Les erreurs commises dans la gestion de la guerre proclamée contre le terrorisme, pouvaient devenir fatales, sans le début d'un réveil amorcé par les dernières mesures prises par le Conseil supérieur de la sécurité intérieure, combien décriées par un très grands nombre de connaisseurs. Le fait est là. Les Tunisiens ne font plus confiance à leurs élites politiques, toutes tendances confondues. Et aussi bien dans la lutte contre le terrorisme ou autres, les sondages montrent que les Tunisiens ne font confiance qu'à l'armée, si intègre et si éloignée des tiraillements politiques des leaders d'opinion civils. La doctrine en Tunisie veut que l'armée tunisienne reste la grande muette. Et elle le fait bien. De son côté le peuple le lui rend bien. Aujourd'hui, en dépit de tout, nous sommes en pleine guerre contre ce phénomène devenu international et nous ne pouvons nous permettre la moindre hésitation. Que faut-il donc pour gagner la guerre que nous a imposé Daëch et ses soutiens internes parmi la classe politique, ainsi que de nombreux « théologiens » takfiristes totalement opposés à un Etat civil, démocratique, social, moderne et ouvert au monde ? Commençons par les faits. Un secrétaire d'Etat à la sécurité, mis à l'écart, des changements à la tête des grands départements du ministère de l'Intérieur, avec la promesse d'une nouvelle répartition des tâches, des missions et de nouveaux balayages des prérogatives conformément à la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme...Or, quelle que soit la valeur individuelle des hautes compétences placées, il faut savoir les motiver, leur éclairer le chemin, leur faire une confiance totale dans leurs domaines et leur fournir les moyens humains et logistiques pour l'exercice de leur mission. D'habitude les bons gardiens de but apprennent à partir de ce qu'ils ont commis comme erreurs de placement ou de lecture du mouvement de la balle... Il semble que ce genre d'exercices ne sied pas aux dirigeants de la lutte contre le terrorisme. La tendance générale chez tout nouveau responsable est de faire table rase de tout le passé pour remettre les pendules à zéro et repartir de nouveau à partir de zéro. Ainsi, agit-on comme si, aucune erreur n'a été enregistrée dans le passé et aucun succès non plus. Les nouveaux maîtres sont bien immunisés contre les erreurs passées et bien géniaux pour ne remporter que des succès. La désillusion ne tardera pas. Sans citer le moindre exemple, l'actualité des nominations depuis le 14 Janvier est pleine de très mauvais exemples à suivre, depuis, le placement de certains fidèles là où ils ne devraient pas l'être. Sinon, Abou Iyadh serait bien sous les verrous depuis qu'il avait nargué les autorités publiques en plein centre de la Capitale à la mosquée El Fath, havre des takfiristes, rêveurs d'un Etat islamique, à la Califat ou à la Daëch. Trop de questions posées dans l'ombre à cause des zones d'ombre dans la lutte menée depuis 4 ans contre le terrorisme. Une dizaine de questions retiennent l'attention. 1-Peut-on gagner la guerre sans un Commandement général unique qui la mène avec la rapidité et l'efficacité requises, en commençant par centraliser toutes les informations venant des différents ministères concernés, comme l'Intérieur, la Défense..., assurer la coordination entre les différents intervenants sur le terrain, comme la Police avec toutes ses spécialités, la Garde nationale, la Douane, l'Armée... ? Impossible ! Le Commandement général, inexistant actuellement est la 1ère garantie (pas la seule) de succès. Il devrait être, comme son nom l'indique, formé par la fine fleur de nos unités de sécurité intérieure et de l'armée, sinon, bonjour les dégâts des suites du manque de coordination et des initiatives prises par différents corps. Certes, des commandements régionaux existent, mais la rapidité de déplacement entre différentes zones des terroristes épaulés par leurs propres informateurs, fait que les nombreuses failles entre commandements régionaux, permettent toutes les fuites. A-t-on jamais arrêté un terroristes quelques minutes après sa lâche opération ? Le temps, est une donnée vitale. Un seul commandement en chef évitera ces vides si bien utilisés par les très rapides fuyards parmi les jeunes terroristes. Il faut attendre de longues semaines pour arrêter un suspect, avec le risque de le voir libéré par le juge d'instruction qui n'arrête qu'au vu d'un dossier blindé. 2- Impliquer les juges dès le début d'une opération de traque tout en triplant sinon quintuplant le nombre des magistrats traitant les centaines et centaines d'affaires avec si peu de moyens logistiques et humains. 3- Armer les juges, et protéger les informateurs. Il est encore mal vu, sinon traqué celui qui informe les autorités. 4- Faire apprendre dès l'école les obligations de la citoyenneté. Informer sur un terroriste, n'est pas une délation. En Angleterre, les British, informent sur la moindre contravention du Code de la route. Que dire s'il s'agissait d'un voisin de palier versant dans l'idéologie des terroristes ! 5-Une cellule de crise a été créée sous Mehdi Jomâa, après le coup d'Errouhya. Pourquoi l'a-t-on oubliée. A l'époque, la cellule de crise a permis de fermer des mosquées où la propagande extrémiste étaient diffusée, d'en établir une liste. Des « Imams » impliqués dans les discours rétrogrades, fanatiques et « fascisants », ont été prié de ne plus assurer la prêche du vendredi. Pourquoi, n'a-t-on pas continué sur la même voie ? Est-ce parce que c'est Mehdi Jomâa qui l'a fait ? Quelle misère et quelle myopie !!Et depuis, la lutte contre le terrorisme a pris le cours et le rythme de l'administration tunisienne bien connue pour ses lourdeurs et lenteurs ! Qu'a-t-on gagné, depuis cette attitude snobant le passé immédiat? Les hommes comme Mehdi Jomaâ ou d'autres passent et c'est l'Etat qui reste et dure dans le temps. 6- Les droits de l'homme ne peuvent couvrir les terroristes. 7- Les hommes politiques sans exception, doivent oublier le ministère de l'Intérieur, devenu objet de toutes les convoitises, celles des Démocrates, aussi. 8- La crédibilité des forces de sécurité a pris un sacré coup après la tentative d'assassinat de Ridha Charfeddine, président de l'Etoile. Tout le monde sait tout, mais rien ne filtre dans les oreilles des des décideurs installés sur le terrain. 9- Il n'y a pas de guerre sans dégâts collatéraux, ni une guerre totalement clean et encore moins celle à mener contre le terrorisme. Même le Tunisien moyen, dans son écrasante majorité préfère la participation active des agents de sécurité dans la traque des terroristes quitte à ce que certaines libertés et certains droits, soient un peu malmenés. C'est loin du chantage « liberté-sécurité ». 10- Certes la guerre est locale, mais elle doit s'insérer dans une logique mondiale et internationale. La nébuleuse terroriste est internationale. Il faut que la coordination avec tous les Etats concernés soit réelle, avec nos amis et frères Algériens, elle l'est déjà... Tirer profit de leur longue et enrichissante expérience dans la guerre contre le terrorisme est vital, au stade où en est le pays.