Il n'y a pas photo... Avant, ou après la révolution importe peu ou prou et ne change rien à la donne. Si quand même si l'on veut être juste: cela va de mal en pis. Plutôt rassurant n'est-ce pas? Le problème, pour ce qui touche au secteur de la santé intra-muros, c'est que tous les violons se sont accordés un jour sur le même tempo, grimaçant et grinçant, et s'y sont arrêtés, confortés dans la certitude qu'il valait mieux ne pas se hasarder plus loin, vu que le bout du tunnel n'était pas à portée de regard. Alors, pourquoi prendre des risques? Un jour ou l'autre, il y aura peut-être un miracle mais en attendant, il vaut mieux se contenter de voir passer les trains, en attendant d'avoir le courage nécessaire de sauter dans la rame pour avancer vers un futur, qui pourrait bien être meilleur si l'on voulait consentir quelques petits (grands) efforts pour y parvenir. Il faut avouer que ne rien faire demande aussi beaucoup d'efforts. C'est même épuisant par moments. Du coup, l'intrusion d'un ministre «Don Quichottesque » dans ce maelstrom ne pouvait être considérée d'un bon œil, par tous ceux qui ont appris à s'accommoder d'un statu quo, lequel a l'avantage de ne pas demander beaucoup d'efforts, avec le confort moral de savoir que sous nos douces latitudes, ce n'est pas demain la veille que nos hôpitaux publics pourront échapper au naufrage, le navire prenant l'eau de toutes parts depuis tellement longtemps, qu'il s'avère risible de tenter de colmater toutes les brèches, tout en sauvant les passagers dans la foulée, et arriver à bon port. C'est là où le bât blesse; sauf qu'on ne soigne pas un grand malade contre sa volonté, s'il préfère dépérir plutôt que de se voir offrir une seconde chance. Alors, parler « d'escalade » ou de « désescalade », entre l'UGTT et le ministère de la Santé, pour ce qui concerne la fameuse « affaire » de l'hôpital Habib Bourguiba de Sfax, lequel est bien représentatif de l'état des lieux général dans les hôpitaux tunisiens, toutes régions confondus, ne rime à rien. Parce que le fond du problème est encore une fois éludé, au profit d'une vague rhétorique sur un pseudo abus de pouvoir d'un ministre, lequel aurait outrepassé ses fonctions, en nommant un militaire à la tête de l'hôpital, au grand dam de ceux qui se targuaient jusque-là d'en détenir les rênes à bon escient, sachant que jusqu'au jour d'aujourd'hui, le seul hôpital public qui soit digne de ce nom dans toute la Tunisie, est justement un hôpital tenu par des militaires. Il n'y a pas de hasard. En ce sens, au lieu de tirer à boulets rouges sur Said Aidi qui s'escrime à vouloir changer les choses, dans un secteur, rongé jusqu'à la moelle par un « chancre » pire que le charançon des palmiers, il aurait été plus judicieux d'applaudir sa décision et de l'encourager sur cette voie, parce que les résultats ne se seraient pas faits attendre si l'on avait laissé travaillé le nouveau directeur, plutôt que de lui opposer un front de refus, obtus et déraisonnable, sacrifiant, au passage, l'intérêt du citoyen –lambda, qui attend, sans trop y croire vraiment, vu le pourrissement ambiant, l'espoir d'une quelconque embellie... Le ministre a tendu une perche, il fallait la saisir.