Météo : un week-end sous le signe du soleil    Ordre des avocats : le bâtonnier se présente comme défenseur de tous, les critiques fusent    Tunisie : Déficit commercial à 14,64 milliards de dinars à fin août 2025    Santé : une hausse de 40 dinars accordée aux jeunes médecins pour leurs gardes    L'Agence nationale pour l'emploi suspend les prolongations des contrats CIVP à partir d'octobre 2025    La Flottille de la Liberté mondiale accoste au port de Bizerte avant de mettre le cap sur Gaza    Tunisie – Tadjikistan : Nafti reçoit le nouvel ambassadeur tadjik    Rentrée scolaire, universitaire et dans les centres de formation : La souveraineté est avant tout éducative    Fitch revoit la notation de la Tunisie à la hausse, de « CCC+ » à « B‐ »    Giorgio Armani : vers une vente par étapes ou une introduction en Bourse, selon le testament    Décès de Mohamed Amouri, un illustre pionnier du tourisme tunisien    Marathon Comar: La 38e édition aura lieu le 30 novembre prochain    Kia présente sa gamme complète de VE à l'occasion de sa présence au salon IAA Mobility de Munich    Charlie Kirk assassiné : le suspect présumé arrêté, selon Donald Trump    Village SOS: cérémonie en l'honneur de 147 enfants et jeunes qui se sont distingués    Météo en Tunisie : temps nuageux, températures entre 26 et 31 degrés au nord    Le ministère de la Santé met en garde contre les risques de l'obésité et donne des conseils de prévention    Hannibal Mejbri offre un immeuble estimé à un million de dinars à SOS villages d'enfants    L'artiste Wadi Mhiri décédé à l'âge de 60 ans    JCC 2025 : ouverture des inscriptions pour la section "Cinéma du Monde" jusqu'au 10 octobre    L'INSSPA rappelle l'obligation d'autorisation pour les unités de conditionnement alimentaire    La France disposée à accompagner le nouveau plan tunisien 2026 -2030 : signatures de conventions de financement pour 54.5 millions d'euros    Exposition l'objet de Majed Zalila : Bizarre, Bizarre    Le comité de défense de Mondher Ounissi dénonce des violences à la prison de la Mornaguia    Tunisie : l'hôpital numérique étend ses services à sept nouvelles régions    Rentrée scolaire 2025-2026 : recommandations du ministère de l'Intérieur pour éviter les embouteillages    Initiative 5+5 : Le ministre de la défense revendique de nouveaux mécanismes de coopération    Flottille Soumoud : les raisons du changement de départ de Sidi Bou Saïd à Bizerte    La STB publie son premier rapport extra-financier : un engagement fort au service du développement durable et de la responsabilité sociétale    Hedi Bedhiefi : la santé et l'éducation restent les premiers secteurs recruteurs de compétences tunisiennes à l'étranger    Flottille pour Gaza : Les avocats tunisiens finalisent les démarches juridiques    Bizerte : affluence au port Cap 3000 en soutien à la Flottille Soumoud    TunisieIran : l'option risquée de Kaïs Saïed    Abdallah Laabidi : la flotille Al Soumoud n'est que du folklore    Les trois savants auxquels Abdelmajid Charfi témoigne de sa profonde reconnaissance    Skifa des Juifs : Moknine agit pour protéger un monument du XVIIe siècle    Sidi Bou Saïd : la Tunisie accélère le dossier d'inscription à l'Unesco    Tunisie Egypte : signature de plusieurs accords de coopération lors de la 18e session de la Commission mixte    Le futur champion tunisien Rami Rahmouni sur le point d'être naturalisé en Arabie Saoudite    Natation – probable naturalisation : Rahmouni, un cas à régler    Partenariat tuniso-égyptien pour élargir les opportunités dans l'agriculture, le tourisme et la technologie    Une source précieuse : Encyclopédie de Science politique    Les deux promesses de Salwa Hamrouni à Chawki Gaddes... (Album photos)    Dr Devyani Khobragade : L'Inde et la Tunisie sont deux cultures cousines, prêtes à se rapprocher    La FIFA donne raison à la Fédération tunisienne : les joueurs avertis !    Championnat arabe des équipes de tennis de table: la Tunisie participe avec six athlètes    La Tunisie décroche son billet pour le Mondial 2026    Toutes les chaînes pour suivre le match des Aigles de Carthage    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'art visuel tunisien s'invite à la Résidence de France
Publié dans Le Temps le 18 - 06 - 2016

La Résidence de France, l'historique et célèbre Dar El-Kamila, a de nouveau, et cela ne date que depuis deux à trois ans, réédité son action d'ouvrir ses jardins intra-muros, non plus seulement aux habituelles festivités du 14 Juillet, mais, à l'art, à la culture et même, une fois, à l'artisanat créateur et au design.
Cette orientation en direction du monde de la création se confirme, aujourd'hui, par l'organisation d'une exposition assez importante vouée à ce qui est considéré, pour le nombre d'artistes qui l'animent, comme un art contemporain, émergent en Tunisie. Certains vont même jusqu'à caractériser cette manifestation comme celle de l'avant-garde ! De qui ? Comment ? Par rapport à qui ?
Sans aller jusqu'à entériner ces affirmations non encore justifiées, nous lisons plutôt cette expérience comme l'expérience d'une sensibilité nouvelle d'un art actuel, d'un art pluriel qui fait sienne les conquêtes récentes des libertés d'expression et de création. L'ambiance est ainsi devenue favorable à l'annonce de certaines ruptures avec l'orientalisme, ( néo-orientalisme)... et l'affirmation de l'ancrage des arts plastiques tunisiens dans le modernisme et le post-modernisme avec des velléités de contemporanisme, inspiré par un modèle connu par tous comme son référentiel..
Il reste que nous constatons un décalage entre les arts pastiques de Tunisie et ceux qui en sont la référence. Ce décalage est à chaque fois reporté voire aggravé entre le modèle et son produit.
Beaucoup d'artistes tunisiens veulent opérer des recentrages multiples pour éliminer les décalages, combler les béances historiques, artistiques voire esthétiques entre les arts locaux de la périphérie et ceux de la mondialisation et du centre.
L'art contemporain peut-il aider à opérer la jonction entre les arts de la spécificité et ceux de la globalisation.
Effacer les décalages, les différences et les spécificités, pour atteindre ensemble ou séparément l'universalité est une tâche difficile mais possible à condition que les conditions qui entourent l'art et la production artistique soient similaires, isomorphiques un peu partout dans le monde... mais cela est une autre affaire. L'exposition d'aujourd'hui, n'est qu'une expérience parmi d'autres. Elle ne semble pas être à elle seule fondatrice d'un art de la rupture.
L'exposition en elle-même : Une intégration dans la nature (Pollen)
L'exposition, en elle-même, a été présentée par Sadika Keskès et Wadiï M'hiri, commissaires de l'exposition, comme une exposition d'avant-gardiste « qui a fait basculer le regard et la pensée vers ce mouvement de libération qui a rompu les frontières entre les disciplines artistiques et s'est détaché des supports traditionnels ». Sans discuter ces assertions nous pouvons dire que l'exposition en question n'est pas la première du genre. D'autres expositions et non des moindres, sont moins polémiques, mais, tout autant intéressantes.
Les résidents officiels des lieux Halima et François Gouyette préfèrent présenter l'exposition comme une affirmation du droit des artistes à la liberté d'expression et à la réflexion critique. Quant à nous, nous nous réservons le droit et le devoir de maintenir notre exigence de pratiquer une approche critique mais responsable sans faille de toutes les tentatives artistiques qui se développent dans notre pays et qui vaillent la peine d'être évaluées et appréciées.
L'espace qui reçoit l'exposition n'est autre que celui chargé d'histoire de la Résidence « El-Kamila » ou de la « perfection » soufflé par P. Assouline, comme traduction d'El Kamila.
Cette exposition occupe des espaces en plein air dans les jardins. Ces lieux savamment entretenus expriment un grand calme et une grande sérénité propices à la méditation et peut-être à la solitude. En fait, ces lieux font partie intégrante de l'exposition et de sa démarche. L'art peut être déployé en pleine nature sans qu'il dérange, par ses véhémences intempestives, quelquefois, l'ordre de la nature et de sa beauté.
Le catalogue « Pollen » de l'exposition nous a gratifié de très beaux textes accompagnant l'exposition et disant toute la beauté des lieux, beauté que les œuvres ne pouvaient peut être pas dire et qui pouvaient, cependant, suggérer la poésie des lieux, la magnificence d'un arbre hautain d'un bosquet touffu... un cyprès noble et droit où des palmiers « phénix » de l'antiquité, sans oublier le vert de la pelouse aux multiples nuances qui recevront dans le calme, ces œuvres mastodontes soucieuses d'expressivité et de véhémence artistique. La nature impose son ordre.
Des textes dont nous apprécions la délicatesse, ont été écrits par Hédi Kaddour, Coleste Fellous, Neïla M'hiri, Nacer Khmir, accompagné par P. Assouline en hommage à la nature.
Les œuvres de l'exposition et le contemporanisme en question, les artistes qui exposent sont Houda Ghorbel, Wadï M'hiri, Sadika Keskes, Mouna Jmel, Najet Ghrissi, Belkadhi Noutayel, B'chira Triki, Richard Conte et Meriem Bouderbala.
Les pelouses des jardins de la Résidence, la nature environnante ont accueilli les œuvres artistiques sans trop souffrir. C'est ainsi que les installations de toute sorte, les sculptures métalliques à la fonte et en tôle, les formes parallélépipèdes , les centaines de cubes en verre, les piquets en métal, les éléments en céramique ont été mis en contribution par les artistes pour déployer des œuvres en bonne et due forme sans rapport aucun avec l'éphémère ou l'informel ou même avec le fantasme. Les œuvres présentées sont liées à notre réel. Elles parlent de notre actualité, des blessures de notre terre, de notre patrimoine, des menaces de terrorisme assassin et de nos martyrs qui ont payé de leur vie. Cette exposition est contemporaine mais elle est contemporaine comme coprésence à nos préoccupations, à notre vie.
Cette exposition ne coupe pas les amarres avec notre réel avec notre monde. Au risque de ne pas plaire à nos deux commissaires, cette exposition est réellement l'exposition contemporaine que nous attendions. Elle n'a rien à voir avec l'intellectualisme esthétique, le vide du sens, la mort de l'art. Elle est en pleine problématique qui vise à ancrer l'art dans notre société et dans notre culture en passant par les procédés artistiques de la distorsion et surtout en optant pour l'utilisation poétique de la métaphore et à ce niveau, elle n'est en rupture qu'avec la médiocrité là où elle est décelée dans l'orientalisme, le néorientalisme dans le modernisme ou même dans le contemporanisme surtout celui porteur d'insignifiance.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.