A l'entrée de Béja, du côté de Jendouba, depuis le mercredi 22 juin courant, un imposant mémorial aux martyrs de la patrie, dédié aux sécuritaires et aux militaires, trône désormais, majestueusement, au beau milieu du rond-point de « Ain-Elghoula ». Il force le passant à s'arrêter, par respect pour tous ceux qui sont partis un peu trop tôt, afin que le pays, jamais, n'ait à baisser la tête devant le terrorisme, tant que tous ses enfants, d'où qu'ils soient et quels qu'ils soient, soient unis comme les doigts d'une seule main, pour lutter contre l'ennemi et défendre les couleurs du drapeau. Quitte à y laisser la vie. C'est le cas, notamment, des cinq martyrs originaires de Béja, en hommage à qui le mémorial a été édifié, et qui sont tous tombés victimes du terrorisme, en accomplissant leur devoir de patriotes. Qu'ils appartiennent au corps de l'Armée, à celui de la Garde nationale, ou de la police, cela importe peu puisqu'ils étaient tous dévoués au pays, et savaient parfaitement qu'ils pouvaient mourir à chaque instant, en défendant leur patrie, se dévouant corps et âme à en préserver chaque parcelle, comme la prunelle de leurs propres yeux. Il ne faut pas les oublier. Nous citerons : Atef Jabri, Alaâ El Amri, Néji El Hammami, Mohamed Toujani, et Lotfi Aouadi, dont le profil en découpe, figure sur le socle du mémorial, avec un texte accompagnant chaque nom, précisant le lieu où est tombé le martyr, ainsi que les dates résumant sa brève existence, afin que l'anonymat et l'oubli ne viennent les enterrer une seconde fois, sous une chape de plomb, sitôt la première émotion passée. Pour dire aussi que ces noms-là, ces visages, sont porteurs chacun d'une histoire propre, et qu'elle est, à chaque fois aussi, unique et singulière. Mais il fallait y penser, et c'est « Dari Déco », un magazine de divertissement à la base, qui passe sur la chaîne El Hiwar Ettounsi chaque dimanche, qui a eu le courage, de s'atteler à la lourde tâche, de construire un monument qui soit un hommage aux martyrs de Béja, avec l'espoir que l'idée fasse des émules, et que chaque gouvernorat de la Tunisie, du nord au sud, d'est en ouest, soit doté de son mémorial aux martyrs, par fidélité, et en guise d'hommage... Ce n'était pas donné d'avance, mais lorsque l'on sait se donner les moyens de son ambition, et s'entourer de gens qui y croient dur comme fer, tout autant acquis à la noble cause, il semble qu'il soit possible, effectivement, d'abattre des montagnes. « Dari Déco », en collaboration avec le Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention, ainsi que la direction générale des travaux du ministère de la Défense, a honoré la promesse faite, un jour de novembre, il y a de cela huit mois, au père du martyr Atef Jabri, de faire quelque chose, afin que son fils ne soit pas oublié. « « Promesse tenue » nous dira Houyem Laâjimi, tout autant émue que fière, d'avoir pu, avec son équipe qui n'a pas ménagé d'efforts, en travaillant d'arrache-pied jour et nuit pour être dans les temps, et grâce aussi au soutien précieux de tous les partenaires du magazine, sans l'apport desquels tout cela n'aurait pas été possible, donner un peu de joie, à toutes ces familles éplorées, qui pourront ainsi faire leur, deuil, plus facilement, en se rencontrant ensemble, autour de ce mémorial, inauguré mercredi par le ministre de l'Intérieur. « Parce que, avec l'équipe de l'émission, -nous précisera la productrice de Dari Déco-, nous avions estimé qu'il était important, pour les familles, que le ministère de l'Intérieur ainsi que le ministère de la Défense soient de la partie, pour que l'événement ait plus de poids, et par devoir de mémoire. Parce qu'au final, ce qui nous a tenu le plus à cœur, et qui a fonctionné comme un déclic, c'est la conscience que nous avions, qu'il fallait, en tant que télévision, faire aussi œuvre citoyenne, en luttant, à notre mesure, et avec nos modestes moyens, contre le terrorisme : ce fléau qui n'aura jamais raison de notre pays, tant qu'il y aura des hommes, mais aussi des femmes, qui se battront jusqu'au bout pour le vaincre, quitte à y sacrifier leur vie. Nos militaires, nos sécuritaires constituent notre fierté ; ils se battent pour que nous n'ayons jamais à abdiquer de notre liberté, de notre dignité, et de notre souveraineté. Le moins que l'on puisse faire, c'est de ne jamais les oublier... Et je voudrais ajouter, de surcroît, que nous avons aussi, par ailleurs, construit une guérite anti-balles, 100% pur produit tunisien, équipée de caméras de surveillance à infrarouge, pour remplacer celle que l'on a dû démolir, et qui était ouverte à tous les vents, afin de servir également les vivants. C'est une création unique, et un prototype, dont pourraient se servir les différents corps sécuritaires et l'armée, pour en édifier d'autres sur tous les points sensibles du pays. De cela aussi, nous ne sommes pas peu fiers... »