Une heureuse initiative, certes, d'autant qu'elle offre la possibilité aux jeunes novices de présenter leurs films dans le cadre d'une manifestation d'envergure internationale. C'est aussi sortir un peu du faux semblant d'une Tunisie qui se relève de toute sa hauteur pour aller au fond du problème, l'affronter sans tenter de le contourner : toucher les jeunes, les amener à innover, à sublimer leur passion pour le cinéma. «Premiers gestes » une manifestation cinématographique qui se tiendra jusqu'au 10 février à Menzel Bourguiba et à Tunis. La manifestation est organisée par l'association Archipels Images (France), Nachaz-Dissonances et Arts Distribution en partenariat avec Hakka Distribution, la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs (FTCC), l'IFT et la maison de la culture de Menzel Bourguiba. L'idée est donc de programmer essentiellement les premiers films de jeunes réalisateurs de la Méditerranée (Algérie, France, Egypte, Italie, Liban, Syrie et Tunisie). Il est question de projeter tout au long d'une semaine (ayant commencé depuis hier) ces films suivis de débats animés par les membres des trois associations citées plus haut et en présence des réalisateurs... enfin, on l'espère bien. On apprend ainsi qu'à Tunis, les projections auront lieu tout au long de cette période au Ciné-Théâtre Le Rio et au Cinéma Amilcar moyennant deux projections par jour. A Menzel Bourguiba, la manifestation s'étalera sur trois jours du 5 au 7 février 2016. Au programme également un atelier d'analyse filmique et de critique animé par Hajer Bouden, Tahar Chikhaoui et Insaf Machta, tous les jours du 4 au 10 février, au siège de la Fédération tunisienne des ciné-clubs. Un atelier de tournage à Tunis au siège de l'association Nachaz-Dissonances, sera animé par Claudia Mollese et Hassen Ferhani, du 4 au 10 février. Quant à l'atelier de tournage , il sera dirigé par Jilani Saadi du 4 au 7 février à la maison de la culture de Menzel Bourguiba. La table ronde « Jeune cinéma méditerranéen : entre la force créatrice et la faiblesse de la diffusion » aura pour modérateur Tahar Chikhaoui samedi 6 février à 10h au Rio. Mona BEN GAMRA Programme des projections Courts métrages tunisiens Diaspora de Alaeddine Aboutaleb (animation) L'histoire d'une tête qui vit seule sur un fauteuil roulant pendant de longues années dans son appartement au centre-ville. Un jour, elle est surprise par une offre d'emploi... Zakaria de Leyla Bouzid (fiction, France/Tunisie) Zakaria vit dans un village du Gard. Il y mène une vie tranquille avec sa femme et ses deux enfants. Apprenant la mort de son père en Algérie, il décide de s'y rendre avec sa famille. Sarah, sa fille, refuse de l'accompagner. Chouf de Imen Dellil (documentaire) Belgacem, 35 ans et Naouel, 28 ans, un couple d'aveugles unis par la force de leur amour au-delà de leur handicap. Chaque jour, ils luttent pour élever, avec dignité et joie de vivre, leurs enfants - Hamza, 2 ans et demi et Melek, 5 mois - malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent. Terre brûlée de Chiraz Fradi (fiction) Tunis, un 31 décembre, Yasmin, une jeune fille de 25 ans, quatre heures après avoir tué son compagnon, face à son cadavre... Bidoun de Jilani Saadi (documentaire expérimental) Tunisie 2013, une société en pleine ébullition pendant la rédaction de sa nouvelle Constitution. A Bizerte, deux jeunes errants, Abdou et Aïda, se rencontrent par hasard. Un jour, ils se retrouvent encombrés d'un bien étrange fardeau... Le Sergent immortel de Ziad Kalthoum (documentaire, Syrie) Dans une Syrie en guerre, le quotidien d'un jeune cinéaste qui se déplace entre les lieux où sa caméra se meut clandestinement dans les bâtiments où il est tenu de faire son service militaire et les lieux du tournage d'un film de Mohamed Malas dont il est l'assistant. C'est la double vie de Ziad Kalthoum que le film donne à voir mais aussi un tableau de la Syrie au cœur du chaos. Dans ma tête un rond-point de Hassen Ferhani (documentaire, Algérie/France) Dans le plus grand abattoir d'Alger, Hassen Ferhani filme les hommes qui y travaillent et qui y vivent. Des récits de vie racontés par bribes et des portraits attachants de ces hommes dont l'existence est indissociable de ce lieu. Terra di nessuno de Jean Boiron-Lajous (documentaire, France) Rencontre à Trieste avec quatre jeunes, Biljana, Alessandro, Adama et Lisa, qui affrontent leur avenir et leurs choix du passé dans cette zone frontalière où se dessine une Europe inquiète de son devenir. Trêve de Myrima El Hajj (documentaire, Liban/France) « Beyrouth 2013. Mon oncle Riad et ses amis, anciens combattants des milices chrétiennes au Liban, vivent toujours à l'heure des combats qui ont enflammé leur jeunesse (guerre civile 1975-1990). Entre souvenirs échangés dans la boutique de chasse de mon oncle, et parties de chasse dont ils reviennent souvent bredouilles, je les questionne, je les affronte. » A l'heure où le Liban continue à vivre des tourments, dans la boutique de Riad une rupture entre générations se profile Amara de Claudia Mollese (documentaire, Italie) Sur les traces d'un personnage emblématique de la ville de Lecce, Mara, le film nous mène dans les profondeurs d'une ville invisible... Mother of the unborn de Nadine Salib (documentaire, Egypte/EAU) Vivant en marge de sa communauté en raison de son infertilité, Hanane s'attarde sur son rêve d'avoir un enfant. La Route du pain de Hicham Alladdaqi (documentaire, Maroc) Marrakech. Des hommes se mettent sur une place publique pour être embauchés. Le cinéaste filme leur attente. Il se hasarde aussi dans les intérieurs pour s'arrêter sur un quotidien suspendu à cette attente. Bla cinima de Lamine Ammar-Khodja (documentaire, Algérie/France) Meissonier, Alger centre, sur la placette en face du cinéma fraîchement rénové Sierra Maestra, le cinéaste se mêle aux gens du quartier pour parler avec eux de cinéma. Attentif à ce qu'ils peuvent lui raconter de leur vécu, il se laisse très vite porter par les rencontres spontanées et les situations improvisées. Le film dresse un portrait vivant de la ville et propose en filigrane une réflexion sur la place du cinéma en Algérie. Bidoun 2 de Jilani Saadi (fiction, Tunisie)