Au lendemain de l'attaque terroriste avortée à Ben Guerdane, on assiste à une sorte de consensus appelant à l'union sacrée, en cette conjoncture dans le sens où il faut consacrer tous les efforts et toutes les énergies au relèvement des défis de ce fléau tout en laissant de côté, du moins provisoirement, les éventuelles polémiques et autres thèmes pouvant alimenter la discorde. Une telle approche est, certes, louable et logique, mais il serait aussi louable et logique que de saisir ces moments pour tenter d'identifier les origines et les causes de cette évolution tragique et périlleuse pour la société tunisienne. Au point où en sont les choses, il est plus que temps, pour plusieurs parties, de procéder à une étude objective et impartiale sur les origines de la dégradation de la situation sécuritaire et sur la recrudescence inexorable des groupes extrémistes et terroristes. D'un côté, pour se laver de toute accusation de « laxisme » qui leur est adressée, les anciens dirigeants au pouvoir du temps de la Troika, plus précisément Ennahdha et le CPR, avancent et réitèrent le même argument. Pour eux, le phénomène du terrorisme date de l'ère de l'ancien régime de Ben Ali, deux uniques cas à l'appui : l'attentat contre des touristes allemands en visant la synagogue de la Ghriba le 11 avril 2002 à Djerba, et les événements de Soliman en janvier 2007. Et d'enchaîner avec les deux actes terroristes survenus en 2011 sous le gouvernement provisoire de Béji Caïd Essebsi, à savoir les incidents à Bir Ali Ben Khelifa et à Rouhia. «Pourquoi fustige t-on, alors, l'ère de la Troîka ?», s'interrogent ses dirigeants avant de préciser que le fléau n'a pas vu le jour après 2011, mais il n'a fait que se poursuivre. Ce raisonnement est trop simpliste, rétorquent leurs détracteurs dans le sens où les gouvernements de la Troika et le président de la République provisoire, à l'époque, Moncef Marzouki, avaient suivi, sciemment ou involontairement, une politique ayant encouragé à l'émergence de l'esprit et des mouvements salafistes jihadistes. Qu'on en juge à partir des faits les plus marquants... Dès les premières heures après la victoire d'Ennahdha au scrutin du 23 octobre 2011, Hamadi Jebali, assuré d'être désigné en tant que chef du gouvernement, parlait sur un ton triomphal au stade de Sousse de « moment divin annonçant la naissance du 6ème Califat » ! Or, depuis 2012, on ne compte plus les attentats terroristes. De l'attaque spectaculaire contre l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique aux Berges du Lac jusqu'aux multiples actes d'horreur au mont Chaâmbi en passant notamment par les deux assassinats politiques coûtant la vie aux deux martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, sans oublier l'attaque contre le musée du Bardo, l'hôtel dans la zone d'El Kantaoui de Sousse et le bus des gardes de la sécurité présidentielle. Le phénomène semble culminer avec la toute récente attaque contre la ville de Ben Guerdane où les éléments de Daêch semblent avoir programmé, carrément, l'instauration d'un Emirat islamique. C'est dire que les attentats, depuis 2012, se comptent par dizaines causant des centaines de victimes parmi les sécuritaires, les civils et les touristes étrangers, ce qui a frappé de plein fouet les activités touristiques, en particulier, et la dynamique économique, en général. La question qui se pose à ce propos : Pourquoi cette recrudescence des attentats ? Certains estiment qu'il s'agit d'une montée générale enregistrée un peu partout à travers le monde et à laquelle la Tunisie ne peut échapper. D'autres sont persuadés que les gouvernants de la Troika y avaient largement contribué par leur « attitude dite laxiste ». La venue de dizaines de prédicateurs extrémistes et réputés pour leur connivence avec les jihadistes en Tunisie où ils étaient accueillis à bras ouverts au palais présidentiel de Carthage, par les officiels et par les grands barons du parti Ennahdha et le CPR, et ce après avoir été invités par des associations d'obédience religieuse sous l'œil bienveillant des autorités. A ne pas oublier le rôle hautement néfaste des ligues dites de protection de la révolution (LPR), défendues bec et ongles par les responsables du mouvement Ennahdha et du CPR alors qu'ils se distinguaient par leur discours haineux et excessivement violent contre les responsables des partis dits modernistes et progressistes. D'ailleurs, elles sont de retour les vidéos montrant ces scènes hystériques des Habib Ellouze, Samia Abbou, Recoba, Deghij, Sahbi Atig sans oublier les déclarations tumultueuses des Abderraouf Ayadi, Mohamed Abbou, Walid Bennani, Néjib Mrad, Sadok Chourou et bien d'autres qui ironisaient sur l'existence du terrorisme en Tunisie et démentaient l'existence de la moindre menace de Daêch dans notre pays. Sans plus s'attarder sur ce passé pour ne pas être accusé de vouloir chercher la petite bête, il est utile d'attirer l'attention sur la poursuite, par certains, de faire l'apologie du terrorisme en défendant les présumés terroristes et la tolérance constatée envers certaines personnes ou sites qui tentent de blanchir ou justifier les actes terroristes. On citera, entre autres et plus particulièrement, Maher Zid qui s'est tristement illustré par ses propos et ses prétendus reportages dénigrant le martyr Chokri Belaid et les cadres de la Garde nationale allant jusqu'à évoquer une rocambolesque histoire de «règlement de comptes entre chasseurs de trésors». Le tout au vu et au su du ministère public qui n'a pas bougé le petit doigt. L'on y ajoute que rarement des suites ont été portées à l'opinion publique concernant les affaires portant sur des actes terroristes. Et à quelques exceptions près, on ne nous dit rien sur le sort des terroristes et autres détenteurs d'armes. Au contraire, certaines gens semblent être intouchables. Les Deghij, Recoba et l'inévitable Maher Zid qui n'arrête pas d'ironiser même après la dernière attaque contre Ben Guerdane, sur le phénomène, continuent à pavaner en toute impunité. On n'oubliera pas les imams, tels Ridha Jaouadi, Noureddine Khademi et Béchir Ben Hassan qui appelaient au Jihad en Syrie et le considéraient comme étant un devoir et menaçaient des pires traitements ceux, parmi le régime passé, qui tenteraient de faire leur retour. Franchement et après ce qui s'est passé à Ben Guerdane et étant donné ce qui risque de se passer-puisque le chef du gouvernement, en personne, parle d'une bataille de gagnée et d'une guerre longue à mener-, il est impératif pour les autorités au pouvoir de faire respecter les lois en les appliquant sans calculs étroits de politique politicienne. Il est évident qu'en axant sa campagne électorale sur le principe de la restauration du prestige de l'Etat, le président de la République parlait, en fait, du respect des lois, de l'Etat de droit et des institutions...