La dernière attaque terroriste avortée à Ben Guerdane a été, indirectement, positive à plus d'un titre dans le sens où elle a permis de faires des révélations, de corriger certains préjugés, de répondre à bien de points d'interrogations et de faire la lumière sur plusieurs zones d'ombre. Mais des aspects négatifs et des défaillances, il y en a eus, également, même si la tendance est à l'euphorie et à la mise en relief des succès remportés, notamment, par les deux institutions sécuritaires et militaires sans oublier l'apport déterminant des citoyens de la localité de Ben Guerdane qui ont joué un rôle précieux dans la mise en déroute des terroristes de Daêch. On commencera par les points positifs, et ils sont assez nombreux. On notera, d'abord, par cet esprit de bravoure et ce sens du sacrifice des forces militaires et sécuritaires qui, grâce à une forte présence d'esprit et à un amour illimité de la patrie, ont foncé en improvisant une stratégie selon l'évolution de la situation. Ainsi, passés les premiers instants de surprise au cours desquels on avait enregistré le gros des pertes en vies humaines, sécuritaires et civiles, les soldats de la caserne militaire ont pu renverser la donne en repoussant les assaillants qui comptaient sur une prise rapide de ladite caserne pour asseoir leur mainmise sur toute la ville, mais la tactique adoptée par les militaires a fait échouer tout le plan de terroristes de Daêch. Ensuite, on citera, cet élan de solidarité enregistré chez les habitants de la petit ville du Sud qui ont tout fait pour protéger les arrières des forces régulières alors que les terroristes, et même certains observateurs, croyaient qu'ils allaient constituer ce qu'on appelle la 5ème colonne. Et de deux ! On soulignera, également, le bon comportement de la communication chez les deux départements de l'Intérieur et de la Défense qui fournissaient les données suffisantes et nécessaires sur le déroulement des opérations, les bilans, et le suivi des arrestations et de la découverte des caches d'armes. Et de trois ! A mettre en exergue le comportement de bon nombre des médias qui ont évité le facteur sensationnel et n'ont pas donné la parole – comme cela avait été souvent le cas – aux membres des familles et aux amis des terroristes qui en profitaient pour présenter les leurs sous les meilleurs jours possibles. Plus encore, on n'a pas vu, ni entendu sur les plateaux radiotélévisés, les visages de certains politiciens et autres activistes de la société civile qui avaient pris l'habitude de défendre les terroristes ou de mettre en doute l'action des sécuritaires, voire de mettre en doute l'existence même du fléau du terrorisme. Concernant les aspects pouvant être classés dans la case dite négative, on mentionnera l'absence probable du travail des services des renseignements. Comment expliquer, en effet, que ces services n'aient pas décelé la préparation d'une opération de telle envergure ? Car il ne faut pas oublier que selon les premières données, les assaillants seraient au nombre de deux cent environ ! Comment se fait-il que tant de caches d'armes ne soient pas dévoilées suffisamment à temps dans un périmètre aussi restreint que celui de la délégation de Ben Guerdane ? Autant de lacunes qui auraient pu donner lieu à une issue autre que celle que nous vivons. Nous ne nous attarderons pas sur le volet des éventuelles faiblesses afin de préserver le moral des troupes, mais un point est à relever. Il est évident qu'il faut observer un élan de solidarité, voire d'union sacrée entre tous les Tunisiens contre l'ennemi commun, à savoir le terrorisme. Mais des voix s'élèvent pour mettre en garde contre toute union avec d'éventuelles personnes qui auraient aidé par leur soutien matériel, logistique, politique ou encore comportement laxiste à l'émergence et au renforcement de ce phénomène de l'extrémisme et du terrorisme. Ce n'est nullement dans le but de « piocher » dans le passé comme le « craignent » certains, mais dans l'objectif de mener, enfin, une enquête sérieuse et rigoureuse sur les origines du terrorisme, plus particulièrement, sur les financiers et les responsables de la logistique et sur ceux qui les couvrent. A titre d'exemple, la découverte des caches d'armes a permis d'en savoir un peu plus sur les propriétaires des locaux qui eux dévoileront l'identité des passeurs et des payeurs. Autre point, les terroristes arrêtés, assez nombreux, auront sûrement, des choses à dire sur les réseaux qui les enrôlent et les paient ainsi que sur l'appartenance des chefs qui planifient ces actions. En effet, il est curieux, malgré l'annonce quotidienne d'arrestations de terroristes et de détenteurs d'armes, on ne nous ait jamais fourni des données sur les origines de ces criminels et, plus précisément, sur ceux qui se trouvent derrière eux ! Il est curieux qu'une sorte de loi de l'omerta règne sur l'instruction des dossiers ayant trait au terrorisme ! Il est curieux qu'on mette autant de diligence pour auditionner le sécuritaire Issam Dardouri parce qu'une plainte a été déposée contre lui par ... Abdelkrim Laâbidi, en état d'arrestation depuis plus de deux ans pour implication éventuelle dans l'assassinat de Chokri Belaîd. Et pourtant, la justice ne nous dit rien sur l'avancement de l'instruction contre ce même accusé, probablement impliqué dans les voyages des jeunes en Syrie, en Libye et en Turquie. Il est curieux que des anciens prisonniers de ce qu'on appelle le groupe de Soliman aient bénéficié de l'amnistie générale, de compensation et de recrutement dans la Fonction publique alors qu'ils ne savent rien faire. A ce propos, on ne peut que saluer la décision prise par la présidence du gouvernement pour rouvrir ce dossier d'amnistie et de recrutement des amnistiés qui ont investi, pratiquement, tous les départements, surtout ceux du Transport et de l'Agriculture sous la houlette d'Abdelkrim Harouni et Mohamed Ben Salem. C'est ce qui expliquerait le refus de certains agents de la Société de transport d'assurer le transport gratuit des militaires et des sécuritaires. Le comble ! Et dire qu'on n'a annoncé aucune décision contre lesdits agents ! Plusieurs médias et réseaux sociaux donnent des détails sur l'identité de certains terroristes tués ou arrêtés, mais motus et bouche cousue du côté officiel ! D'autres informations font état de plusieurs tués à Ben Guerdane ou à Sabrata qui seraient des bénéficiaires de l'amnistie générale, donc suspectés d'appartenir à un courant bien déterminé. C'est dire qu'il faut creuser, et non « piocher » pour faire la lumière sur ces parties qui se cachent derrière ces milliers de terroristes par le soutien direct, le financement, la sympathie, le laxisme, etc. Car, de l'avis des sécuritaires, plusieurs cellules dormantes sont encore parmi nous et plusieurs autres caches d'armes n'ont pas encore été découvertes, ce qui, théoriquement, peut conduire à d'autres « Ben Guerdane ». Et si on appelle à creuser, et non à « piocher », c'est pour anticiper d'autres attaques terroristes et pour éviter de nouvelles pertes en vies humaines parmi nos forces sécuritaires et militaires ainsi que parmi les civils.