Comme annoncé, la Commission chargée des concertations sur le gouvernement d'union nationale a entamé ses travaux par une première réunion tenue, hier, au Palais de Carthage Cette Commission, qui a pour mission de finaliser le document relatif aux priorités et programmes d'action du prochain gouvernement, a vu la participation de représentants de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), de l'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), de l'Union tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP) ainsi que ceux des partis de Nidaa Tounès, Ennahdha, l'Union patriotique libre, Afek Tounès, le parti «Projet de la Tunisie», le mouvement Echaâb, Al Moubadara, Al-Joumhouri et Al-Massar. Chapeautée par des conseillers auprès du président de la République, dont notamment Ridha Chelghoum et Fayçal Hefiane, et la participation des représentants des parties prenantes dont on cite les Samir Cheffi (UGTT), Riadh Mouakhar (Afek) et Ridha Saïdi (Ennahdha), la réunion s'est penchée sur les documents présentés par les organisations et les partis politiques lors de la séance de travail tenue mercredi 24 juin courant. Une source autorisée et digne de foi au sein de la présidence de la République nous indique que la Commission devrait procéder avec méthodologie à savoir l'entérinement et la classification, dans un premier temps, des propositions ayant des points et des aspects communs, et de lancer, ensuite, un débat autour des points marqués par les divergences avant de les soumettre à une réunion impliquant les premiers responsables des partis politiques et des organisations nationales pour les trancher. A noter que le mot d'ordre qui prévaut est que les propositions devraient porter sur les priorités de l'action gouvernementale à venir et sur la structuration de la future équipe gouvernementale, loin de toute personnification et tout en privilégiant l'intérêt national suprême. L'autre caractéristique de ce débat consiste à ce que tout document finalisé et faisant l'objet d'un consensus, doit être signé par les représentants des diverses parties avant de devenir un véritable engagement officiel et moral La même source ajoute qu'étant donné la précision fournie par le chef de l'Etat stipulant que la réunion de ladite Commission doit rester ouverte en permanence jusqu'à l'aboutissement à la feuille de route finale, il va de soi qu'il faudra s'attendre à une accélération des travaux et à un aboutissement assez rapide de ces concertations. Ces donnes semblent contredire les propos tenus par le secrétaire général adjoint et porte-parole officiel de la Centrale syndicale, Sami Tahri, qui avait parlé de report du délai fixé au départ évoquant la date butoir d'avant l'Aïd El Fitr, voire de plusieurs semaines. En tout état de cause et à ce stade des consultations et des divers débats, les observateurs estiment qu'en dépit des affirmations des uns et des autres, la situation n'est pas aussi simple qu'on puisse le croire et qu'il faudra s'attendre à d'éventuelles complications et autres difficultés qui peuvent surgir à tout moment, étant donné la nature de la problématique posée et, ensuite, au vu de la multiplications des parties intervenantes. En effet, il faudra tenir compte de l'évolution en dehors des travaux de la Commission en question, plus précisément chez les partis les plus influents et qui enregistrent des soubresauts, notamment Nidaa Tounès et l'Union patriotique libre En effet, Nidaa vient d'être secoué par une nouvelle crise dont les répercussions commencent à peine à apparaître. Aux appels du quatuor Boujemâa Remili, Ridha Belhaj, Khemaïs Ksila et Faouzi Mâaouia, à la mise à l'écart de Hafedh Caïd Essebsi de tout poste de responsabilité et de décision au sein du parti, Sofiène Toubel, chef du bloc de Nidaa à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), répond par des accusations trop graves. L'élu de Nidaa et très proche du fils du président de la République, tout en ménageant trois des signataires du communiqué contre HCE, affirme que toutes les nominations au sein du premier et du second gouvernement d'Essid et même celles des gouverneurs, avaient été faites par Ridha Belhaj. «Il a désigné ses amis et ses proches, conformément à ses propres intérêts», a-t-il indiqué en substance. Ces accusations portées par Sofiène Toubel semblent viser davantage le chef du gouvernement que Ridha Belhaj dans le sens où Nidaa est le parti qui en veut le plus à Habib Essid et tient à l'écarter de toute éventualité de rempiler à la tête du prochain gouvernement d'union nationale. Il s'agirait, là donc, selon les analystes, d'une accusation pernicieuse et perfide afin d'empêcher l'actuel patron de la Kasbah de garder son poste suite aux multiples déclarations faites par Houcine Abassi et de dirigeants d'Ennahdha annonçant qu'ils ne s'opposeraient pas à une reconduction d'Essid à la tête du futur cabinet gouvernemental. « Même aujourd'hui, il a intérêt à ce que Habib Essid soit à la tête du gouvernement d'union nationale, étant donné que dans ce cas de figure il continuera à désigner les personnes qui seront au pouvoir », assure encore M. Toubel qui fait carrément, un procès d'intention à Ridha Belhaj. Et comme à l'accoutumé, l'accusateur ne donne rien de concret, mais se contente de la formule habituelle et magique, à savoir qu'il « dispose de la liste nominative de toutes les personnes qui ont été désignées à des postes de pouvoir, par Ridha Belhaj », mais pour l'intérêt et le bien du pays, il ne peut pas se permettre de dévoiler cette liste, pour le moment ». Pour Sofiène Toubel, les déclarations de Ridha Belhaj ont pour but de « semer la discorde au sein du parti à travers la provocation, et de saboter l'initiative proposée par le président de la République pour la formation d'un gouvernement d'union nationale». Car, pour l'élu de Nidaa, l'objectif essentiel de l'initiative de BCE est la mise à l'écart du chef du gouvernement Habib Essid, d'où le vote à Nidaa pour lé démission de ce dernier. Pour les autres partis, il y a lieu de souligner, surtout, les complications connues par l'UPL qui souffre des démêlées du ministre du Domaine de l'Etat et des Affaires foncières avec l'ancien chef du Contentieux de l'Etat qui aurait été limogé par le chef du gouvernement, sachant que certains voient un conflit d'intérêt dans le passage de M. El Euchi à l'UPL dont le patron n'est autre que Slim Riahi, homme d'affaires Autant dire que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans ces concertations pour la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale à cause des enjeux et des intérêts que tentent de faire prévaloir les uns et les autres malgré l'insistance du président de la République quant à la nécessité de placer l'intérêt suprême de la Tunisie au dessus de toute autre considération.