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Le culte des saints dans la région de Matmata 1 /2
Publié dans Le Temps le 01 - 05 - 2016

La spiritualité est un sentiment qui permet l'évolution de « l'humain –matière » vers « l'esprit- devin », alors elle désigne ce qui se rapporte à l'esprit et à sa vie et qui s'appuie sur un état de croyance en une réalité de l'esprit qui se diffère de la réalité du corps physique.
C'est une dimension psychique qui indique que l'être humain ne se réduit pas à son corps physique, son âme et son esprit ont aussi une consistance, la spiritualité est une manifestation d'une perception d'ordre surnaturel, qui surpasse la matérialité de la vie, ainsi le mot spirituel prend sa source du mot latin « spiritus », c'est le souffle voire le souffle vital, c'est l'essence de la vie et son principe.
Les deux termes religion et spiritualité sont souvent utilisés de façon liée, ils partagent nécessairement la recherche du sacré, les choses que les interdits protègent et isolent, ainsi le sacré définit des concepts comme le divin, la réalité et le transcendant.
La délimitation des deux termes est délicate du fait de leur relation proche, la religion est un système de symboles, de croyances et de pratiques sociales et collectives importantes, la spiritualité est considérée la partie personnelle et subjective de l'expérience religieuse, une recherche individuelle du sacré et une pratique émotionnelle.
Les religions s'expriment par les cultes, se sont des conduites et des pratiques symboliques pour la collectivité généralement associées à un espace dit espace spirituel, cet espace varie d'une religion à une autre, d'ailleurs, il existe dans le monde plus de polythéismes que des monothéismes, et ces derniers présentent des cas variés, les religions monothéistes imposent des lois dictées par Dieu pour distinguer le sacré du profane, mais dans les religions polythéistes l'homme lui-même qui trace les limites du sacré et du profane.
Toutes les religions ont fondé beaucoup de spéculations inexplicables comme les craintes des phénomènes surnaturels, l'expérience des rêves, la chance et la malchance, ils ont fondé aussi des lieux sacrés chargés de force surnaturelle.
L'expérience religieuse s'exprime sur le plan pratique par les cultes, les rites, les fêtes et les actes magiques, dans des lieux sacrés ou sacralisés, et sur le plan théorique par les croyances et les doctrines alors la religion est un système de symboles, des sensations spirituelles, des lois et des conceptions sur l'existence qui se fondent nécessairement sur le sacré.
Les sociétés ont développé plusieurs figures de la spiritualité loin d'être religieuses, comme le culte des ancêtres après la mort, se sont des coutumes, des traditions et des valeurs que les hommes ont façonnées et codifiées, pour assurer aux descendants la paix, la santé et le bien-être, c'est une forme des pratiques spirituelles exercées par toutes les religions dans des espaces spécifiques, ce sont les marabouts dont la forme architecturale présente un modèle unique, c'est le petit espace à coupole blanche.
Ces croyances en un surnaturel sont exprimées la plupart du temps à travers des métaphores ce sont des mythes qui sont utilisés pour dénoncer une illusion ou pour évoquer l'image idéaliste d'une personne en renfermant une expérience mystique de la nature.
Le mythe explique le monde symbolique, il est considéré une mémoire collective qui traduit l'inconscient humain, il favorise alors le sentiment spirituel, et selon Freud : « le mythe serait comme le rêve pour l'individu, une sorte de rêve du peuple, traduction de la libido collective à travers des incestes divins, dramatisations des appropriations et des agressions, déplacement des pulsions vers un objet secondaire. »
Dans les petits sous-villages berbères de Matmata les rites populaires liés au phénomène du maraboutisme sont privilégiés, mais les pratiques religieuses qui se dérivent des préceptes coraniques sont négligées, les raisons sont d'abord liées à la religion, à la culture de la population et à l'origine ethnique des anciens habitants, ensuite elles sont liées à l'aspect du développement de ce lieu et sa relation avec la ville.
L'espace précolonial des petits sous-villages berbères de Matmata était un lieu où se manifestaient des croyances ancestrales païennes, avec les religions monothéistes le lieu a pris des nouvelles formes des pratiques religieuses mais s'inspirant toujours de ces cultures ancestrales qui désignent essentiellement le culte des saints et la magie, l'islam, la dernière religion affirmée dans ce lieu a apporté des particularités religieuses mais elle ne s'objecte pas à la présente des hommes saints.
La recherche de la « Baraka » n'est pas un concept spécifique à l'islam, des notions presque identiques se reconnaissent dans la religion judaïque ce qui explique la présence des marabouts juifs dans la région de Matmata comme celui de « Tell kwest », l'essor des ces confréries a coïncidé avec la domination coloniale, la colonisation a entrainé de profonds bouleversements sociopolitiques, culturels et religieux, les conséquences désignent la dévalorisation de la religion musulmane par la désacralisation des mosquées et la sacralisation des marabouts afin de manipuler les pouvoirs et distraire les habitants des enjeux politiques afin qu'ils s'intéressent aux différentes rituelles confrériques et forment par la suite des groupes et des communautés dont les aspirations sont différentes qui n'aboutissent jamais en union.
La forme du marabout juif est semblable à celle des marabouts musulmans mais elle présente d'autres espaces annexes, ce complexe nous rappelle celui de la « Zaouïa » musulmane où on rend visite pour l'enseignement, les offrandes et la réunion, alors que l'espace où repose le marabout juif est composé généralement d'une grande salle couverte ornementée qui abrite la tombe du saint, des autres chambres destinées à accueillir les pèlerins venus de loin, et une cour découverte qui englobe l'ensemble de l'édifice.
Le phénomène du maraboutisme qui désigne la vénération des hommes saints, le pèlerinage à leurs marabouts et le recours à leur protection est largement répandu dans la région de Matmata, le culte des saints est l'une de leurs caractéristiques culturelles la plus importante, il définit un acte quotidien pratiqué par les juifs ainsi que par les musulmans, ces deux communautés partagent le phénomène culturel et des usages communs.
La sainteté juive a des origines dans un passé lointain, quelques marabouts ont gardé les pratiques même après l'exil des juifs, plusieurs musulmans fréquentent le marabout de « tell kwest » jusqu'à nos jours, pour eux cet espace est mystérieux et possède des forces magiques, la réalité mythique des lieux de culte juif présente des caractéristiques légendaires, le marabout est toujours associé à un élément de la nature (pierres, grottes, arbres, puits ....), comme le cas du marabout de « Tell kwest », qui est associé au mythe des deux roches (lakhwat), cela permet de comprendre l'origine païenne du phénomène du maraboutisme juifs.
« Tell Kwest » : deux mots berbères, le premier désigne le mont et le deuxième désigne le nom propre de la « Kahina » comme elle est nommée par les berbères de Matmata.
« Kwest », la « Kahina », qui signifie la sorcière en arabe, est une reine guerrière berbère qui a bataillé contre les invasions islamiques en Tunisie, elle a unifié les berbères du nord de l'Afrique et elle a remporté plusieurs batailles.
Le mythe rapporte que cette « Kahina » a fréquenté un lieu mythique qui se situe à « Hafi rassou » au nord de Matmata, où se trouve une montagne mystérieuse dont elle a pratiqué ses sorcelleries.
Le mythe rapporte aussi que « kwest » est enterrée au sommet de cette montagne en cadavre sans tête, car selon la légende elle fut trahie par son amant arabe qui l'assassina et expédia sa tête momifiée au chef des armées ennemies.
Le « Tell Kwest » est un lieu légendaire qui narre le mythe de « Kwest » et celle des deux sœurs qui se sont transformées en deux grandes roches suite à la sorcellerie de cette « kahina », ces deux roches sont appelées « lakhwat », qui désigne par la langue régionale les sœurs, entre ces deux statues se trouve des petites grottes qui dégagent de l'air chaud.
La plupart des habitants de cette région déposent de l'argent à l'intérieur de ces grottes « superstitieuses » pour se protéger de la « malédiction » provoquée par « lakhwat ».
Le marabout de « Kwest » est historique, la légende raconte que les racines de cet espace reviennent à l'origine juive, les anciens habitants juifs de Matmata ont adopté maintes formes de la magie noire dans cet espace, par exemple la manipulation des esprits par « la Poupée de Vengeance », appelée aussi « Fétiche », qui se pratique dans un lieu haut, secret, et vide, c'était avant à « Tell Kwest ».
« Tell Kwest », occupe une place importante dans la mémoire collective des habitants de Matmata, cet espace continue à manifester sa gloire jusqu'à nos jours.


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