Devenu le premier festival de world music en Tunisie, Dougga compte brasser des publics rajeunis, attirer les touristes algériens, investir la scène contemporaine et retrouver sa place parmi les grands festivals d'été. Un programme épatant avec entre autres Yasmine Hamdane, Calma Carmona, Tinariwen et Myrath... Le must de l'été 2016 avec un nouveau forum tunisien pour toute la pop music du Sud... Le festival international de Dougga promet d'être l'une des attractions de l'été 2016 avec un pré-programme qui, s'il se confirmait, donnerait à cette manifestation sa pleine identité internationale. Dirigé depuis la session 2015 par Mokhtar Belatek, un homme de radio doublé d'un enfant de la région, le festival international de Dougga entend bien reconquérir ses lettres de noblesse en retrouvant un double rayonnement qui ferait de lui le plus important rendez-vous estival international dans le gouvernorat de Béja et aussi un carrefour qui réunirait des publics du Kef, Siliana et Tunis. Un soutien institutionnel déterminant et des sponsors qui ont du flair Conçue comme une session expérimentale, l'édition 2016 du festival avait permis de constater tout le potentiel de cette manifestation ainsi que l'adhésion du public régional. La modicité du budget et la rareté des sponsors avaient accouché d'une session timide. Toutefois, l'équipe de gestion du festival était en place, faisait preuve de dynamisme et démontrait des choix artistiques pertinents entre formations tunisiennes et étrangères, arts du patrimoine et scène contemporaine. En effet, cette session 2015 avait permis au festival de Dougga de se replacer dans le concert des festivals internationaux. En quelque sorte, le festival faisait de nouveau acte de présence, rétablissait une tradition interrompue et se caractérisait par une recherche de synergie avec tous les acteurs de la région. En ce sens, la session 2016 promet d'être exemplaire. En effet, les ministères de la Culture et du Tourisme seront bien présents pour soutenir le festival et aussi souligner la vocation de cette manifestation à conjuguer excursions touristiques et loisir culturel. De plus, le gouverneur de Béja a mis les bouchées doubles en s'investissant pleinement dans l'organisation du festival et en apportant un plein soutien à l'équipe qui l'anime. La magie d'un site antique Dougga est le festival de toute une région, de tout un pays et compte parmi les plus anciennes manifestations culturelles en Tunisie, depuis la lointaine époque où le théâtre antique accueillait des tragédies classiques et des piéces de répertoire. D'ailleurs, le site de Dougga est bel et bien l'un des atouts de ce festival. Classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1997, Dougga est considérée comme la ville romaine la mieux préservée d'Afrique du nord, avec ses 70 hectares de monuments et ses héritages punique, numide, romain et byzantin. Avec un théâtre pouvant accueillir 3000 spectateurs dans un cadre extraordinaire puisqu'il s'agit d'un édifice du deuxième siècle, le festival de Dougga peut tenir la dragée haute aux plus importantes des manifestations culturelles estivales et devenir le pivot du tourisme local dans le nord-ouest de la Tunisie. C'est forts de cette conviction que les animateurs du festival, avec à leur tête Mokhtar Belatek, ont choisi de cibler un public jeune en misant essentiellement sur la world music. En outre, le festival a fait le choix de ne pas se disperser en optant pour un nombre de soirées limitées, ce qui rejaillira positivement sur la gestion. Un festival world music vient de naitre Quels sont les artistes qui animeront les soirées de Dougga 2016? Au nombre de onze formations, les groups invités seront issus de la scène pop et alternative tunisienne, maghrébine et arabe. Stars de la session, Keziah Jones et Souad Massi compteront parmi les cartes maitresses du festival et devraient drainer un public nombreux. Algérienne, Souad Massi est l'égérie du folk rock maghrebin. Dans la lignée de son mythique "Mesk Ellil", son dernier album sera à l'honneur sur la scène de Dougga. Pour sa part, le Nigérian Keziah Jones est l'une des coqueluches du public tunisien. Ce bluesman qui vit à cheval sur trois continents mélange les styles dans un métissage dont il a le secret et qu'il nomme le BluFunk. Venus de la scène alternative tunisienne, Badia Bouhrizi ou le groupe Myrath devraient constituer les révélations de la session. Badia Bouhrizi évolue entre jazz, soul et reggae alors que Myrath est l'une des formations les plus en vue en Tunisie avec un métal progressif influencé par la musique orientale. D'autres gros calibres seront au programme du festival à commencer par le groupe de fusion Gnawa Diffusion et les Tinawaren devenus fameux en mélangeant rai et chaabi algérien avec des sonorités venues du Mali. Ce groupe pop touareg sera l'une des attractions du festival dont l'un des objectifs est aussi d'attirer le public algérien, nombreux durant l'été en Tunisie. Cette carte algérienne pourrait en effet constituer un autre des atouts gagnants du festival qui mise sur une identité maghrébine et les dynamiques du tourisme en Tunisie, une destination privilégiée pour le public algérien. Parmi les autres artistes au programme, l'on peut trouver plusieurs représentants du Machreq à l'image de Tamer Abou Ghazala, un Palestinien né en Egypte, multi-instrumentiste réputé. Citons également la Libanaise Yasmine Hamdan que le public arabe considère comme l'icône underground du monde arabe. L'identité world music du festival est complétée par la présence de deux artistes qui sont la Portoricaine Calma Carmona, star actuelle du Latin Soul et héritière de Thelonious Monk ou Santana, et le guitariste Estas Tonne connu pour ses expérimentations musicales. Comme on peut le voir, le programme international de Douggal privilégie un style précis et structure une identité forte pour ce festival, appelé à devenir le forum de la pop du Sud. Choix ardu mais qui devrait accrocher le public, très friand de ce genres de manifestations comme nous l'avons vu à Tabarka ou récemment pour Sicca Jazz au Kef. La destination des jeunes de 7 à 77 ans Cerise sur le gâteau, la clôture du festival aura lieu au son de la Hadhra, entre tradition soufie et pop music. Depuis la naissance de ce concept sous la férule de Fadhel Jaziri, la Hadhra a fait des émules partout et constitue désormais l'un des shows les plus populaires en Tunisie. Avec un pré-programme de cette qualité, il ne fait nul doute que Dougga est de retour dans la cour des grands. L'année 2016 devrait ainsi vivre la naissance du premier world music festival de Tunisie. Le fait qu'il se déroule dans un site antique mondialement réputé ne pourra qu'accroitre la visibilité de Dougga et souligner les mutations profondes de nos festivals d'été qui, après avoir perdu leur identité, la retrouvent en se spécialisant. Tous nos vœux de succès à l'équipe du festival de Dougga. Décidément, ce festival signe son retour de la plus belle des manières et devrait devenir la destination des "golden boys and girls" de la jeunesse tunisienne, celle qui a entre 7 et 77 ans!