Le festival international de Dougga renaît de ses cendres. Mine de rien, il s'agit probablement du plus ancien festival encore en activité en Tunisie. En effet, cette manifestation culturelle est née en 1924, à l'époque où l'on commençait à peine à exploiter les sites antiques pour des festivals de musique et surtout de théâtre. C'est grosso modo de cette période que date également l'ancêtre du festival international de Carthage, né de l'initiative du docteur Louis Carton qui avait organisé plusieurs représentations de théâtre dans le site qui venait d'être dégagé. Ces festivals d'hier ont ensuite connu des refondations à l'Indépendance de la Tunisie. Ainsi, si Carthage organise cet été sa 51ème session, les festivals de Sousse et de Douz lui sont antérieurs. Tous deux ont en effet été fondés en 1958 dans l'objectif de promouvoir le tourisme tunisien. Quant à Dougga qui poursuit son chemin, il avait pour but initial le théâtre classique et s'est beaucoup diversifié depuis. En ce sens, l'actuelle direction du festival ambitionne de faire renaître la manifestation relative au théâtre qui est à la base de Dougga dans un futur proche. Bouchnak, Gharsa, Samba et chants d'Alep... Mokhtar Belatek, directeur du festival international de Dougga escompte pour cette session 2015 rendre à la manifestation qu'il dirige ses lettres de noblesse. Pour ce jeune et dynamique directeur qui, par ailleurs, préside l'association "Dougga, Culture et Développement", cette édition consacrera le retour de Dougga dans le concert des grands festivals internationaux tunisiens. Le programme du festival qui devrait se dérouler du 25 juillet au 13 août plaide en ce sens. Le calendrier du festival s'articule en effet entre soirées sous le signe de la culture authentique, représentations de théâtre populaire et spectacles internationaux. C'est Lotfi Bouchnak qui assurera l'ouverture du festival le 26 juillet avec une soirée de tarab. La veille, c'est un véritable carnaval, un defilé festif qui sillonnera la ville de Téboursouk, voisine du site de Dougga. Il s'agit du retour à une vieille tradition du festival qui prendra la forme d'un défilé de majorettes, marionnettes géantes, troupes folkloriques et arts populaires. Haute en couleurs, cette procession de la joie prendra la dimension d'un immense spectacle de rues qui rayonnera sur toute la ville de Téboursouk qui d'ailleurs, s'attend à ce que les soirées du festival soient suivies par les voisins de Siliana, Kef et Béja. La clôture du festival sera elle aussi placée sous le signe de la tradition tunisienne avec un récital de Zied Gharsa qui naviguera entre malouf et chant classique. Très attendues, les venues de Bouchnak et Gharsa sont deux signes forts du grand retour de Dougga et de la capacité de ce festival à attirer les meilleurs pour le plus grand bonheur des publics de toute la région. Spectacles de choix, brassage des publics... Le choix structurel des organisateurs du festival de Dougga est ensuite de donner au public l'occasion de découvrir les grands spectacles du théâtre populaire tunisien. Ce seront ainsi Lamine Nahdi avec "Lila ala Dalila", et Lotfi Abdelli avec "Made in Tunisia"" qui devraient mobiliser le public populaire. En ce sens, forts du soutien des autorités régionales, les organisateurs du festival sont parvenus à comprimer les prix des billets qui ne coûteront que 5 dinars et 7 dinars. Une performance en soi qui souligne la vocation des festivals pour la proximité... Il y en aura pour tous les gouts à Dougga 2015! Nour Chiba pour les adeptes de la pop tunisienne, une soirée DJ pour les jeunes de la région, un show de Walid Tounsi et aussi, pour les enfants, une représentation exceptionnelle du spectacle "Ali Baba". Quoique timide, à cause de moyens somme toute limités, la présence internationale sera placée sous le double signe de l'ouverture et de l'authenticité. En effet, un show de danse brésilien proposera une soirée aux couleurs et au rythme de la samba avec plusieurs tableaux évocateurs de Rio et son carnaval. D'autre part, une soirée des chants d'Alep est au programme avec le grand artiste Soheib Al Halabi, le digne successeur de Sabah Fakhri qui sera accompagné par l'excellente troupe de Nabil Zommit. Soheib est la voix du moment, l'artiste qui monte comme le souligne sa brillante participation à la récente manifestation des radios arabes à Tunis. Deux autres soirées devraient être au programme de Dougga 2015. En premier lieu, la Hadhra de Sfax sous la direction du cheikh Morched Boulila devrait se produire le 30 juillet alors que le récital de Leila Hjaiej le 1er août reste à confirmer. Le retour de la confiance et des sponsors Telles sont les grandes lignes du festival international de Dougga dans une session qui est aussi celle du retour à la confiance. D'abord, confiance des sponsors, ensuite, confiance des pouvoirs publics et enfin, confiance du public qui attendait la remise en selle de ce festival qui a lieu dans un site exceptionnel. Avec ce programme riche et équilibré, Mokhtar Belatek et ses équipes ont relevé la moitié du challenge. Le déroulement du festival nous dira s'ils remporteront la partie dans son ensemble et remettront sur orbite ce festival qui nous manquait. Un succès en 2015 placerait le festival de Dougga sur la voie royale des grands festivals en région. C'est ce à quoi travaille avec diligence l'équipe de professionnels et de bénévoles mobilisés par Mokhtar Belatek, un homme de radio, rompu aux arcanes de l'art et militant pour le retour de Dougga parmi les grands. Indéniablement, ce festival de Dougga est la bonne surprise de l'été 2015!