Parallèlement à la tenue du dixième congrès du mouvement d'Ennahdha, le comité politique élargi de Nidaa Tounès a organisé une rencontre de deux jours dans la ville de Tabarka. A l'issue de cette réunion, la démission de Ridha Belhadj, de son poste de président du Comité politique du Nidaa a été validée et la composition du bureau exécutif du mouvement, issue du congrès de janvier 2016, a été, de nouveau, adoptée. Par ailleurs, le bureau politique a fixé le mois de novembre 2016 comme date de la tenue du premier congrès électif du mouvement. Les députés Moncef Sellami et Zohra Driss ont officiellement repris leurs activités au sein du mouvement – après qu'ils aient gelé leur adhésion suite aux résultats du congrès de Sousse – et Sellami a été chargé de former la commission économique pour la présider et la présenter devant le comité politique. Le porte-parole de Nidaa Tounès, Abdelaziz Kotti, était absent de cette rencontre. Selon une information relayée par Mosaïque FM, le comité politique compte reconsidérer le poste du député et l'attribuer à un autre dirigeant. En dépit de leur importance, les résultats de cette rencontre n'ont pas fait sujet de grand intérêt de la part de l'opinion publique et de la scène médiatique qui étaient préoccupés par les résultats du dixième congrès d'Ennahdha. Toutefois, il serait intéressant de revenir dessus. Après la vague des démissions qu'a connue le mouvement au lendemain du congrès de Sousse, voici que ses dirigeants ou ce qui en reste, valident ses résultats. Appuyé par ceux qui avaient contesté ces mêmes résultats en suspendant leur adhésion, le clan de Hafedh Caïd Essebsi semble plus fort que jamais. Aidé, aussi, par la démission de Ridha Belhadj - une démission toujours pas expliquée par l'intéressé - le directeur exécutif de Nidaa Tounès joue, désormais, en solo au sein du Nidaa : son principal rival, Mohsen Marzouk, s'est lancé dans une autre aventure politique laissant un petit camp beaucoup moins enthousiaste que le sien, faire face au fils du président de la République. Avec la validation de la démission de Belhadj et l'acceptation de la composition du bureau exécutif du mouvement, une composition issue du controversé congrès de Sousse, il serait difficile de voir le bloc parlementaire de Nidaa Tounès réussir son pari. Un pari qui avait été, rappelons-le, annoncé par la députée Leïla Chettaoui, sur le plateau (24/7), qui avait affirmé que « dans les quelques jours à venir, le bloc parlementaire de Nidaa Tounès récupèrera sa place de premier bloc au sein de l'Assemblée des représentants du peuple ». Difficile, aujourd'hui, de croire qu'une telle promesse puisse être concrétisée surtout que lors de la dernière tentative d'élargir ce même bloc – à la validation de l'adhésion des trois députés démissionnaires de l'Union patriotique libre – une crise a éclaté au sein de la coalition des partis au pouvoir après que Slim Riahi ait décidé de suspendre la collaboration entre son parti et les trois autres formations du même Quartet. Avec cette nouvelle direction, la ligne politique de Nidaa Tounès ne risque pas de changer ce qui peut accentuer encore plus les clivages au sein de la coalition des partis au pouvoir et amener les dirigeants de l'UPL à camper sur leur décision. Toutefois et comme il est intervenu à l'éclatement de la crise, le chef du mouvement d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, pourrait, encore une fois, tenter de réconcilier toutes les parties afin que Habib Essid et son gouvernement ne soient pas lâchés alors qu'ils passent, eux aussi, par un grand moment d'instabilité et de déséquilibre.