Le monde est en train de se réveiller sur un véritable cauchemar après avoir fait la «sieste» pendant des décennies, bercé par nos alliés, les stratèges de Washington qui nous ont donné l'illusion qu'ils combattaient réellement et efficacement le terrorisme depuis l'Afghanistan jusqu'en Irak. Jamais M. Kerry ou Mme Clinton en charge, avant lui du Département d'Etat, n'ont parlé auparavant de la « frontière turque » et du rôle joué par la Turquie dans cette guerre meurtrière en Syrie qui a détruit des villes entières, millénaires de civilisation et de grandes cultures comme Haleb (Alep), Hems (Homs) ou Palmyre ! Aujourd'hui, nous sommes comme frappés de stupeur, pour ne pas dire plus, d'entendre M. John Kerry, ministre américain des Affaires étrangères, annoncer au monde et texto, S.V.P : « M. Erdogan s'est bien engagé à fermer ce qui reste d'ouvert, de la frontière turquo-syrienne », façon de reconnaître que l'Armada de Daëch et du fameux Etat califal islamique est toute passée par là avec des contingents en milliers de jihadistes du monde entier, y compris du monde occidental ! Mais, le drame pour nous est ailleurs, et nous concerne directement. Maintenant, que l'aviation russe a mis le monde à nu et que M. Poutine a laissé diffuser les photos-satellites des convois de centaines de camions-citernes pétroliers de Daëch vers cette fameuse frontière, maintenant que l'EIL bat pour la première fois en retraite, parce que les frappes russes sont autrement plus convaincantes et plus douloureuses contre le terrorisme, on se demande où cette Armada de « l'Etat islamique » va-t-elle se redéployer ? Ne cherchez pas trop, la nouvelle capitale est toute désignée : Syrte, la libyenne, Syrte la ville natale de Kadhafi, en personne ! J'ai visité, pour ma part, comme beaucoup de Tunisiens, plus de vingt fois, la Libye, de Ras Jédir à El Messaaïd, à la frontière égyptienne et souvent en voiture, jusqu'au Caire, du temps de la Monarchie sous le règne des Senoussi puis du temps du Colonel feu Mouammar El Kadhafi, et j'ai pu comprendre que les villes libyennes espacées et lointaines, en apparence, sont pratiquement « collées » les unes aux autres, et qu'avec l'autoroute Tripoli-Benghazi, Syrte est à quelques heures de nos frontières. Kadhafi, d'ailleurs, l'a bien compris, le gros de ses forces, n'étaient ni à Tripoli ni à Benghazi, mais à Syrte, Derna, Tobrouk ou dans les confins subsahariens entre le Tchad, le Soudan et le Mali. Sa stratégie militaire était largement inspirée par le général conquérant arabe Okba Ibnou Nafaâ, fondateur de Kairouan, en tant que Fort-militaire, d'où cette expression bien connue chez nos propres stratèges militaires tunisiens : « Celui qui capture Kairouan... et aux portes de Tunis » ! (A méditer... quand même, parce que Ansar Achariaâ l'ont aussi compris). Par conséquent Syrte nouvelle « capitale » de Daëch avec ses ambitions régionales et planétaires, ne peut nous laisser indifférents. Certes, notre diplomatie s'acharne à faire valoir le « consensus » libyen entre les différentes fractions politiques de Tripoli et Tobrouk-Benghazi, mais même dans ce cas, il sera très difficile à un nouvel « Etat fédéral », de fait, de composer avec la « Syrte » daëchienne aussi bien côté « Fajr Libya », que côté Maréchal Haftar et tous ses alliés. Tout le monde sait qu'en Libye ce ne sont pas les politiques qui ont les cartes en main depuis la Révolution du « 17 Febraïer », mais les milices armées et Daëch est à leur tête en volume d'armement et en hommes de combat aguerris en Irak et en Syrie, maîtrisant parfaitement la guerre en milieu désertique et saharien sans compter, sa guérilla en milieu urbain. Par ailleurs, les alliances internationales, pour éviter de dire les « complicités » qui ont protégé Daëch en Syrie, le feront encore à Syrte, en Libye, d'autant plus que l'espace est grand et des « Emirats islamiques », type nouveaux, ne sont pas à écarter dans le cadre d'une redistribution des pouvoirs et d'une certaine décentralisation en Libye. Par conséquent, tôt ou tard, Syrte risque de nous rattraper, à nous d'être vigilants. Le destin de notre pays est lié à la géographie. On peut déplacer les hommes mais pas les frontières ! La nouvelle équipe sécuritaire en Tunisie a du pain sur la planche pour remettre à niveau le « Renseignement » utile et essentiel à notre immunité. Aujourd'hui, deux pôles doivent être nos priorités dans ce domaine : Istanbul et Syrte afin de suivre l'évolution de nos compatriotes embrigadés par milliers par Daëch et Jabhat Ennosra et qui seront contraints bientôt de quitter la Syrie pour prendre éventuellement les chemins de Syrte ! Les temps sont durs... très durs pour tout le monde mais a-t-on d'autres choix ! Résistons, et plus de place au laxisme et à la réaction au coup pour coup. La France depuis les derniers attentats de Paris a opéré plus de 2000 opérations d'anticipation et de descentes anti-terroristes. M. Emmanuel Vals, Premier ministre français a lui-même attiré l'attention du monde sur la menace grandissante de « Syrte » dans la région. Notre gouvernement a bien fait de boucler pour 15 jours la frontière tuniso-libyenne. Aussi bien en Tunisie qu'en France, les caches d'armes, d'explosifs et de munitions découverts en quelques semaines, ne se comptent plus... Le monde est miné de toute part par cette métastase de l'extrémisme religieux qui a pris tout le monde de court, en faisant croire aux plus naïfs d'entre nous qu'il était pacifique et inoffensif ! Et dire que cette illusion colle aux plans des stratèges impénitents comme une malédiction et ils refusent obstinément de regarder la réalité telle qu'elle est en s'enfonçant tête baissée dans l'erreur avec toutes les conséquences dramatiques pour le monde... libre ! C'est à se demander, que veulent-ils faire au juste de ce monde autour de la Méditerranée et même en Europe... ! Un tremblement de terre ! On n'en est pas loin ! En revanche, ce qui paraît de plus en plus inaccessible au monde dit civilisé, c'est une victoire décisive contre le terrorisme. K.G