Comme tous les dimanches, je suis allé m'oxygéner dans la nature, et en ce matin-là mes quatre roues m'ont poussé à aller passer un peu de temps au parc Ichkeul après m'être dégourdi les jambes aux divers souks et marchés du côté de Ras Djebel et ceux des autres petits patelins avoisinants. La matinée s'est bien déroulée, mais l'après midi a été on ne peut plus frustrante, car le beau site en question, le parc national d'Ichkeul, inscrit pourtant au patrimoine mondial, et protégé par l'UNESCO, qui pourrait être une source intarissable de revenus si le tourisme écologique y voit le jour, et que j'ai laissé en parfait état il y a quelques années, est aujourd'hui dans une situation valétudinaire. Je reconnais que la qualité de l'accueil est sympathique, et que les gardes forestiers croisés peuvent bien endosser le costume de guide, toutefois ce qui s'est imposé à mes yeux en empruntant la piste qui mène vers le sommet du mont Ichkeul est effroyable et insupportable. Je suis triste comme une porte de prison et abattu de constater que cette nature autrefois pure et angélique a été agressée, violée, dans son fief. Qu'est ce que je n'ai pas encore vu comme éléments avariant, infectant, salissant, dégradant, polluant, et contaminant cet environnement. Les bouteilles et les sachets en plastique ne se comptent pas, les emballages de tous genres (jus, biscuits, chocolats, chips...) ornent le vert dominant à tout bout de champs, les canettes de la bière locale nationale enguirlandent le paysage. J'ai même pu relever à mon grand désarroi les traces d'un feu de camp, juste au bord du sentier et découvert avec autant de stupeur que d'effarement une capsule de cartouche preuve qu'il y a des braconniers qui rôdent illégalement dans la réserve et qui transgressent la loi. Aussi, en cette après midi ‘ramadanesque', n'ai-je pas pu rater deux couples de jeunes gens le premier à pieds sorti de je ne sais où, et le second à moto prendre la direction de la colline malgré le crachin qui a ponctué cette après-midi de dimanche 19 juin, et qui m'a contraint à rebrousser chemin avant d'arriver au musée sis en haut. Je ne vous parle pas de ces constructions jouxtant le parking, celles-là mêmes qui abritaient les sources thermales, et le musée géologique. Elles sont dans un état piteux, menaçant ruine... Dommage pour les amoureux de la nature, dommage pour nos enfants, dommage pour mon pays, car ces lieux magnifiques peuvent aider à résoudre bien des problèmes, chômage compris. Cependant et avant de clore, quelques questions taraudent mon esprit. Que font encore les actuels préposés à la gestion dudit site si son entretien et son exploitation sont nuls? Que font certaines gens qui s'y abritent pour se payer un petit plaisir charnel loin des yeux, ou qui en font un vide-ordures? Comment se permet-on d'accorder un blanc-seing à certains d'y allumer du feu alors que le risque d'incendie est plus que réel? Qu'est-ce que d'autres sont en train d'apprendre à leurs rejetons ? Que va-t-on léguer à nos enfants ? Voila les questions urgentes auxquelles il faut répondre sans délai.