Le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Chafik Sarsar, a annoncé que les élections municipales – initialement prévues pour la fin de l'année en cours – se tiendront finalement le 26 mars 2017. Cette date a été fixée suite à de longues discussions et préparations entre l'ISIE, le gouvernement et l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Bien qu'elle soit cruciale, cette échéance électorale n'est pas à la portée de tous les partis et pour cause ; il n'est pas évident de mettre en place des centaines de listes – sachant que chaque liste doit contenir un minimum de noms répondant proportionnellement au nombre de citoyens concernés par la municipalité en question – pour tous les acteurs de la scène politique tunisienne. Le ministre des Affaires locales, Youssef Chahed, avait expliqué que le nouveau projet de loi des collectivités locales vise à porter le nombre de municipalités à 326. Cette décision a été prise après que les dernières études aient démontré qu'environ 3,5 millions Tunisiens ne bénéficient pas de la couverture municipale : si l'on ne couvrait pas ces zones en question, ces citoyens tunisiens n'auraient pas le droit de voter. Sur le plan de la citoyenneté, la décision de Youssef Chahed ne peut qu'être bénéfique. Sur le plan partisan, cette nouvelle vient compliquer un peu plus les choses. Les partis semblent l'avoir compris et les déclarations commencent à pleuvoir. Cela a commencé avec la dirigeante d'Al Massar, Salma Baccar, qui a indiqué, dans une déclaration accordée à la radio Express FM, que son parti était en train d'étudier la possibilité d'un rapprochement avec le Front populaire et Al Jomhouri. Expliquant que cette manœuvre facilitera aux trois partis la laborieuse tâche des municipales, Salma Baccar a cependant précisé que, pour le moment, cela est resté au niveau des discussions. Interrogée sur la possibilité de voir Ettakatol intégré une telle alliance, Salma Baccar a expliqué que l'expérience de la Troïka ne peut pas être oubliée et que, de ce fait, Ettakatol ne peut pas faire partie d'une telle coalition. Depuis son large échec aux élections de 2014, Ettakatol ne cesse de tenter de se faufiler dans une coalition. En début de cette année, plusieurs ont assuré que le Courant démocratique, Ettakatol et l'Alliance démocratique étaient en train d'étudier les différentes formules qui leur permettraient d'aller vers un seul parti. Le Courant démocratique avait fini par laisser tomber une telle éventualité en préférant naviguer tout seul. Dans une déclaration radiophonique, le secrétaire-général de l'Alliance démocratique, Mohamed Hamdi, a indiqué qu'un accord a finalement été conclu avec Ettakatol et avec quelques indépendants pour former un nouveau parti politique. Et d'ajouter que la ligne politique et les compositions des bureaux, politique, exécutif et comité national ont, d'ores et déjà, été décidés. Ainsi, ceux qui se classent dans la famille démocratique commencent à réunir leurs rangs pour une meilleure efficacité en vue des municipales. Les partis de la coalition au pouvoir ne sont pas épargnés par cette obligation : le président d'Afek Tounes, Yassine Brahim, a assuré, dans une déclaration accordée à la radio nationale, que son parti était en train de chercher les meilleures alternatives de collaboration. Niant catégoriquement l'intention d'Afek Tounes de s'allier au mouvement d'Ennahdha, Brahim a préféré rester évasif quant aux détails de la prochaine alliance. Toutefois, nous nous rappelons tous du rapprochement qui a eu lieu entre le bloc d'Afek Tounes et celui d'Al Horra (Mouvement projet Tunisie de Mohsen Marzouk) à l'ARP quand les députés étaient appelés à voter le projet organisant la Banque centrale. S'il est vrai que ce rapprochement n'a plus été abordé, une source proche du MPT nous a affirmé que Marzouk et Brahim continuent les pourparlers. De son côté, et après avoir abandonné un projet de fusion avec le mouvement de Nidaa Tounes – une idée bien loin aujourd'hui après l'incident de l'adhésion de trois de ses députés démissionnaires au sein du bloc du Nidaa – le parti de l'Union patriotique libre continue, lui aussi, à chercher ses potentiels alliés. En début du mois d'avril, l'UPL et Al Moubadara, de Kamel Morjane, ont commencé à mener de sérieuses discussions sur une éventuelle fusion. L'idée a été très mal reçue par quelques analystes qui ont expliqué qu'il n'existe aucun point commun entre les deux formations pour les voir aller vers un seul parti. Alors que les discussions battaient de leur plein, l'UPL avait commis une grande erreur en recrutant l'ancienne députée à l'Assemblée nationale constituante, Samira Chaouachi, qui avait, certes, quitté Al Moubadara. Kamel Morjane et ses compagnons n'avaient pas apprécié la manœuvre de l'UPL puisqu'ils étaient en contact avec Mme Chaouachi pour la convaincre de revenir au parti. Depuis cet incident, on n'a plus entendu parler de fusion entre les deux partis... En 2011, et même en 2014, certains ont assuré qu'Ennahdha avait réussi les élections à cause de la dispersion dans les rangs des démocrates. Aujourd'hui, l'enjeu est beaucoup plus grand ; les élections municipales sont la signification même de la démocratie de proximité. Si les démocrates ne réussissent pas à se rapprocher, ils risquent de bien rater leur prochain examen ...