Comment peut-on avoir les échos d'une Palestine croulant sous l'occupation d'une force raciste et cynique, et surtout loin des propos d'intellectuels faussaires et en dehors des échos des médias la plupart du temps tendancieux ? « Echos de Palestine », tiens! cela nous rappelle bien qu'il y a de l'autre côté du monde moyen-oriental une enfance brimée et des vies qu'on s'efforce d'étouffer et l'histoire d'un peuple, d'une nation qu'on veut à tout prix tronquer au moyen de mensonges fomentés et proférés au service d'un lobby sioniste qui fait de la victime un bourreau en force. L'ouvrage ne risque pas de se propager à tous les échos, vu qu'il fait échos d'une Palestine meurtrie, une Palestine occupée dont le rêve le plus exalté de sa jeunesse et de son enfance volée et malmenée est de vivre. C'est dire aussi aller à l'école, manger à sa faim, aimer et se faire aimer. C'est trop beau pour être vrai, car le sang arabe ne compte plus rien aujourd'hui si cela vaudra les jets jaillissants d'un liquide visqueux et noir qui fait tourner les rouages d'une humanité en totale perdition de ses valeurs morales. « Echos de Palestine, Florilège » est un recueil collectif de nouvelles écrit par des étudiants de Gaza et de Cisjordanie qui n'ont pas le droit de se contacter ! C'est par et à la faveur de l'écriture et à une audace de toute épreuve qui ne fléchit jamais d'une certaine Yanne Dimay que l'aventure baptisée « Ecriture en liberté », a vu le jour. Depuis six ans, chaque année, l'écrivaine Yanne Dimay sillonne la Palestine, à ses risques et périls, pour animer des ateliers d'écriture et en ressortir des plumes qui promettent. Les ateliers en question sont organisés dans les départements de français de quatre grandes universités palestiniennes, à Gaza, Naplouse, Hébron et Bir Zeit. Yanne Dimay supervise ces ateliers tout comme le concours de nouvelles qui se tient chaque année. Le jury en choisit quinze qui seront publiées dans un volume baptisé « Echos de Palestine », aux éditions du Littéraire. Les trois premiers lauréats ont la possibilité de glaner un voyage d'une semaine à Paris qu'on termine par quelques séances de lectures en public dans de hauts lieux de la culture parisienne. A ce propos, Yanne Dimay écrit en mai 2015, « Lorsque j'ai créé ce programme, c'était pour donner la parole à ceux qui ne l'ont pas... Malheureusement six années plus tard trois guerres désastreuses ont fait de très nombreuses victimes et laissé la population de Gaza exsangue. Aux élections du 17 mars 2015, une partie des Israéliens emportait le vote pour une politique de plus en plus dure vis-à-vis des Palestiniens. La colonisation se poursuit, du même coup les territoires se réduisent à vue d'œil, l'accès à l'eau se restreint, l'agriculture diminue, tandis que la construction du mur enferme davantage. Quand un peuple est privé de liberté et de son espace vital pour vivre dignement, il est poussé à bout, il se révolte. L'art, la littérature et le cinéma sont des amplificateurs de ces révoltes. Mais pouvons-nous encore les entendre, ces cris ? » « Pendant six ans », dira Gilbert Sinoué un co-organisateur du projet « Les années ont passé, l'écriture demeure, mais hélas la liberté continue d'agoniser. Liberté de se mouvoir pour ceux qui ont eu le malheur d'être nés Palestiniens, liberté de s'exprimer, de prendre en charge son destin, bref, la liberté de vivre ». Et d'ajouter « L'amère constatation que nous sommes amenés à faire en parcourant les textes de ces jeunes gens et jeunes filles est sans appel :... rien n'a changé et invariablement les lignes traduisent toujours ce même climat de désespoir. Bombardements, vrombissements des F16, maisons rasées, humiliations. Injustices. Oui, hélas, rien n'a changé. » Ces nouvelles écrites dans le cadre de cet atelier ont été écrites par ceux qui n'ont pas de voix et n'ont pas le droit d'en avoir. « Echos de Palestine Florilège sorti dans les éditions du Littéraire n'est autre qu'un joli florilège qui couche sur du papier une encre essentielle, un écrit qui nous touche, nous ébranle par moments car il n'est autre qu'une voix dissonante telle que traduite par des plumes insoumises, celles de Dima Sajdeya, Fanna Malhas, Emilie Rishmawi, et j'en passe et des meilleurs. Des noms qu'on ne risque jamais dans une quelconque liste de concours d'édition. Car ces noms dérangent les certitudes et les convictions des uns et des autres. La mention spéciale de cette année a été réservée à Abdulhamid Abuquabaita qui dans sa nouvelle « Rêve simple » compare l'occupation palestinienne à un cancer érodant qui ronge le corps d'une femme depuis 1948. Au fil des lignes et des pérégrinations verbales de cet écrit émouvant on découvre comment l'affection a eu raison de cette femme pour ravager son corps jusqu'à perdre l'usage de ses membres et de ses sens. Sa mémoire reste intacte ! La femme, la Palestine vit, même si son corps est gangrené par la léthargie !