Il faut le reconnaître, ces cinq années, qui nous séparent du soulèvement du 14 janvier 2011, ont fait plus de dégâts au pays que durant la vingtaine d'années de pouvoir de Ben Ali. C'est la triste réalité. Que réclamait le peuple alors? La liberté dans la dignité. Le peuple a conquis la liberté et il ne la doit qu'à lui-même, sans chef charismatique, ni leader politique, ni guide inspiré, ni imam illuminé, ni calife chimérique. Le combat a été mené par le peuple des miséreux et des laissés pour compte, par la jeunesse, les femmes, oui les femmes, on ne le soulignera jamais assez. C'est alors qu'on a observé le retour des loups et des corbeaux. Considérant le moment propice, profitant du désarroi général, les Frères musulmans nahdhaouis et leurs affidés se sont abattus sur le pays, ont su profiter du désarroi ambiant, par manque d'expérience démocratique, pour faire élire leurs acolytes à coup de dinars et de ... biscuits Chocotom . Cela parait caricatural, mais c'est la stricte vérité. Nous avons eu, alors, droit aux deux gouvernements de la Troïka à dominante Frères musulmans; qui se sont révélés amateurs en matière de gouvernance, par contre âpres au gain. On a observé alors le triomphe des intérêts sordides à défaut de compétence. On a subi du coup, l'activisme extrémistes obscurantiste, vu défiler les pires sectateurs extrémistes, défiler dans notre pays, exciseurs, adeptes de la loi du talion, faisant l'apologie de la polygamie, de la ‘zeket,' n'hésitant pas à enrôler par milliers des jeunes, désorientés, pour le « djihad » en Syrie -contre qui ?, contre quoi ?- afin de massacrer le peuple syrien par pure dogmatisme rétrograde et barbare. Une précision au sujet de la dite « zaket » : en quoi ce procédé pseudo généreux est-il rétrograde ? Simple: dans le fait d'installer le riche dans sa richesse et maintenir le pauvre dan sa pauvreté en l'absence de réforme économique, de planification scientifique, et de politique rationnelle de développement. Les Frères musulmans d'Ennahdha se sont accaparés le pouvoir et les avantages du pouvoir .On a pu relever leur alliance avec certains hommes d'affaires en vue, qu'ils ont soutenus lors des élections constituantes, puis législatives et même présidentielle. L'alliance objective de la réaction et du capital... Alliance classique! Bref, l'histoire est rationnelle. Les gouvernements de transition menés majoritairement par des cadres nahdhaouis, ouvrent les vannes du recrutement de fonctionnaires à leurs sectateurs bien au-delà des besoins de l'Etat, au détriment de l'intérêt général. Sans parler des cadres supérieurs -ministres, hauts fonctionnaires nahdhaouis qui ont largement puisé, profité, dilapidé les quelques ressources du pays, accumulées durant le règne de Ben Ali. Un ancien ministre nahdhaoui se retrouva, modestement, propriétaire d'un hôtel, un autre propriétaire terrien, un troisième acquérant un vignoble; qui, habitant cité Ettathamen, se vit propriétaire aux Jardins d'Elmenzeh, un autre habitant du côté de Zahrouni devint résidant propriètaire à la Marsa. La nomenclature nahdhaouie encore plus féroce que les Trabelsi. Jamais le pays n'a été aussi gangréné par la corruption que sous l'autorité des religieux! Plus question de réformes économiques ni sociales. L'insécurité que vit le pays actuellement et dont les effets sont dévastateurs, voyez le tourisme, secteur sinistré par excellence, les usines qui se délocalisent vers d'autres pays, notamment le Maroc, est dû aux deux gouvernements de transition avec les J'bali et autre Laaraïedh , et de leur laxisme complice du terrorisme et de l'assassinat d'hommes politiques. Et maintenant, cinq ans après! Eh bien nous ne sommes pas sortis de l'auberge. On ne perçoit même pas le frémissement d'un quelconque changement. On a l'impression que le gouvernement actuel se contente de gérer les affaires courantes. Quid des réformes structurelles urgentes, vitales, nécessaires de l'économie, de l'administration, dont a besoin le pays? Le pays s'enfonce dans une récession jamais connue auparavant. Que trouve de mieux à faire le pouvoir pour lutter contre le marasme et la récession historique que connaît le pays? Il organise dans une institution publique -la Mairie de Tunis-! Des rogations pour la pluie, en ce début de troisième millénaire... Alors que la corruption ronge le pays. Quelle décadence, quelle régression mes amis ! Nous avons la désagréable mais nette impression que la plupart de ceux qui ont la charge du gouvernement de la Nation ne maîtrisent pas leurs dossiers, préoccupés qu'ils sont par des préséances de partis et des querelles secondaires. Ils sont plus fonctionnaires politiciens que commis de l'Etat. Quant aux affaires culturelles, cela confine au déni, au mépris de l'action culturelle. Les ministres qui se sont succédés à la tête du département culturel n'avaient ni le savoir ni la fibre un tant soi peu sensible dans le sens esthétique de la notion, pour parler comme Baumgarten, enfin... D'abord rappeler l'idéologie nahdhaouie, conformiste, par essence anti culturelle, mais qui a marqué de son empreinte l'attitude des divers ministres de la culture de transition jusqu'à la hantise! Souvenez-vous de ce ministre de la Culture du deuxième gouvernement de la Troïka, ennemi des beaux-arts, prenant fait et cause pour des casseurs extrémistes, ignares, alors qu'ils venaient de vandaliser une exposition picturale qui leur a déplu! On ne semble pas toujours trouver la juste mesure de l'action culturelle et surtout de son efficacité dans la formation, la prise de conscience et l'élévation de l'esprit jusqu' à la lucidité et le sens critique. On n'apprécie toujours pas à sa juste gravité la nuisance du mauvais goût à toute l'échelle sociale. On continue de croire que le goût est l'apanage de gens supérieurs, des aristos. C'est un gave malentendu. Le goût appartient à tous pourvu qu'on l'éduque, c'est l'affaire dune pédagogie culturelle, alors que toute velléité d'action culturelle tourne autour de la variété et de l'amusement, du passe-temps festivalier, bref du mauvais goût, mais en matière d'esprit, d'intelligence et d'investissement pertinent, que nenni! Faute de savoir, l'action culturelle demeure sinistrée: absence de vision, de stratégie, de direction, de philosophie culturelle un tant soit peu anthropologique. L'adoucissement des mœurs constitue le but essentiel de la culture. La question qui se pose est celle-ci: comment, par quel moyen l'art est-il capable d'exercer cette action adoucissante sur la primitive grossièreté? Il s'agit de discipliner les instincts, les penchants et les passions. La culture n'est ni un luxe, ni un gadget. Elément essentiel du développement de la personne,'Bildung', formation, éducation d'abord, la culture et ses formes d'expression offrent un autre regard, que celui dogmatique et primaire, sur le monde que sur soi-même. Apprendre c'est aimer, comprendre pour se libérer du poids de l'opinion. On est porté à tout croire, cependant savoir exercer son esprit critique, la chose du monde qui manque le plus en ce moment, est une chose qui s'apprend, qui s'exerce par la culture. Résister au convenu, au conformisme rétrograde, est un combat de tous les instants, afin de nuire à la superstition, à la bête obscurantiste immonde Vous remarquez que je n'use jamais du terme révolution, concernant les évènements de ce quatorze janvier 2011 mais tout simplement de ‘soulèvement', pourquoi? Selon le dictionnaire, révolution signifie changement très important dans le sens de l'histoire; un bouleversement, une transformation dans le sens du progrès. Rien de tel n'est arrivé chez-nous. Très vite le soulèvement du peuple tunisien a été récupéré par les Frères musulmans et une frange bien conservatiste de la bourgeoisie. Nous avons assisté au succès de la contre révolution, une régression réclamant le retour aux us et coutumes des anciens, les « aslafs » et son archaïsme menaçant: polygamie, « zaket », loi du talion, etc. Nous avons vu, alors défiler des exciseurs, des dogmatiques barbares, des théologiens superstitieux mais incultes. Une véritable cour des miracles, moyenâgeuse. Le tout chouchouté par les chefs d'Ennahdha et es affidés. Oui il y a encore de quoi s'inquiéter sur le devenir de ce cher pays, notre TUNISIE.