels de théâtre, afin d'évaluer la 17ème session des Journées Théâtrales de Carthage qui vient de s'achever et de béer la porte aux prochaines Journées cinématographiques. Témoignages :
Faouzia Mezzi (critique de théâtre)
L'espace de réflexion et de critique a été, à son tour, saisi par l'attrait politique de la session
« La 17ème session des J.T.C qui vient de s'achever le 24 octobre 2015, a sacrifié l'art à la politique. La cérémonie d'ouverture en date du 16 octobre, s'est érigée en un espace de contestations, résolument inspiré de la scène sociopolitique. Aux problématiques de la recherche théâtrale se sont substituées des problématiques mélangeant, pêle-mêle, contestations, revendications syndicales, caricature des voies de la création théâtrale et l'hommage à Ezzeddine Gannoun, oraison funèbre noyant son œuvre et sa démarche dans une ambiance nostalgique frisant l'anachronisme. Le projet de cette session a manifestement souffert de nombre de faiblesses.
L'absence d'un fil conducteur en rapport avec la vocation initiale et essentielle des J.T.C, c'est-à-dire son ouverture sur les expressions théâtrales arabo-africaines et au gré de son évolution, dans les années 90, sur les expressions théâtrales dans le monde. Dans cette perspective, la sélection des spectacles devrait répondre d'options adaptées aux problématiques de l'heure dans la zone indiquée, non pas uniquement sociales et politiques comme ce fut le cas dans cette session, mais aussi esthétiques.
L'espace de réflexion et de critique a été, à son tour, saisi par l'attrait politique de la session, en faveur du thème théâtre et Droits de l'Homme. La question se pose, donc, de savoir si les J.T.C doivent se positionner par rapport au fatras de l'événementiel politique et, par la même, trainer leurs contentieux ou, au contraire, opérer un regard incisif sur les significations profondes de cet événementiel et ses prolongements dans la scène de la création. Trente-deux ans après leur fondation, les J.T.C semblent vouloir tuer le père. Les commanditaires de ce projet se sont attelés à cette tâche par le racolage politique, servant un menu théâtral non identifié, indiscutable et qui a servi comme d'alibi à l'exclusion de la réflexion et du partage qui a motivé bien d'autres sessions dans le passé. Or, la rupture est en retard de nombre de changements épistémologiques et esthétiques qui ont parcouru et le font encore les théâtres dans le monde. »
Mohamed Moumen (critique de théâtre)
« Cette édition a consommé tout ce qui a rapport avec la pensée théâtrale. »
Il est évident que le niveau des pièces données à voir, n'est pas à la hauteur d'une manifestation de l'envergure des JTC. Quel est l'esprit du choix qui a présidé à la programmation des œuvres ? Cette manifestation a bel et bien, perdu son sens, son utilité, son opportunité, et donc sa légitimité. Elle ne peut plus être soutenue, défendue et portée par la Tunisie, surtout en cette période difficile à tout point de vue. On se demande quelle est la rentabilité économique, si les difficultés financières entravent le développement et l'atteinte des objectifs qui correspondent à la mission historique pour laquelle les journées théâtrales ont été fondées ? Quelle est la rentabilité culturelle, si on ne peut pas construire au niveau de l'éducation théâtrale, et que la mission pédagogique, la plus élémentaire, celle de montrer aux intéressés l'état de la théâtralité dans le monde arabo africain, est, de moins au moins, assurée ? On prétend avoir poussé quelques coproductions, ce n'est que du saupoudrage pour dissimuler l'absence du sens des JTC !
C'est une semaine hyper concentrée, on ne voit pas suffisamment de spectacles à tête reposée, il n'ya pas de discussions réelles autour de véritables questions, les colloques se font avec des thèmes qui ne correspondent à rien de nécessité historique. On invite des gens qui ne présentent aucun intérêt intellectuel et esthétique. Déjà, la compétition qui poussait à la motivation et à la qualité, était supprimée depuis Mohamed Idriss. En réalité, les JTC souffrent depuis des années, depuis sept ou huit sessions, et cette édition a consommé tout ce qui a rapport avec la pensée théâtrale. On dirait, qu'on essayait de maintenir une habitude, ou un rituel dépourvu de sens.
Déjà l'impossibilité de développer ces journées est inscrite dans le budget alloué ! Cependant, on compte les transformer en journées annuelles. C'est absurde ! Avec quel financement on va procéder à cela ? Il n y a que le Ministère de culture qui finance. Les privés sont complètement désintéressés ou absentés, d'ailleurs, on ne sait pas, si on a tenté des opérations de marketing, de promotion au près du capital privé, qui ne bouge que lorsqu'il est convaincu. Au lieu de les rendre annuelles, il faut se demander si elles sont nécessaires actuellement ? C'est un acquis qui peut être remis en cause, il n'est pas èternel.
Le théâtre est en train de se détériorer à tout point de vue, dans toutes ses activités ; Alors, il faudrait réserver le budget alloué à ces journées à autres rayons de l'activité théâtrale qui sont prioritaires : appuyer les bibliothèques, la production, l'enregistrement des pièces, la distribution, promouvoir le livre théâtral qui n'existe pas en Tunisie, publier les actes du colloque, améliorer l'infrastructure des espaces culturels, les équiper de bibliothèques d'ouvrages théâtrales, une vidéothèque...
Les JTC sont entrées vraiment dans une phase critique. Ce serait mieux de revenir à la semaine du théâtre ! Je lance un appel à un véritable congrès sur les JTC. C'est vraiment problématique de miser sur les personnes par la voie du copinage au détriment des programmes et des projets !
Fathi Akkari : Homme de théâtre
« Les journées théâtrales de Carthage sont-elles une habitude ou une nécessité ?»
L'appellation « journées théâtrales de Carthage » suscite des questions que doit soulever chaque responsable des JTC. Tout d'abord, cette édition est dirigée par Lassad Jamoussi, un universitaire. Les conventions qu'il a établies avec l'enseignement supérieur, avec l'éducation, et la notion de décentralisation sont des brèches nouvelles, qui sont objectivement louables, mais ceci reste à mieux faire. 2015 est indicateur de conjoncture, on est à 4 ans de 2011, nous sommes encore sous l'effet du séisme, du chaos des valeurs et des repères culturels, civilisationnels, moraux, économiques, politiques. Tous les territoires sont atteints et déstabilisés et donc c'est une lutte acharnée, hasardeuse, improvisée, parfois programmée, à qui fait mieux pour arracher un territoire. Mais parallèlement, il y a un désarroi citoyen, on ne sait plus se repérer. Les traditions sont ébranlées. Cette recherche d'un nouvel ordre, est la question qu'on doit se poser, partant de la donne 2015 ! Quels ordres esthétique, culturel, théâtral, faudrait-il instaurer ? A ce titre là, est ce que les JTC sont porteuses de signes précurseurs d'un nouvel ordre ? C'est à méditer ! On a appelé cette manifestation de « Journées » et non festival qui veut dire unité ! Le sous-entendu est que chaque jour est différent de l'autre, or est-ce chaque jour pendant les journées théâtrales, était porteur d'une différence, d'un événement nouveau marquant ? Qu'est-ce qui distingue hier de demain, au niveau de notre sensibilité, de notre émotion, de notre goût esthétique, et du type de spectacle ?
De toute manière, je n'ai vu aucun spectacle et pour cause, j'étais trop pris par les performances D'amour et de résistance, que nous avons jouées à l'espace l'Ingar, au grand café du théâtre, à la librairie Al kiteb. J'ai procédé de cette manière dans le sens qu' « il faut déserter les bâtiments d'inutilité publique » j'ai présenté dans un espace clos. Il y avait une volonté de retrouver une dimension subversive dans l'art, d'interférer le quotidien (quelqu'un qui vient prendre un café) et ça devient immédiatement, sans préavis, un espace de vision d'art. On s'est rendu compte que le spectateur citoyen s'intéresse progressivement ; il découvre des textes profonds, des jeux d'acteur. j'ai éprouvé jusqu'à quel point le citoyen est assoiffé de valeurs nouvelles. Est-ce que les JTC ont participé à la réalisation de ce citoyen nouveau, qui est un objet de déchirement, arraché par des forces des partis, des associations. Il est vidé en tant que citoyen !
Carthage aussi, est une évocation d'une racine, on se rappelle qu'à l'origine, c'est une nécessité de faire l'art, de faire le théâtre. Est-ce que les journées théâtrales de Carthage sont aujourd'hui une habitude ou une nécessité ?
Hacen Mouadhen (Homme de théâtre)
« Il faut miser sur des potentialités créatrices »
Le budget consacré aux Journées Théâtrales de Carthage constitue une fois et demie l'enveloppe destinée à l'aide aux productions théâtrales pour une saison. D'ailleurs cinq grandes manifestations : le Festival de Carthage, les JTC, les JCC, la Foire du livre constituent 42% du budget global consacré à la création. Je trouve que cette manifestation s'est éloignée de ses objectifs, elle n'a plus de contenu. Je crois qu'une des tâches fondamentales des JTC, c'est de promouvoir la qualité, et là, l'absence de compétition fait défaut à cet objectif. Je considère que dans le devenir, la compétition doit se faire entre les professionnels, parce que le problème qui se posait avant, c'est de mêler les amateurs avec les professionnels, les jeunes avec les anciens. Les amateurs peuvent être programmés dans une section parallèle. Il peut y avoir plusieurs catégories, un prix pour la première production, un autre prix pour les sensibilités les voies nouvelles, et les grands soit disant « requins » peuvent participer d'une manière honorifique ; mais éliminer la compétition, c'est une erreur flagrante. D'autre part, comment mettre les créateurs tunisiens au diapason du théâtre à l'échelle internationale. Je crois que ce n'est pas un problème de quantité mais de qualité. Il vaut mieux programmer une dizaine de spectacles d'un certain niveau, que de programmer une cinquantaine de spectacles. Il me semble que nos manifestations tunisiennes prennent de plus en plus une dimension politique comme si la politique commandait à certaines actions culturelles ! Les défis conjoncturels sont très importants, mais on ne peut combattre ces défis là qu'avec l'art ! Où est l'art, la beauté dans ce qui se donne à voir sur nos scènes ? Encourager les jeunes, c'est d'une importance capitale, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il faut miser sur des potentialités créatrices. Tout cela est à repenser, à revoir !


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