La Turquie, à la limite, nous on s'en fout ! C'est un pays ami, nous respectons sa souveraineté et tout ce qui s'en suit conformément à l'adage bien connu : « Les gens de la Mecque connaissent mieux ses sentiers » ! Même du temps de l'Empire Ottoman, dont on faisait, vaguement partie, les Beys de Tunis, très jaloux de l'indépendance nationale, donnaient certes une allégeance formelle au « Sultan » d'Istanbul et attendait, à la veille des successions au trône du Bardo, le fameux « Firman » du Calife ottoman qui donnait au nouveau Bey une légitimité toute aussi formelle, mais la Turquie n'a jamais exercé un « protectorat » de fait comme ça été le cas avec la France. Le Bey en échange de cette investiture et « Baïaâ » formelle chargeait quelques navires-voiliers de présents et pièces d'or, cadeaux pour le Calife sans plus en guise de reconnaissance. Seule la guerre de Crimée, en 1854, aura coûté la vie à plusieurs de nos soldats et cadres de l'armée beylicale tombés à Sebastopole et parfois naufragés en pleine mer parce que le Bey a été solidaire de la Turquie et envoyé des contingents tunisiens pour épauler l'Empire Ottoman dans cette guerre abominable. Aujourd'hui, que la Turquie kémaliste et moderniste sombre pour faire émerger une République islamiste type «Frères musulmans» que M. Erdogan s'approprie un pouvoir sans partage en mettant au pas « son » armée, ses institutions, ses juges et sa police etc... C'est leur affaire ! Que les milices de Daëch à la limite, débarquent en Turquie pour égorger en toute impunité des soldats qui n'ont fait peut être qu'appliquer les ordres de leurs supérieurs au nom de la discipline militaire de par le monde et qui n'ont jamais su peut être qu'il s'agissait d'un coup d'Etat... c'est encore une affaire turquo-turque et à nous de nous en laver les mains et ne pas s'immiscer de près ou de loin dans cette tragédie nationale turque. Mais, là où le bât blesse, et là, où nous devons réagir pour immuniser la Tunisie contre toute atteinte à sa souveraineté, son modèle culturel, social et politique spécifique, sa jeune démocratie, civile et son identité très particulière en termes de tolérance et de modernité, c'est quand les problèmes « turques » deviennent « tuniso-tunisiens », avec des partis et des politiciens qui prennent cause et fait pour M. Erdogan et son modèle systématique de contrôle de la société turque. C'est aussi quand d'autres parties et personnalités dénoncent et condamnent la « barbarie » qui s'empare du Bosphore avec ces bourreaux de Daëch et ces milices qui ensanglantent la Turquie plurielle, non pas par des attentats terroristes mais par des actes de vengeance primaire! Notre problème avec la Turquie c'est tout simplement ces partis politiques d'obédience « islamistes » prononcée, qui comme le Bey de Tunis donnent aujourd'hui, à M. Erdogan, à son parti et à son système politique plus qu'une allégeance formelle sur la Tunisie libre et indépendante (Abada Addahr), mais, un véritable protectorat. Notre problème avec la Turquie c'est nos 10.000 jeunes écervelés, et même plus, endoctrinés par les prédicateurs « grandes gueules » de l'Orient obscurantiste et qui sont devenus la colonne vertébrale du terrorisme mondial, le plus enthousiasmé et la plus irréductible. Quand un certain ministre des Affaires étrangères, du nom de M.Taïeb Baccouche, a dénoncé du bout des lèvres, le passage de ces jihadistes « tunisiens » à travers les frotnières turques, et leur prise en charge, la levée de boucliers et autres critiques sévères de nos « islamistes » (Rabi yahdihom) ont atteint les rivages du Bosphore par leur intensité. Le ministre, courageux, disons-le, a dû se rétracter en vitesse sous la pression affirmant par la même le nouveau statut qu'on destine à la Tunisie d'être sous protectorat « Frères musulmans » et dérivés d'Orient et d'Asie mineure ! Partant de là, c'est à nous de défendre notre pays qui doit rester absolument « neutre » dans ce magma turque à l'évolution imprévisible. Ce n'est pas à nous de donner des leçons à M. Erdogan, il est bien majeur et vacciné et assumera devant l'Histoire la réussite ou l'échec de ce qu'il entreprend en ce moment, dans son pays. Mais, ce n'est pas à nous, aussi, de légitimer ce qu'il fait ou de cautionner moralement la répression sanglante qui s'opère en ce moment dans son pays. Contentons nous de cultiver notre petit jardin à quelques bons milliers de miles marins d'Istanbul, et de préserver avec l'Etat officiel turque les relations du stricte respect mutuel. Enfin, pour les partis dits « islamistes » qui ont traité de « terroristes » ceux qui n'ont pas soutenu M.Erdogan, c'est aux Tunisiens de savoir à quelle sauce ils risquent d'être « gouvernés » s'ils reviennent un jour au pouvoir avec un contrôle total de la société et de l'Etat de notre pays ! Encore une fois, et plus que jamais : L'allégeance à la Tunisie et à la Tunisie seule... c'est le combat que nous devons mener pour sauvegarder l'indépendance de notre pays et sa souveraineté jusqu'à l'éternité... Tahya... Tounès ! « We kol Dar fi kraha »... Ou à chaque maison ses locataires ! K.G