Depuis que les tiraillements au sein de Nidaa Tounès ont pris le dessus sur toute autre considération unitaire, on ne cesse de répéter aussi paradoxal que cela puisse paraître, que les différents protagonistes des désaccords, tiennent à l'unité. Aucune tendance ne veut insulter l'avenir. Chacune d'elles pousse les antagonismes et les campagnes médiatiques jusqu'au ravin... et surveille son principal adversaire en attendant qu'il déclare la scission. Ainsi, l'adversaire seul, sera responsable de la division... Un jeu machiavélique qui ne fait qu'accentuer l'exaspération de l'opinion publique. Une «unité» de façade La grande messe d'aujourd'hui, ne dérogera pas à la règle. Le président honorifique... est là. Tous les indices montrent que l'initiative du père fondateur ne fera que reporter les problèmes. Cette initiative, contient déjà les ingrédients du blocage. Khaled Chawket, dirigeant, habituellement, bien informé, en est conscient. L'appel du président à la tenue d'un congrès constitutif (donc, non électif ) en cette période bien précise, jusqu'aux élections municipales, et au report du premier congrès tant attendu, pour la période qui suivra ce rendez-vous électoral, n'est que de la « poudre anesthésiante »... Les opposants au « clan de Djerba » conduit par Ridha Belhaj et Hafedh Caïd Essebsi, ne peuvent accepter pareille proposition. D'ailleurs, de l'autre côté de la barrière, le groupe des 31 députés à déjà annoncé 24 heures, avant la rencontre d'aujourd'hui et la mise en pratique de sa démission du groupe de Nida au sein de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP)... Les actions et réactions se suivent et s'accélèrent. Les deux camps se renvoient la balle... Mohsen Marzouk déjà sacrifié, a parlé et a renvoyé la responsabilité de la division à l'autre camp, en cas de scission. « Nidaa Tounès c'est fini dans sa configuration et ses structures actuelles »... Il a ajouté : « Nidaa Tounès est déjà, de l'intérieur, bien divisé en deux partis... et une minorité a pris d'assaut le parti ». En faisant monter les enchères, il veut se positionner en bonne position pour les arrangements à faire sous la table... Ces arrangements auront pour nom le mot magique « consensus ». Il joue au chat et à la souris... Peut-il gagner 10% des Destouriens ? Ceux-ci, qui sont majoritaires et qui ne le portent pas dans leur cœur, n'accepteront jamais d'être des « sous-traitants ». Les bâtisseurs de la Tunisie post-indépendance, ont toujours dirigé les autres. Ce n'est pas aujourd'hui, avec la fin de la « farce de Nidaa Tounès », qu'ils s'abaisseront au rôle d'exécutants... pour le compte... de Marzouk. Ils préfèrent redevenir donneurs d'ordre », dit un expert qui ajoute : « La prochaine et la plus proche embrouille sera déclenchée entre Mohsen Marzouk... et Faouzi Elloumi ». Les idées de Djerba sous une autre forme Aujourd'hui, en cas de réussite de l'organisation des assises du bureau exécutif qui se tiennent après l'échec de l'initiative de Mohamed Ennaceur, le lendemain de la réunion de dimanche dernier, toutes les voies restent ouvertes. Après la démission officielle des députés du groupe de Nida Tounès, la balle est dans le camp de Mohamed Ennaceur. Ce dernier n'a pas encore appelé officiellement à la tenue des assises du bureau exécutif. Ce retard dans le lancement des invitations pour cette méga-rencontre du bureau exécutif a incité le groupe des 31 à passer à la vitesse supérieure en mettant à exécution la menace de démission. Une autre source de complication pour les stratèges de Nida Tounès... Khaled Chawket défend l'initiative de Béji Caïd Essebsi qui est de nature à apaiser les esprits. On reporte le congrès d'une année... D'ici là, beaucoup d'eau coulera sous les ponts. Est-il normal d'aller aux municipales, désunis ?... C'est une initiative qui renforce la position du fils et du « clan de Djerba »... qui ont peur des urnes, selon les Marzouk et Cie. Démission à valeur de scission Le fait est là : Depuis l'officialisation des démissions, la rupture a déjà commencé, car légalement, les démissionnaires devront quitter Nida Tounès. Ce parti que les Tunisiens ont mis aux premières loges en 2014, n'est ce qu'il était. Au moins deux autres seraient en gestation... Un monstre ? Un diable ? Un mélange explosif ? Personne ne le sait pour le moment... On en saura davantage à la fin de cette journée... Quelle que soit l'issue de la rencontre d'aujourd'hui, la belle image de Nida, refuge et espoir des Tunisiens devant « l'islamisation » rampante de la Tunisie initiée par Ennahdha avec l'agrément de Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar, fait partie du passé lointain, comme si les élections de 2014, étaient loin derrière nous. Tous les signaux montrent qu'avec Mme Selma Rekik, gestionnaire de la transition au sein de Nida, même si Essebsi-fils continuera à tirer les ficelles, que ce soit d'un parti, faussement uni, ou d'un grand parti des conservateurs de droite, très amis avec les modérés d'Ennahdha... Dans tous les cas Nida est en train d'enfanter d'autres Nida... Le paysage politique en subira les contrecoups...Une page est tournée et une autre s'ouvre. Qui en sera le leader et le héros ? Seul Béji Caïd Essebsi le sait... ou le saura.